Trois jours après la rébellion avortée du groupe Wagner en Russie, Moscou continue donc à jouer l’apaisement avec le groupe paramilitaire. Le ministère russe de la Défense annonce ce mardi matin l’abandon de toutes les poursuites contre les mercenaires, et le président biélorusse Alexandre Loukachenko, fidèle allié du Kremlin, déclare que cette rébellion était le résultat d’une mauvaise gestion.
RUSSIE – Des déclarations d’Alexandre Loukachenko qui surviennent alors que plusieurs médias -dont Ukraina Pravda- indiquent que le chef du groupe Wagner, Evgueni Prigojine, serait arrivé à Minsk, la capitale biélorusse. Deux avions ont en tout cas atterri tôt ce matin sur l’aéroport de Machulishchy, près de Minsk. Des avions, dont les codes d’identification sont liés au patron de Wagner : l’un en provenance de Rostov sur le Don, l’autre de Saint-Petersbourg.
Signe en tout cas qu’un accord semble bien avoir été trouvé entre M. Prigojine et le Kremlin, les services de sécurité (FSB) ont annoncé mardi l’abandon des poursuites contre Wagner pour « mutinerie armée ». Il a été établi que les participants à la mutinerie « ont mis fin à leurs actions visant directement à commettre un crime », a indiqué le FSB dans un communiqué. Compte tenu de ce fait et d’ « autres circonstances » non précisées, « l’abandon des poursuites a été décidé », a ajouté la même source.
Le ministère russe de la Défense a affirmé mardi que « des préparatifs sont en cours pour le transfert des équipements militaires lourds de Wagner aux unités actives des forces armées » régulières. Une telle mesure reviendrait à neutraliser dans les faits le groupe Wagner, dont le dirigeant affirme pourtant avoir lancé sa révolte pour « sauver » cette organisation menacée d’être absorbée par l’armée le 1er juillet.
Une séquence « douloureuse » selon Loukachenko
Après Vladimir Poutine lundi soir, le président biélorusse a estimé ce mardi que la rébellion était le résultat d’une mauvaise gestion des rivalités entre Wagner et l’armée russe qui n’ont cessé de croître ces derniers mois. Une critique implicite de M. Poutine. « La situation nous a échappé, puis nous avons pensé que cela se résoudrait, mais cela ne s’est pas résolu » a déclaré M. Loukachenko à des journalistes. « Il n’y a pas de héros dans cette histoire », a-t-il déploré, qualifiant de « douloureuse » cette séquence. « Ma position (est la suivante): si la Russie s’effondre, nous resterons sous les décombres, nous mourrons tous », a encore dit M. Loukachenko pour justifier l’aide qu’il a proposée, selon Moscou, au Kremlin, pour régler la crise avec Wagner. Le président biélorusse a également indiqué qu’il avait ordonné à son armée de se tenir « prête au combat » après l’éruption de la rébellion du groupe paramilitaire Wagner en Russie.
« J’ai donné tous les ordres pour que l’armée se tienne pleinement prête au combat », a déclaré M. Loukachenko, cité par l’agence de presse étatique Belta. Une mesure qui témoigne de l’inquiétude suscitée par la rébellion vendredi et samedi de Wagner y compris en Biélorussie, dont le président avait proposé sa médiation dans cette crise.
Maderpost / Sud quotidien.sn