La planète a franchi jeudi le cap des cinq millions de cas de nouveau coronavirus déclarés avec une situation contrastée entre la Chine prête à déclarer “victoire” sur le virus, l’Europe qui rouvre progressivement et le continent américain où le bilan ne cesse de s’alourdir.
CORONAVIRUS – Selon un comptage de l’AFP réalisé à partir de sources officielles, au moins 5 006 730 cas d’infection ont été recensés à ce jour dans le monde, parmi lesquels 328 047 décès.
Continent le plus touché avec près de 2 millions de cas, dont 169 880 mortels, l’Europe poursuit sur la voie d’une très lente normalisation.
La quasi-totalité des plages doivent être de nouveau accessibles au public jeudi en Corse tandis que Chypre rouvre ses écoles, cafés, restaurants et salons de coiffure.
En Espagne, le port du masque obligatoire dès six ans est désormais obligatoire dans tous les lieux publics quand il n’est pas possible de garder ses distances, y compris dans la rue.
Une mesure saluée par Cristina Quevedo Jorquera, professeur des écoles. “Il y aura encore des contaminations avec le masque mais sans masque, cela reviendrait à se jeter à l’eau sans savoir nager”, a expliqué la quadragénaire à l’AFP.
L’impact économique continue à se faire durement ressentir sur le Vieux Continent avec une poursuite de la contraction de l’activité dans le secteur privé en mai, mais à rythme plus faible qu’en avril, selon le cabinet Markit.
Dans un secteur du transport aérien sinistré, la compagnie britannique Easyjet a annoncé la reprise de certains vols à partir du 15 juin, essentiellement sur des trajets “intérieurs au Royaume-Uni et en France”, avec des mesures sanitaires à bord. Le géant Lufthansa a, lui, confirmé être en passe de conclure avec le gouvernement allemand un plan de sauvetage avec jusqu’à 9 milliards d’euros à la clé.
À l’autre bout du monde, les bars ont rouvert jeudi en Nouvelle-Zélande, dans la foulée des écoles et commerces.
“En général, je ne bois jamais de bière à midi, mais ça fait du bien, ça a le goût d’un retour à la normale”, a confié Jim Hall, un septuagénaire savourant une pinte de Guinness à Wellington.
“Victoire” en Chine
En Chine, où l’épidémie est officiellement apparue en décembre dans la ville de Wuhan, les 3000 députés de l’Assemblée nationale populaire (ANP) doivent se réunir à partir de vendredi pour la grand-messe annuelle du régime communiste du résident Xi Jinping.
L’occasion de célébrer la fin de l’épidémie sur le territoire même si le pays redoute une deuxième vague sur fond de résurgences du virus dans certains endroits ces dernières semaines.
La session du parlement “devrait donner l’occasion à Xi Jinping de proclamer la victoire totale dans ‘la guerre populaire’ contre le virus ”, prévoit la politologue Diana Fu, de l’Université de Toronto (Canada).
Aux États-Unis, où la pandémie continue de faire des ravages, Donald Trump a accusé mercredi Pékin d’être responsable d’une “tuerie de masse mondiale”.
Le président américain, très critiqué pour sa gestion de la crise sanitaire et qui veut coûte que coûte redémarrer l’économie de son pays à quelques mois de l’élection présidentielle, insiste néanmoins pour un retour à la normale, notamment en préconisant un G7 de visu.
Son optimisme contraste avec la situation dans son pays, le plus touché au monde en nombre de contaminations (1,55 million de cas) et de décès. L’université Johns Hopkins a annoncé mercredi soir plus de 1500 morts supplémentaires en 24 heures, ce qui porte le total à plus de 93 400, dont presque un tiers dans le seul État de New York.
“Génocide” redouté au Brésil
L’Organisation mondiale de la santé (OMS) a rappelé mercredi que la pandémie était loin d’être contenue, avec 106 000 nouveaux cas dépistés en 24 heures à travers le monde, un record.
Le Brésil est en première ligne, subissant une accélération marquée de l’épidémie avec un bilan quotidien qui vient de grimper jusqu’à 1179 décès. Mais le président d’extrême droite Jair Bolsonaro continue de minimiser la dangerosité du virus et de critiquer le confinement.
Le photographe franco-brésilien Sebastiao Salgado, 76 ans, qui a passé sa vie à immortaliser avec son objectif la condition des plus pauvres et leur environnement dégradé, craint que les peuples indigènes d’Amazonie ne subissent un “génocide” faute de soins dans le Brésil de Jair Bolsonaro.
Il a lancé une campagne pour les peuples d’Amazonie, qui a recueilli plus de 261 000 signatures, car “on risque vraiment une énorme catastrophe” avec “l’élimination d’une ethnie et de sa culture“, a-t-il dit à l’AFP.
Sous la pression du chef de l’État brésilien, le ministère de la Santé a recommandé mercredi l’usage de la chloroquine et de son dérivé, l’hydroxychloroquine, pour les patients atteints d’une forme légère de la COVID-19.
Dans l’attente d’un vaccin et d’un remède, l’emploi de cet antipaludéen et de son dérivé fait débat car leur effet contre cette maladie n’a pas été prouvé à ce jour. M. Trump a annoncé lundi prendre de l’hydroxychloroquine chaque jour à titre préventif.
Lueur d’espoir : des chercheurs ont montré que des singes vaccinés ou infectés par le nouveau coronavirus avaient développé des anticorps leur permettant d’être protégés contre une nouvelle infection.
Au Mexique, la reprise éventuelle du championnat de football a du plomb dans l’aile après que huit joueurs de l’équipe de Santos Laguna eurent testés positifs.
“Cela complique singulièrement le scénario d’une reprise”, a reconnu le propriétaire de Santos Alejandro Irarragorri sur la chaîne de télévision sportive TUDN.
Toujours dans le domaine sportif, le président du Comité international olympique (CIO) Thomas Bach a admis que les Jeux olympiques de Tokyo, repoussés d’un an à cause de l’épidémie de COVID-19, seraient annulés s’ils ne se tiennent pas en 2021.
Situation difficile aussi au Pérou, deuxième pays le plus affecté d’Amérique latine après le Brésil, avec le franchissement mercredi de la barre des 100 000 contaminations et des 3000 décès. Et au Chili, qui a dépassé les 50 000 contaminations et où des émeutes de la faim ont éclaté à Santiago.
L’Équateur, également l’un des pays les plus touchés d’Amérique latine en particulier la ville portuaire de Guayaquil qui a commencé mercredi son déconfinement, est confronté à un nouveau problème : deux tiers des détenus d’une prison du centre du pays sont contaminés.
Dans la prison d’Ambato, une ville des Andes, « 420 personnes » ont été testées positives, dont deux sont mortes, a indiqué mercredi à l’AFP un responsable de l’administration pénitentiaire.
Maderpost / Le Devoir