C’est un séisme politique qui pourrait frapper le Sénégal avec l’enquête annoncée ce dimanche 10 novembre 2024 par le procureur de la République à la suite de l’autopsie du corps de Mamadou Moustapha Ba, ancien ministre des Finances et du Budget, selon laquelle sa mort, lundi 4 novembre dernier à Paris en France à 59 ans, « n’est pas naturelle ».
NECROLOGIE – L’autopsie visant à identifier les causes du décès de Mamadou Moustapha Ba révèlent des éléments de nature à attester que la mort de l’ancien ministre des Finances et du Budget « n’est pas naturelle », a déclaré, dimanche, le procureur de la République.
« Les résultats de l’autopsie ordonnée pour déterminer les causes du décès du ministre Mamadou Moustapha Ba ont révélé plusieurs éléments qui sont de nature à attester que la mort n’est pas naturelle », a écrit le procureur de la République près le tribunal de grande instance hors classe de Dakar.
Les recherches entreprises par Maderpost indiquent qu’une autopsie peut effectivement « révéler plusieurs éléments qui suggèrent qu’une mort n’est pas naturelle, sans nécessairement en préciser immédiatement la cause exacte ».
En effet, le médecin légiste qui fait l’autopsie peut soit constater la présence de traumatisme, soit des blessures qui ne correspondent pas à des causes accidentelles, comme des marques de strangulation ou des blessures par arme pouvant indiquer une intervention extérieure et par conséquent écarter la thèse d’une mort naturelle.
Il peut aussi constater la présence de substances toxiques, soit la présence de substances chimiques inhabituelles dans le corps comme des médicaments en quantité excessive ou des poisons. Ce qui peut laisser orienter vers un empoisonnement même si la substance n’est pas identifiée immédiatement. Dans ce cas, l’enquête sollicite l’intervention d’un laboratoire pour identifier le ou les éléments.
Dans un autre cas, le légiste peut constater des indices qui orientent sur une lutte ou de la résistance. Il se repose alors sur des marques qu’il constate sur le corps, comme des éraflures ou des contusions. Dans ce cas, il peut faire cas d’une lutte et supposer une potentielle agression.
Le médecin légiste peut aussi se retrouver face à ce qui relèverait de signes physiopathologiques anormaux, comme des hémorragies internes sans cause apparente, ou encore des anomalies cardiaques dues à un choc. Ce sont là aussi des éléments qui peuvent le conduire à alerter sur des causes non naturelles.
Cela dit, si ces indices sont en mesure d’orienter le légiste vers une mort non naturelle, cela ne veut pas dire qu’il peut préciser immédiatement qu’il s’agit d’un homicide, d’un accident ou d’une cause non naturelle d’un autre type.
C’est ce qui explique la décision du procureur de la République d’ouvrir une enquête.
Cette déclaration ouvre les procédures judiciaires dont « les investigations [..] nécessitent des actes d’enquête complémentaires » par lesquelles devront commencer les enquêteurs en vue de rechercher les causes du décès de l’ancien ministre des Finances et du Budget, Mamadou Moustapha Ba.
Comme annoncé samedi par Maderpost après l’arrivée de la dépouille du ministre dans la soirée, l’enquête annoncée à la suite de l’autopsie faite ce dimanche a fait reporter la levée du corps et l’inhumation de l’ancien ministre prévues ce dimanche respectivement à 10 heures à l’hôpital militaire de Ouakam et à Nioro du Rip.
« Conformément aux dispositions de l’article 66 du code de procédure pénale, une enquête pour rechercher les causes de la mort a été ouverte et à cet effet, une autopsie a été ordonnée », dit en effet le procureur de la République
« Les renseignements reçus sur les circonstances du décès comportent des éléments qui justifient que des diligences soient menées en vue de déterminer les causes de la mort », explique le parquet.
Quels résultats livreront l’enquête qui va débuter ? Le Sénégal retient son souffle, après que le nom de l’ancien ministre des Finances et du Budget eut été cité trois fois, avec ceux d’Amadou Ba (ancien Premier ministre), Abdoulaye Daouda Diallo et Macky Sall lors d’une conférence de presse le 26 septembre 2024 par le Premier ministre Ousmane Sonko qui les avait accusés d’avoir « maquillé les chiffres » remis aux institutions de Breton Wood, procédé à un « carnage organisé » et la « gabegie » des finances publiques.
Mamadou Moustapha Ba a dirigé le ministère des Finances et du Budget, de septembre 2022 à avril 2024, après avoir exercé les fonctions de directeur général du budget pendant plusieurs années.
Maderpost