C’est un des sujets abordés cette semaine dans la presse allemande concernant l’Afrique. Il est aussi question du passé colonial allemand et d’expositions sur l’urbanité du continent.
Selon la Süddeutsche Zeitung, nombreux sont les regards qui se tournent vers la plus importante locomotive économique de l’Afrique de l’Ouest : la Côte d’Ivoire. Une nouvelle crise serait un véritable poison non seulement pour les pays voisins, souligne le journal, mais aussi pour les espoirs européens de pouvoir mettre un frein à la migration qui émane de cette région.
“Pourquoi le président Alassane Ouattara a-t-il décidé, il y a quelques semaines, de gracier 800 personnes dont l’ex-première dame Simone Gbagbo et l’ex-ministre de la Défense Moïse Lida Kouassi, sept ans après les faits?”, s’interroge la Süddeutsche Zeitung, alors que le chef de l’Etat n’avait jusqu’alors rien entrepris en faveur de la réconciliation.
Avant tout pour sauver sa coalition gouvernementale et ensuite pour échapper aux menaces de l’Union européenne, très critique vis-à-vis de sa politique inique de redistribution des richesses et de son manque d’initiative pour rassembler le pays.
La diplomatie occidentale a donc des leçons à tirer du cas ivoirien, conclut le quotidien : “arrêter la langue de bois, parler d’une seule voix et menacer de sanctions n’est pas resté sans effet. Pour que la Côte d’Ivoire redevienne un pôle d’activité économique et donc un aimant pour les migrants en recherche d’emploi, il faut contrecarrer beaucoup d’erreurs de parcours et promouvoir le dialogue politique.”
Pardon
À la fin du mois à Berlin, les ossements de victimes de la répression coloniale allemande contre les populations autochtones de Namibie doivent être restitués à des représentants des Hereros et des Namas. C’est le troisième événement de ce genre.
Mais “quand est-ce que Berlin va demander pardon?”, s’interroge le Tagesspiegel. “La grande coalition s’est engagée à effectuer un travail de mémoire sur le passé colonial de l’Allemagne, mais la mise en oeuvre est à la traine”, regrette le journal, et “chez les descendants des victimes la déception et la frustration augmentent.”
Bruyantes et brutales mais aussi culturelles et modernes
La Süddeutsche Zeitung se penche également sur deux expositions qui à Rome, en Italie, présentent l’urbanité africaine sous les titres : ‘African Metropolis – une ville imaginaire’ et ‘Le chemin de la justice – Souvenir, colère et réconciliation’.
On y voit l’ivresse de la ville, catalyseur de tous les fantasmes et de tous les espoirs. C’est ce que sont devenus des mégapoles comme Nairobi, Dakar ou Johannesburg, observe le journal qui déplore que dans les pays du Nord “on ignore encore l’aspect culturel et moderne du développement urbain sur le continent africain pour ne retenir que les images de villes montrueusement bruyantes et brutales qui alimentent la dangereuse migration vers l’Europe et l’Amérique”. Et d’ajouter que l’idée de Rome n’est pas nouvelle puisque le commissaire d’exposition nigérian Okwui Enwezor et sa collègue camerounaise Koyo Kouoh ont été les premiers à transporter l’essor des villes africaines dans les traditionnelles métropoles culturelles que sont New York, Londres et Paris
AFRO-PRESSE (HEBDOMADAIRE)