Kalidou Kassé a entamé, vendredi, au Musée des civilisations noires de Dakar, la célébration de ses quarante ans dans le métier de peintre, avec une exposition intitulée ‘’Gis gis bu bees’’ (une nouvelle vision), pour explorer de nouveaux supports.
PEINTURE -L’exposition, constituée d’une trentaine de toiles dont deux tapisseries, ouvre une perspective nouvelle pour l’artiste qui veut jeter ‘’un regard frais sur un monde éprouvé’’, affirme son directeur artistique, El Hadji Malick Ndiaye.
Kalidou Kassé explore ainsi, par la radioscopie et l’échographie, deux techniques empruntées à la médecine, pour comprendre le monde et l’être humain.
‘’C’est une nouvelle démarche que je suis en train d’explorer, je me suis investi pour changer de paradigme, car je n’aime pas trop me répéter dans mon travail’’, explique Kassé, surnommé par ‘’Le pinceau du Sahel’’ par le défunt critique d’art Iba Ndiaye Diadji.
On découvre sur ses tableaux des écritures qui renvoient aux hiéroglyphes, mais aussi des taches bleues, une couleur symbole de la sérénité et de la vérité. Elles côtoient le noir, qui fait penser au macabre.
‘’Nous faisons face à tellement de fléaux que le monde va à la dérive. Avec ses atrocités humaines, on se demande si les êtres sont normaux’’, commente Kalidou Kassé.
‘’Il est important de radiographier les têtes, de les scanner pour savoir ce qui se passe parce que nous sommes malades, on sait qu’il y a quelque chose qui nous fait mal, mais nous ne savons pas de quoi il s’agit’’, ajoute le peintre.
Il s’interroge pour l’avenir, qu’il appelle ‘’l’après-monde’’. ‘’Nous avons traversé une période sombre. Comment redéfinir notre environnement et nos rapports avec notre humanité ?’’ questionne-t-il.
Ses tableaux sont faits de nouveaux matériaux, dont le canson, la toile de jute, l’encre et l’acrylique. Il s’interroge sur l’environnement, la pollution, l’éducation des enfants, etc. Il rend hommage à son père, avec ‘’Kaddu’’, le titre d’un de ses tableaux. ‘’Je lui avais donné ma parole en lui disant que je voulais être un artiste et non un cheminot comme il le voulait. Je me suis donné les moyens d’être un artiste, mais un artiste professionnel’’, dit Kassé, qui rend aussi grâce à Dieu, dans ‘’So Allah diami’’ (Quand Dieu le veut, en pulaar), pour le destin qu’il a eu.
‘’C’est quarante ans de parcours, de travail, de réflexion et de détermination’’, résume le peintre.
El Hadji Malick Ndiaye estime que ‘’l’objectif principal de cette célébration, c’est le partage d’un bilan à mi-parcours, pour affronter le futur’’. ‘’Car, dans l’histoire de chaque artiste, il existe un temps où faire le point devient vital pour la poursuite de l’itinéraire, surtout en tant de crise’’, ajoute M. Ndiaye.
‘’Votre action place l’art au centre de la vie et porte les couleurs du Sénégal aux quatre coins du monde’’, poursuit-il, parlant de la carrière de Kassé.
Le ministre de la Culture et de la Communication, Abdoulaye Diop, a parlé de la fierté du Sénégal et de l’Afrique pour Kalidou Kassé, dont il dit ne jamais pouvoir distinguer le citoyen de l’artiste.
Kassé, selon M. Diop, fait partie de ces artistes qui se soucient de leur société, de leur communauté. ‘’Je n’ai jamais réussi à distinguer le citoyen de l’artiste. Aujourd’hui, nous célébrons l’artiste, l’homme Kalidou, le citoyen. Je suis impressionné par sa capacité à s’intéresser aux sujets les plus sensibles comme celui des enfants’’, a commenté le ministre de la Culture et de la Communication.
L’exposition ‘’Gis gis bu bees’’ se poursuivra jusqu’au 28 décembre prochain. Trois tables rondes sont prévues sur ‘’l’annulation de la dette’’, ‘’l’impact du Covid-19’’ et ‘’l’enfance’’, selon Kassé.
Maderpost/ APS
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