Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a prévenu mardi qu’Israël intensifierait ses attaques contre les dirigeants islamistes de Gaza, le Hamas, alors que les ennemis échangeaient de violents tirs qui ont tué au moins 28 personnes dans une escalade des tensions déclenchée à Jérusalem.
JERUSALEM – Les puissances mondiales ont appelé au calme et les pays musulmans ont exprimé leur indignation face à la pire flambée de violence depuis des années qui a vu le Hamas pleuvoir des roquettes sur Israël, tandis que l’Etat juif lamentait des attaques avec des avions de chasse et des hélicoptères d’attaque.
Du côté palestinien, neuf enfants faisaient partie des 26 personnes tuées dans la bande de Gaza sous blocus, et 125 personnes y auraient été blessées, dont beaucoup auraient été secourues dans les ruines fumantes des bâtiments touchés dans l’enclave surpeuplée.
Du côté israélien, des roquettes ont tué deux femmes à Ashkelon, juste au nord de Gaza, une ville côtière que le Hamas a menacé de transformer en « enfer », affirmant à un moment donné avoir tiré plus de 100 roquettes en moins de cinq minutes pour submerger les défenses aériennes.
Netanyahu a averti que les Forces de défense israéliennes intensifieraient désormais leurs attaques, qui, selon l’armée, ont visé des sites militaires et coûté la vie à au moins 17 commandants du Hamas et du Jihad islamiste.
« Depuis hier, l’armée a mené des centaines d’attaques contre le Hamas et le Jihad islamique à Gaza… et nous intensifierons encore la puissance de nos attaques », a déclaré M. Netanyahu dans une vidéo diffusée par son bureau, ajoutant que le Hamas « sera touché d’une manière qu’il ne s’attend pas ».
« Nous déplorons la mort de deux Israéliennes et je vous demande de respecter les consignes de sécurité », a ajouté M. Netanyahu, s’adressant aux Israéliens à l’issue d’une réunion de sécurité dans le sud d’Israël.
Le Hamas a déclaré avoir tiré 137 roquettes en cinq minutes mardi après-midi sur Ashkelon et ashdod, à proximité, dans le but de contrecarrer les défenses aériennes israéliennes.
L’armée israélienne a intensifié ses frappes aériennes contre des positions présumées du Hamas et du Jihad islamique à Gaza, où les autorités sanitaires affirment que 26 personnes ont été tuées dans l’échange de tirs depuis lundi, dont neuf enfants.
« Nous avons éliminé les commandants, touché de nombreuses cibles importantes et nous avons décidé d’attaquer plus fort et d’augmenter le rythme des attaques », a déclaré Netanyahu.
« Vous escaladez, nous dégénérer »
Les tensions qui couvaient depuis des semaines ont éclaté vendredi dernier lorsque la police anti-émeute israélienne a affronté de grandes foules de Palestiniens à la mosquée Al-Aqsa de Jérusalem, le dernier vendredi du mois de jeûne musulman du Ramadan.
Depuis, des affrontements nocturnes dans l’enceinte, sainte tant pour les musulmans que pour les juifs, et ailleurs à Jérusalem-Est ont fait au moins 700 blessés palestiniens.
Le Hamas avait averti lundi Israël de retirer toutes ses forces de l’enceinte de la mosquée et du quartier de Cheikh Jarrah à Jérusalem, où les expulsions imminentes de familles palestiniennes ont alimenté des manifestations de colère.
Les sirènes ont traversé Jérusalem juste après la date limite fixée lundi 15h00 GMT par le Hamas alors que les habitants de la ville, y compris les législateurs de la législature de la Knesset, s’étaient enfuis dans des bunkers pour la première fois depuis le conflit de Gaza en 2014.
Les Brigades Qassam du Hamas ont déclaré : « C’est un message que l’ennemi doit bien comprendre : si vous répondez, nous répondrons, et si vous escaladez, nous dégénérons. »
La police israélienne « en enseigne des gants »
D’importantes manifestations ont eu lieu en solidarité avec les Palestiniens dans les pays à majorité musulmane, dont la Jordanie, le Koweït, Oman, le Pakistan, la Tunisie et la Turquie.
Jérusalem s’est préparée à une plus grande partie des troubles qui ont vu des Palestiniens lancer des pierres, des bouteilles et des feux d’artifice sur des officiers israéliens en tenue anti-émeute, qui ont tiré des balles en caoutchouc, des grenades paralysantes et des gaz lacrymogènes.
« Ils ont tiré sur tout le monde, jeunes et vieux », a affirmé un Palestinien, Siraj, 24 ans, à propos des forces de sécurité israéliennes lors d’une confrontation au cours de laquelle il a été blessé par balle en caoutchouc.
Le groupe de défense des droits humains Amnesty International a accusé Israël d’avoir eu recours à une « force abusive contre des manifestants palestiniens en grande partie pacifiques », qualifiant certaines de ces mesures de « disproportionnées et illégales ».
La police israélienne n’a pas répondu à des allégations spécifiques, mais a déclaré à l’AFP : « Nous ne permettrons pas de troubler l’ordre tout en nuise au tissu de la vie, en incitant à nuire aux forces de police et la violence contre les policiers et les civils. »
Le commissaire de police Kobi Shabtai a déclaré lundi à la chaîne israélienne N12 qu’à Jérusalem ces derniers jours, « nous avons fait preuve de trop de retenue. Nous en sommes au stade de l’enlever des gants ».
Maderpost /France24