Celui qu’on surnommait l’inamovible Directeur général vient de faire ses adieux à la société des Industries Chimiques du Sénégal. Au terme d’une carrière de 32 ans, marquée par un flot de tumultes, Alassane DIALLO l’inconditionnel des Indiens de IFFCO à INDORAMA a fait ce lundi 30 décembre ses cartons.
SENEGAL-ICS – La trajectoire d’Alassane DIALLO entamée sous les habits de lumière avant de basculer sous l’éteignoir des Indiens s’arrête à compter de ce lundi. Alassane comme on l’appelle affectueusement, surnommé aussi Homme lige des Indiens qui font la pluie et le beau temps a fait ses cartons. En trente-deux ans, il a vu passer successivement feu Pierre Babacar KAMA fondateur des ICS, Djibril NGOM et Ousmane NDIAYE.
L’ex-secrétaire général qui sait cacher son jeu, a ciré le fauteuil de DG qu’il a occupé de 2005 à fin 2024. Avant lui, aucun sénégalais n’a eu le privilège d’être aussi merveilleusement traité par le conseil d’administration dont les pouvoirs sont dévolus depuis 2007 aux Indiens. Il se prévaut d’une aptitude qui a facilitée, tour à tour, la restructuration du capital des ICS avec le groupe ARCHEAN. En 2007 et le holding INDORAMA. *Fortunes diverses*.
En 2007, la société des ICS a été placée en règlement préventif pour une dette de deux- cent cinquante milliards FCFA. N’eût été le juge Demba KANDJI qui a résisté aux pressions pour la liquidation, les Industries Chimiques du Sénégal seraient aux cimetières des entreprises qui ont péri, au cours de la décennie 80, dans le cadre d’une prétendue nouvelle politique industrielle.
En l’an 2000, alors que la société des ICS était notoirement respectée pour ses performances, l’avènement des libéraux au pouvoir enclencha un processus destructeur consistant, d’une part à démettre Pierre Babacar KAMA, et d’autre part asseoir un schéma de balkanisation de l’entreprise au profit de certains « affairistes ». Cette tentative de faire main basse (un hold-up) sur ce qui était considèré comme le fleuron de l’industrie sénégalaise, finit par créer une crise financière insoutenable. Une situation surprenante pour une société dont les unités produisaient à plein régime. Dans ce contexte tendu, le régime libéral du Président Abdoulaye WADE dont Macky SALL était le Premier Ministre, tenta une opération de survie avec le groupe ARCHEAN. M. Annandam, le missi dominici du groupe, se charge du dossier et déroule à grosses turbines un plan dont l’aboutissement s’est traduit par l’exacerbation de la situation malheureuse des ICS. Mais puisque les Indiens n’entendaient pas se priver de la bonne qualité d’acide phosphorique produit par les ICS, ils ont joué intelligemment avec le ministre de l’industrie, en l’occurrence M. Ali Ngouye NDIAYE, pour faire remplacer ARCHEAN, en 2014, par la multinationale INDORAMA. Ainsi, une nouvelle restructuration fût effectuée à hauteur de 44 milliards FCFA pour une société dont les investissements (doublement du site de production d’acides à Darou et panneau minier de Tobène) étaient amortis.
Réputé riche, INDORAMA, le repreneur, s’est très rapidement lancé dans un programme d’investissements qui réhabilite les ateliers et fort bien accru les productions de phosphates et d’acide phosphorique. En l’espace de six ans, INDORAMA a multiplié le profit de la société dont le dernier bilan, avant 2024, est créditeur de plus de dix milliards FCFA.
Cependant, cette réussite a été obtenue au grand malheur des populations environnantes qui ont ferraillé durement pour le respect de leurs droits en matière de responsabilité sociale d’entreprise. Au finish, INDORAMA s’en est acquitté à hauteur de sept milliards FCFA avec l’arbitrage soutenu de M. Mamadou Oumar BALDÉ, alors gouverneur de la région de Thiès. Dans la même veine, les travailleurs ont aussi obtenu gain de cause grâce à la perspicacité de leur inter-syndicale.
Quid alors des redevances minières et fiscales, plus de cent milliards FCFA dues à l’État du Sénégal qui semble avoir du mal à se faire entendre. A coup sûr, la ténacité des autorités de la République du Sénégal arrivera à bout du dilatoire et de la résistance du groupe INDORAMA.
Voilà sommairement retracé l’itinéraire des industries chimiques du Sénégal sous la direction de Alassane DIALLO dont on dit qu’il a servi plus les Indiens que le Sénégal. Il est donc fort possible que ses amis le lui rendent bien, en le recyclant pour d’autres missions.
Maderpost / ConfidentielAfrique