Depuis la sortie de la police sur l’identité des civils armés qui opéraient durant les manifestations, le débat sur la question ne faiblit pas. À l’instar de certains concitoyens, des membres de la société civile semblent douter de la version de la police nationale.
MANIFESTATIONS – La police a fait une déclaration hier pour faire le point sur les manifestations qui ont eu lieu durant la semaine dernière. Renforçant la thèse de la présence de forces occultes avancée par son ministre de tutelle, elle a présenté les hommes armés dont les agissements son immortalisés dans des vidéos circulant sur les réseaux sociaux, comme faisant partie de ces forces étrangères. Mais, du côté de la société civile, ce discours a du mal à convaincre certains acteurs.
«La police peut-elle dire si les forces étrangères ou occultes dont elle a fait mention dans sa conférence de presse sont ces hommes en tenues civiles qui paradent en véhicules pick-up blancs sans qu’elle ne procède à leur arrestation. Ou encore ces hommes en tenues civiles qui étaient à bord du véhicule pick-up qui a heurté et tué le livreur Gora Diop au Parcelles Assainies au mois de mars 2023 ?», demande Seydi Gassama.
Le patron d’Amnesty International Sénégal estime que la coupure de l’internet mobile et les restrictions d’accès aux réseaux sociaux «n’ont qu’un seul but : empêcher les citoyens de filmer et de partager les exactions que pourraient commettre les forces de défense et de sécurité et ces civils à bord de véhicules pick-up.»
De son côté, Birahim Seck a préféré interpeller le ministre de l’Intérieur au sujet de ces hommes armés, en civil, qui opèrent au vu et au su des forces de défense et de sécurité. «M. le Ministre de l’intérieur le 4 mars 2021, nous vous avions adressé une demande d’éclairage sur l’identité des personnes armées de bâtons intervenus sur le théâtre d’opération de la police nationale. Aviez-vous ouvert une enquête car, jusque-là, pas de réponse», déclare-t-il.
Hier nuit, en parlant de ces hommes armés lors de sa déclaration de presse, la police avait déclaré qu’il s’agit d’armes de guerre, détenues parfois par des profanes, mais aussi par des personnes rompues à la tâche. «C’est suffisamment révélateur de ce qui a été dit par le Directeur de la sécurité publique qui atteste de la présence de personnes qui sont mues par des intérêts autres que l’expression des opinions», a indiqué le Commissaire Mouhamed Gueye, porte-parole de la police nationale.
Maderpost / Igfm