La guerre est désormais totale. Jeudi dernier, la majorité démocrate à la Chambre a voté pour formaliser la procédure d’impeachment qui vise Donald Trump. Tout va s’accélérer, avec des auditions publiques au Congrès des témoins de son appel au président ukrainien, et un vote solennel sur l’impeachment qui pourrait avoir lieu d’ici à la fin de l’année, avant un éventuel procès au Sénat. A un an de l’élection du 3 novembre 2020, voici les trois scénarios possibles pour le locataire de la Maison Blanche.
La Chambre vote l’impeachment mais il n’est pas destitué (probabilité : 80 %)
Tous les démocrates sauf deux ont serré les rangs. “Ils estiment que Donald Trump a sollicité l’aide d’une puissance étrangère pour son gain politique personnel”, explique Chris Edelson, professeur de sciences politiques à l’université de Washington. “A ce stade avancé, ils n’ont plus le choix, la défense des institutions passe par un impeachment.”
En revanche, au Sénat, les républicains ont la majorité, et il faut deux tiers des élus (67 sénateurs) pour condamner et destituer un président, ce qui ne s’est jamais produit. Quelques défections, comme Mitt Romney, sont possibles, mais Donald Trump reste très populaire dans l’électorat conservateur. Tout traître serait aussitôt puni et risquerait de perdre son siège en devant passer par une primaire face à un républicain fidèle.
Un impeachment “ne changerait sans doute pas la popularité de Trump chez les démocrates et les républicains”, estime Chris Edelson. Mais des auditions publiques de témoins au cours des prochaines semaines pourraient l’affaiblir dans l’électorat indépendant et favoriser un candidat antisystème comme Elizabeth Warren ou Bernie Sanders.
Il échappe à l’impeachment (probabilité : 15 %)
Si Nancy Pelosi a longtemps hésité, c’est parce que l’impeachment est bien plus populaire en Californie ou à New York que dans le Wisconsin ou l’Ohio.
Des élus démocrates fragiles pourraient donc se défiler au dernier moment, estimant que la demande de Donald Trump au président ukrainien n’atteint pas le niveau d’un “crime majeur” – un concept que les pères fondateurs ont volontairement laissé à l’appréciation de chaque élu.
Le commandant en chef des Etats-Unis pourrait alors crier victoire et, si l’économie américaine ne s’enrhume pas, se présenter en position de force l’an prochain. Dans un duel serré, les démocrates pourraient se tourner vers un centriste capable de gagner au Midwest comme Joe Biden ou Pete Buttigieg.
Il est destitué (probabilité : 5 %)
On arrive en terrain inconnu. Aucun président n’a été destitué dans l’histoire américaine – Richard Nixon avait démissionné avant pour sauver la face. La seule référence est le sort des juges, qui peuvent être démis de leurs fonctions par le Sénat.
Mais une destitution, qui est un processus politique, n’est pas synonyme d’inéligibilité. Donald Trump pourrait donc se représenter, à moins que le Sénat le lui interdise via un second vote. Ce scénario digne de House of Cards donnerait sans doute lieu à une bataille entre Mike Pence et un républicain dissident comme John Kasich. L’hiver s’annonce sport.
Source : Philippe BERRY/20minutes