Il y a quelques jours, une note des services de l’État avait dévoilé une hausse préoccupante des atteintes à la laïcité dans les établissements scolaires.
INTERNATIONAL – «Les abayas, les qamis, c’est oui ou c’est non?» Cette question, le Snpden, principal syndicat de personnels de direction de l’Éducation nationale, n’était pas seul à se la poser, tant le port de ces tenues dans les établissements scolaires s’est multiplié ces derniers mois. Ce dimanche soir, au JT de TF1, Gabriel Attal, nommé ministre de l’Éducation nationale en juillet, y a apporté une réponse : c’est non. «J’ai décidé qu’on ne pourrait plus porter l’abaya à l’école», a déclaré l’homme politique.
Cette annonce devrait satisfaire le Snpden et le Snalc, syndicat de personnels de l’Éducation nationale, qui plaidaient tous deux pour que le ministère tranche dans un sens ou dans l’autre, afin que la responsabilité d’accepter ou de refuser les abayas et les qamis ne repose plus sur les enseignants et les personnels de direction des établissements.
De son côté, Sophie Vénétitay, secrétaire générale du Snes-FSU, premier syndicat du secondaire, a salué cette évolution, soulignant néanmoins l’importance du «dialogue» avec les élèves concernés et de «l’appui» aux établissements scolaires. «Si cela se fait en bonne intelligence, dans le dialogue, sans conduire à des situations de tension et d’exclusion, c’est la meilleure situation possible», a-t-elle estimé auprès du Figaro.
«Nous allons faire bloc»
Cette annonce survient quelques jours après la publication, dans Le Figaro ainsi que dans d’autres médias, des conclusions d’une note des services de l’État révélant une explosion des atteintes à la laïcité à l’école. 4710 signalements ont ainsi été effectués lors de l’année scolaire 2022-2023, contre 2167 en 2021-2022.
Parmi ces atteintes, celles liées au port de signes et de tenues connaissent une hausse particulièrement importante. De septembre à novembre 2021, 91 signalements pour port de signes et tenues étaient remontés au ministère, soit 14% des atteintes à la laïcité sur la période ; d’avril à juillet 2023, ce sont désormais 923 signalements qui étaient relevés, soit 49% des atteintes à la laïcité.
Lors de son discours devant les recteurs réunis en Sorbonne, jeudi 24 août, Gabriel Attal avait abordé ce sujet brûlant de la laïcité à l’école, promettant la «fermeté». «Notre école est testée. Ces derniers mois, nous le savons, les tenues religieuses comme les abayas ou les qamis ont fait leur apparition dans certains établissements. […] Nous devons faire bloc. Et nous allons faire bloc», avait-il déclaré.
Le bac (encore) modifié
Dans la même interview, Gabriel Attal a également confirmé que les épreuves de spécialité, qui comptent pour 32% du résultat final du baccalauréat, allaient être décalées du mois de mars au juin. Ce repositionnement avait été annoncé plus tôt dans la soirée par l’AFP et Le Parisien avant d’être confirmé au Figaro.
Ces deux épreuves de spécialité, créées par la réforme du baccalauréat conçue par l’ancien ministre Jean-Michel Blanquer, n’ont jamais eu lieu deux fois à la même époque, principalement en raison de la pandémie de Covid-19. En 2021, elles avaient été annulées et remplacées par du contrôle continu. En 2022, elles s’étaient déroulées mi-mai. En 2023, elles avaient donc eu lieu en mars, comme prévu initialement dans la réforme.
L’annonce du repositionnement des épreuves de spécialité en juin a été globalement bien accueillie par la communauté éducative. Sophie Vénétitay, la secrétaire générale du Snes-FSU, premier syndicat du secondaire, a ainsi salué auprès du Figaro «une annonce qui va dans le bon sens, qui va desserrer l’étau du calendrier et de soulager les collègues». «C’est une bonne décision», a quant à lui estimé Jean-Rémi Girard, président du Snalc.
Enfin, Gabriel Attal a évoqué la question des fournitures scolaires. «On vit une période d’inflation très dure pour beaucoup de Français. On a revalorisé l’allocation de rentrée scolaire. Mais ce qui m’importe, c’est aussi les classes moyennes. Je veux qu’on trouve des solutions. Je veux qu’on simplifie le plus possible la liste des fournitures demandées aux élèves. Je veux qu’on trouve une solution où les familles sont seules face à la loi du marché, une organisation où les familles pourront acheter des fournitures avec l’Éducation nationale pour obtenir un prix de gros», a déclaré le ministre.
Maderpost / Le Figaro