La nomination houleuse au Gabon du Sénégalais Ousmane Cissé, ancien directeur général adjoint de Label TV à Libreville en tant que Directeur Général de la Société d’énergie et d’eau (SEEG) risque de réveiller une vague de xénophobie.
GABON – Le Gabon enregistre depuis la nomination de l’ancien DGA de Mactar Sylla mais également de la RTS et la 2STV par le chef de l’Etat gabonais une onde de choc qui ne cesse de grossir dans les rangs des syndicats et de la Société civile.
Une lettre signée « Le Russe, le Citoyen concerné » demande au Président Ali Bongo Ondimba la « reconsidération de la nomination de M. Ousmane Cissé en tant que Directeur Général de la SEEG ».
« Je vous écris avec une préoccupation profonde concernant la récente nomination de M. Ousmane Cissé à la tête de la Société d’Énergie et d’Eau du Gabon (SEEG).
Cette préoccupation ne repose pas sur une remise en question des compétences ou de l’expérience de M. Cissé. Cependant, la position stratégique qu’occupe la SEEG nécessite une compréhension profonde des enjeux spécifiques à notre nation.
C’est pourquoi la nomination d’un étranger à un tel poste pourrait porter atteinte à la sécurité et à la souveraineté de notre pays », écrit le « Russe ».
« Il est important de préciser que cette position n’est pas anti-étrangers. Nous reconnaissons et apprécions pleinement l’importance de la contribution des compétences étrangères à notre développement. Cependant, nous pensons qu’il est crucial de maintenir le contrôle national sur des responsabilités aussi stratégiques. », poursuit le « Russe ».
« Pour illustrer ce point, prenons l’exemple d’un citoyen gabonais au Sénégal qui s’est vu fermer sa ferme au motif qu’il n’était pas Sénégalais. Si un citoyen gabonais n’a pas le droit de diriger une ferme au Sénégal, pourquoi un citoyen sénégalais aurait-il le droit de diriger une institution aussi essentielle et sensible que la SEEG au Gabon? », se demande le Russe.
« Entre la gestion d’une ferme d’élevage de poules et la direction de la SEEG, il est clair que la deuxième activité nécessite une réflexion approfondie et prudente en termes de sécurité, de contrôle et de souveraineté nationale.
Votre Excellence, je vous prie de reconsidérer cette nomination. Il serait plus judicieux d’attribuer la direction de la SEEG à un responsable expérimenté et qualifié de nationalité gabonaise. Cette démarche renforcerait la confiance du public en la gestion de notre infrastructure essentielle et assurerait la sécurité de nos ressources vitales. »
Côté Syndicat, le SYNTEE a « convié l’ensemble de ses adhérents, sympathisants, et tous les agents de la SEEG à une Assemblée générale extraordinaire » ce jeudi 25 mai à Libreville.
Ordre du jour : « la nomination du nouveau directeur général ; la situation de l’entreprise ; les impayés du FGIS et les impayés de l’Etat ».
M. Geoffroy Foumboula Likeba, porte-parole de COPIL CITOYEN « s’oppose » dans une lettre adressée mercredi 24 mai au ministre de l’Energie et des Ressources hydraulique à la nomination du Sénégalais au poste de DG de la SEEG.
« L’article 1, alinéa 7 de notre Constitution dispose ‘chaque citoyen a le devoir de travailler et le droit d’obtenir un emploi’. »
Fort de ce qui précède, nous constatons pour le regretter que la SEEG, société dont les actions sont détenues en majorité par le Gabon à travers le Fonds gabonais d’investissement stratégique (FGIS) géré par Akim Mohamed Douada, vient de procéder à la nomination du Sénégalais Ousmane Cissé, ancien directeur administratif et financier de la Société nationale de radiodiffisusion télévision sénégalaise, ancien directeur général de la chaîne privée sénégalaise 2STV au Sénégal, ancien directeur général de la chaine Label TV au Gabon (Tombée en faillite), chaîne créée par son compatriote au Gabon MAct Sylla et avant cette nomination à la tête de la SEEG, directeur de la conformité, de l’audit et du risque de notre Fonds gabonais de l’investissement. »
Pour le porte-parole de COPIL CITOYEN la nomination de M. Cissé ne s’y prête d’autant pas que son profil « démontre à suffisance qu’il n’a aucune expérience dans la gestion d’une entreprise du secteur sensible comme celui de l’eau et de l’électricité si ce n’est dans celui de la télévision ».
Le COPIL CITOYEN, plateforme de la société civile gabonaise « marque sa totale indignation » envers le Président Bongo, le FGIS et l’ensemble de son gouvernement « surtout dans un contexte où au même moment au Sénégal », leur « compatriote Gervais Ango, entrepreneur est empêché par des patrons et concurrents sénégalais de mener son activité économique, poussant ce dernier à leur vendre son investissement sous peine de faillite ».
COPIL Citoyen d’enfoncer le clou en disant que « cette situation » de leur compatriote est « bien connue » du gouvernement gabonais qui « demeure muet à ce jour ».
Dans le Code du travail gabonais 2021, la Loi N°022/2021 du 19 novembre 2021 évoque en son chapitre 4 « De l’emploi des travailleurs étrangers » article 137 : « A l’embauche, à compétence égale, priorité est accordée aux nationaux. L’emploi de la main d’œuvre étrangère doit pouvoir répondre à des compétences non disponibles sur le marché.
Les critères de compétence entrant dans l’appréciation doivent notamment tenir compte, selon le secteur d’activité : des clauses de mobilité dans les groupes de sociétés ; du savoir‐faire technique et de l’expertise requise pour l’emploi postulé ; des besoins en main d’œuvre dans les domaines de développement du pays. Les quotas d’emploi de la main‐d’œuvre étrangère ainsi que les frais de dossier et leur affectation sont fixés par décret sur proposition du Ministre chargé du Travail.
Maderpost