Ce mardi 28 mai, trois pays européens, l’Espagne, l’Irlande et la Norvège, ont officiellement reconnu l’État de Palestine. En France, cette question agite la classe politique depuis de nombreuses années et plus encore depuis l’attaque de membres du Hamas en Israël le 7 octobre. De gauche à droite, en passant la majorité présidentielle, l’opportunité de reconnaître la Palestine divise.
PALESTINE – Globalement, une position rassemble toutes les forces politiques : la solution à deux États, position historique de la France depuis 1948 et la création d’Israël. Toutefois, de réelles différences existent sur la question palestinienne : quand et pourquoi reconnaître la Palestine ?
Les macronistes divisés
Emmanuel Macron dit n’avoir « aucun tabou » sur une reconnaissance. Avec un peu d’ambiguïté, il estime cependant qu’elle doit intervenir dans « un moment utile ».
Interrogé mardi par la presse lors de sa visite d’État en Allemagne, le président français a fixé, sans trop de détails, « la reprise d’un processus de paix, un cessez-le-feu et une réforme de l’Autorité palestinienne » pour y parvenir. Il a notamment déclaré ne pas vouloir réaliser « une reconnaissance d’émotion ».
Au sein de la majorité présidentielle, tout le monde n’est pas sur la même ligne. Dans la presse récemment, l’ancien ministre des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, juge la reconnaissance de la Palestine « indispensable ». Quant à l’eurodéputé Bernard Guetta, le numéro 2 de la liste macroniste aux élections européennes « Besoin d’Europe », se prononce en faveur d’une reconnaissance rapide de la Palestine. Un moyen, selon lui, « d’accélérer » une reprise des négociations entre Israéliens et Palestiniens.
La gauche unie sur la question palestinienne
À gauche, la position est constante depuis 1948. Le Parti socialiste, dont est également issu le Premier ministre espagnol Pedro Sánchez, réaffirme sa position totalement alignée sur celle de Madrid. Les écologistes, eux aussi, appellent à une rupture urgente de l’action diplomatique française.
Du côté de la France insoumise (LFI), la question du Proche-Orient est un sujet central. Leur dirigeant, Jean-Luc Mélenchon, voit dans la reconnaissance de la Palestine, « un moyen de pression » pour qu’Israël cesse ses opérations à Gaza. La candidate aux européennes, Rima Hassan, apporte, elle, une nuance au sein des Insoumis : elle plaide pour une solution à un État binational.
Les Insoumis font néanmoins régulièrement polémique. Leurs adversaires leur reprochent de faire du clientélisme électoral, voire d’être antisémites et pro-Hamas.
Pour la droite et l’extrême droite, reconnaître la Palestine maintenant reviendrait à donner raison au Hamas
Depuis le 7 octobre, le Rassemblement national (RN) se pose en défenseur d’Israël, en rupture avec un passé pas si lointain. Plus classique, la lutte contre l’islamisme reste l’axe majeur de son programme politique.
Résultat : Marine Le Pen, la cheffe des députés RN, défend la solution à deux États, mais pas la reconnaissance d’un « État Hamas » ou d’un « État terroriste », ce qui relèverait, selon elle, de la « faute politique ». Sur ce point, le RN est parfaitement aligné sur le parti Les Républicains.
En 2014, le Parlement français a voté une résolution pour demander la reconnaissance de la Palestine. Un texte non contraignant et voté, à l’époque, par une majorité socialiste. Le président d’alors, François Hollande, socialiste également, n’a jamais franchi le Rubicon, bien qu’il s’y fut pourtant engagé.
Depuis mardi 28 mai, 146 pays dans le monde, dont l’Espagne, l’Irlande et la Norvège, sur 193, reconnaissent l’État de Palestine.
Maderpost / Rfi