La Gambienne, Fatou Bensouda, procureure sortante de la Cour pénale internationale, a estimé samedi à Dakar avoir fait un mandat ‘’assez positif’’ de neuf ans au sein de cette judiriction internationale.
CPI – “Le suis à la fin de mon mandat, un procureur est élu pour un mandat de neuf ans, j’ai été élu en 2012 jusqu’en 2021, dans quelques jours, ce sera fini. Je pense que j’ai fait un bilan assez positif au regard de tout le travail accompli. Il y a eu vraiment des succès, des défis aussi et des challenges’’, a dit la procureure.
Bensouda a été élevée, vendredi, au rang de Commandeur dans l’ordre nationale du lion par le chef de l’Etat sénégalais Macky Sall, a assuré avoir élevé le niveau de la CPI.
‘’Je pense que le niveau où j’ai trouvé la CPI est aujourd’hui beaucoup plus élevé et je remercie tout le monde, les Etats-parties, l’Afrique et surtout le Sénégal pour le soutien que j’ai eu pendant mon mandat’’, a-t-elle souligné au cours d’une conférence de presse.
Il fallait beaucoup de de dévouement et de motivation pour mener à bien un travail pas facile de procureur à la CPI, a fait remarquer la magistrate gambienne, en rappelant que la coopération est importante dans cette mission, en plus d’avoir la posture d’un diplomate pour mener à bien les enquêtes dans les différents pays.
‘’Dans les défis, le plus dur est relatif aux témoins parce que nous avons la responsabilité de sécuriser les témoins. On a vu dans l’exemple du Kenya, les témoins ont été retrouvés et détournés contre la cour ce qui a entrainé l’abandon de ce dossier, même pour le président Uhuru Kenyatta accusé de crimes contre l’humanité après l’élection présidentielle de 2007 qui avait fait 1300 morts’’, a -t-elle par exemple regretté.
‘’Tout est fait dans la négociation, car on n’a pas de pouvoir d’oppression. On négocie toujours avec le pays pour les mandats. Si on ouvre une enquête, on va voir avec qui travailler dans le pays concerné. (…) parfois on n’a point besoin d’assistance, on vient mener nos enquêtes normalement. Le travail est très difficile’’, a-t-elle reconnu.
La magistrate gambienne dit être guidée par ‘’la transparence’’ durant tout son mandat qui prend fin le 14 juin prochain.
Au sujet du dossier relatif à la crise ivoirienne, la procureure sortante de la CPI déclaré ne pas avoir de regret, après l’acquittement de l’acquittement de Laurent Gbagbo ancien président de la Côte d’Ivoire et de Blé Goudé son co-détenu à la CPI.
‘’Je ne faisais que mon travail en tant que procureure dans l’affaire Laurent Gbagbo et Blé Goudé, je n’avais rien de personnel dans ce dossier, c’était mon travail, un sacerdoce à remplir. On a eu beaucoup de difficultés à présenter les preuves et quand on a terminé, les juges les ont jugés insuffisantes’’, fait valoir Mme Bensouda.
Elle estime n’avoir attaqué personne sur cette affaire. ‘’Je faisais mon travail, je suis procureur, si je juge que la loi n’a pas été bien dite, j’ai saisi la chambre la plus élevée sur la base des aspects juridiques qui m’ont pas convaincue’’, a-t-elle dit soulignant qu’elle a une ‘’responsabilité en tant que la procureure de laisser une jurisprudence”.
Elle dit que les choses ont été très ‘’complexes’’ sur cette affaire car trois juges sur deux n’étaient pas d’accord sur les preuves présentées. ‘’Je respecte leur décision, j’ai fait mon travail, je n’ai rien contre Gbagbo et pas de regret’’, a-t-elle insisté.
La magistrate est également revenue sur les sanctions infligées contre sa personne par l’administration de l’ancien président américain Donald Trump.
‘’C’était très dur, on a confisqué mon visa. L’administration Trump nous a fatigués, on avait beaucoup de soucis, mais cela n’a pas empêché de faire mon travail. Aujourd’hui, Dieu merci, la nouvelle administration Joe Biden estime que ces sanctions n’avaient pas de sens qu’un procureur qui fait son travail soit puni”.
‘’Certains propagent l’information selon laquelle la CPI n’instruit qu’en Afrique, je précise que d’autres pays comme la Colombie, la Palestine, le Venezuela, les Philippines, la Tunisie, l’Afghanistan, Georgi, Ukraine, etc’’, s’est-elle défendue.
Elle a rappelé que la première responsabilité de la résolution des crimes contre l’humanité revient aux Etats en premier lieu avant intervention de la CPI.
Maderpost / Aps