CHRONIQUE – La bataille pour la présidentielle 2019 a démarré, au propre comme au figuré, avec d’un côté, un président sortant dont il se dit qu’il ne ménagera aucun effort pour sa réélection, – assertion ou affabulation à laquelle je crois avec force. De l’autre, une opposition politiste à souhait, anesthésiée par ses piges carcérales, mais fort heureusement enrichie et ce n’est pas pour déplaire de nouvelles unités dissonantes avec les arrivées dans le marigot politique, notamment de l’ancien patron des gabelous, Boubacar Camara, l’architecte Pierre Goudiaby Atepa dont beaucoup se demandent qu’est-ce qu’il vient patauger dans ces eaux troubles et l’ancien Premier ministre de Me Wade, M. Hadjibou Soumaré qui se découvre un destin présidentiel vengeur après avoir avalé des couleuvres communautaires que lui aurait fait passer non sans supplice le président sortant.
D’aucuns y verront là une affirmation gratuite. Très bien ! Il suffit de l’ouvrir grande et entendre le ministre porte-parole de la Présidence, le philosophe El Hamidou Kassé dire sur la 7TV tout le bien qu’il pense de MM Soumaré et Camara et en particulier du premier pour se faire un culte et entériner la thèse des relations exécrables entre le Président Macky Sall et son successeur à la primature en 2007.
Il n’y aurait pas de ressentiment, voire d’irrespect entre ces messieurs, que l’on ne dirait pas d’une candidature à la plus haute station d’une République qu’elle est dépourvue de conviction profonde et d’ambition réelle pour le Sénégal. Ainsi vu par ailleurs, pour lâcher le mot dans la maison marron beige, Soumaré et Camara seraient les yoyos de l’absent le plus présent du territoire, M. Karim Wade qui leur aurait demandé depuis son exil qatari de présenter leur candidature. Et pourquoi pas les financer pendant qu’on y est ! Pour rester cohérent.
Dakaractu n’a-t-il pas écrit en 2012, que déchargé de la primature à sa demande en 2009, Soumaré «s’est rapproché» du «super puissant» nouveau ministre d’Etat fils de père Wade avec qui il a « travaillé sur des dossiers qui ont eu trait au business personnel» de ce même Karim Wade !
Un choix d’affaire qui n’aurait pas plu paraît-il à Macky Sall, je me demande bien pourquoi d’ailleurs ce que d’autant que le même Macky avait été jeté aux orties par le maître des lieux bleus, le Macky Sall était plutôt en quête d’existence politique «virgine», non loin des barreaux de fer de Rebeuss placés en situation d’attente.
La menace serait-elle à peine voilée à l’endroit ou l’encontre de Soumaré, que je ne serais pas surpris. Le mandat de dépôt est si facile à tomber chez nous, comme le fait remarquer avec brio mon cher oncle et aîné Jean Pierre Corréa dans sa dernière envolée millésimée.
C’est au milieu de ce beau monde, serf de toutes les convoitises politiques, plus adepte de guerres des tranchées électorales qu’ordonnateurs de solutions sociales et initiateur de politique de développement durable, que les partisans éclectiques et électriques des uns et des autres et la majorité silencieuse choisiront le président de la République.
Le peuple, seul maître et seul juge habilité à garder ou à changer son président, sait pourtant mieux que quiconque non seulement ce qu’il y a lieu de faire mais encore ce qu’il fera pour élire son chef.
Il procédera, comme cela se fait partout ailleurs où la démocratie, s’exprime dans le respect, la transparence, la liberté, l’apaisement. De ce point de vue, nous nous voulons suffisamment clairs et précis pour revendiquer une présidentielle sans artifice arithmétique, algorithmique ou programmatique, comme le soupçonnent à tort ou à raison de nombreux hommes politiques et internautes dont certains ne se gênent pas pour dire que nous filons droit vers un coup fourré qui voudrait justifier une victoire KO, dès le premier tour, agitée il est vrai et on ne sait trop pourquoi d’ailleurs par le camp du président sortant.
Six mois pour vivre une élection tranquille et savoir. Ni trop court ni trop long. Sauf pour gagner une présidentielle pour les derniers venus. Au vu du pedigree des néophytes Atepa et Camara, du tout venant de la CEDEAO Soumaré et du cadet et non moins punchline Sonko, l’affaire n’est pas gagnée pour les politiques de la dernière heure ! Un dur labeur les attend dans le réel et le virtuel ces empêcheurs de tourner en rond à qui nous conseillons en toute amitié de s’abonner à la vitamine C et aux oligoéléments, s’ils venaient à prendre le parti d’abattre un travail colossal d’adhésion des masses et indécis à leur projet, si tant est leur ambition véritable est de faire bouger les lignes et de compter en nombre les voix qui forceront les votes du deuxième tour.
Cette bataille anti premier tour dépendra de leur capacité à fédérer mécontents, indécis, autour de leurs personnes et convictions.
Pour autant, les candidatures qui tombent sur la présidentielle 2019 comme les cascades Dindefelo au Sénégal Oriental, peuvent faire la bonne affaire pour le candidat sortant qui ne peut espérer mieux qu’un émiettement de l’opposition par l’explosion de candidatures exponentielles, béni qui plus est par le parrainage signataire. Bingo ! J’en vois jubiler de bonheur de la friture sur les ondes d’Idrissa Seck, Khalifa Sall et du non partant Karim Wade.
Dans un tel concert d’ambitions présidentielles, ces généraux de la politique, cassés tour à tour par le rouleau compresseur de la Justice sollicitée par l’Exécutif et le législatif, devront se réajuster s’ils ne veulent pas se casser les dents sur le froid real politique de Macky Sall qui s’avère finalement aussi pointilleux que fin politique.
Normal nous diront d’aucuns. Macky Sall ne peut avoir pour stratèges, le bon vieux Trotskiste Mahmoud Saleh, le glacial Ousmane Tanor Dieng et le chaud bouillant Moustapha Niasse et faire dans l’amateurisme. Comme disait quelqu’un, il a appris que la politique c’est aussi l’art de chercher des problèmes, de les trouver, de les sous-évaluer et ensuite d’appliquer de manière inadéquate les mauvais remèdes. Il suffit de revenir sur les quatre dernières années politiques du Macky pour s’en convaincre.
Nous voilà donc tous embarqués dans une ambiance préélectorale dans laquelle la politique, qui n’est pas la morale, additionnera plus qu’elle ne soustraira, Fada par-là, Aïda square par-ci, les promesses, professions de foi, projets politiques, économiques, sociaux, financiers, culturels, sportifs, etc., en vue de gagner la confiance du peuple dont le rôle souvent incompris à l’arrivée, hélas, sera de choisir le meilleur profil au poste de la plus haute responsabilité du pays.
Quoiqu’il devra en être, le choix final entre un Macky Sall sur son trente et un et un candidat de l’opposition pour le moment dans le mou, relève de la seule décision du peuple. Personne d’autre.
Charles FAYE