Le président américain élu Joe Biden a choisi son proche conseiller Antony Blinken comme secrétaire d’État. Il était déjà secrétaire d’État adjoint sous la présidence de Barack Obama. Il est connu pour son calme à toute épreuve, une personnalité qui contraste avec celle de son prédécesseur Mike Pompeo.
ETATS-UNIS – Courtois et élégant sous sa chevelure poivre et sel, Anthony Blinken, 58 ans, semble aux antipodes de son prédécesseur Mike Pompe, beaucoup plus brut de décoffrage. «On peut difficilement faire plus affable, humble et discret que lui », estime son ami d’enfance Robert Malley, président de l’International Crisis Group. «Personne ne se souvient l’avoir jamais vu s’emporter ou avoir un accès de colère». Diplomate chevronné, conseiller de Joe Biden pendant la campagne, le choix d’Antony Blinken pour les Affaires étrangères n’a pas surpris. Ce n’est un secret pour personne, en tant que secrétaire d’État, Anthony Blinken aura beaucoup à faire pour réaffirmer les liens de son pays avec les alliés traditionnels des États-Unis. Rejoindre les accords internationaux abandonnés par la précédente administration tels que celui de Paris sur le climat ou encore celui sur le nucléaire iranien.
Pour ce faire, il devrait pouvoir compter à ses côtés sur Jake Sullivan qui prendra la place de conseiller à la sécurité nationale. Tous deux sont amis et partagent des visions communes. Ils ont notamment déjà attaqué ensemble la devise « America First » du président Donald Trump qui de leur point de vue ne fait qu’isoler le pays. Aujourd’hui «Tony » Blinken prône au contraire l’union afin notamment de rivaliser avec la Chine.
Un francophile particulièrement marqué par l’histoire de son beau-père
Il a grandi en France, où il a été scolarisé, aux côtés de son beau-père aux origines polonaise, avant de poursuivre ses études à Harvard. Ce dernier est rescapé de la Shoah et a été sauvé par un tank américain après s’être enfui du camp de Dachau. Anthony Blinken a notamment confié lors d’une conférence en 2017 avoir été profondément influencé par l’histoire de son beau-père qui, caché dans la forêt pendant deux jours, avait alors entendu le grondement menaçant d’un tank se rapprocher. À son grand soulagement, un soldat américain en était sorti.
« Il s’est mis à genoux et a prononcé les seuls trois mots d’anglais qu’il connaissait, appris par sa mère : « God bless America », « Que Dieu bénisse l’Amérique », a raconté Antony Blinken. « Le GI l’a soulevé et l’a fait entrer dans le tank – et métaphoriquement aux États-Unis et vers la liberté ». L’Amérique, pays d’accueil au rôle extraordinaire. «C’est le pays avec lequel j’ai grandi: des États-Unis jouant ce rôle si accueillant, unique et extraordinaire », expliquait alors Anthony Blinken.
Il a travaillé au Département d’État américain à partir du début des années 1990, sous les administrations démocrates de Bill Clinton et de Barack Obama. C’est à la fin du mandat de ce dernier que Blinken sera promu secrétaire d’État adjoint. Au sein de l’aile gauche du parti démocrate, on reproche au futur chef de la diplomatie américaine d’avoir soutenu l’invasion américaine en Irak au début des années 2000. Aujourd’hui, il prône le retour au multilatéralisme pour tourner la page des années Trump. On notera aussi que les récents tweets d’Antony Blinken sont consacrés aux violations des droits humains dont sont victimes les opposants de Hong Kong, les Ouïghours et les ONG égyptiennes.
Maderpost / Rfi