L’affaire avait été jugée en juillet dernier au tribunal de grande instance de Mbour. Seneweb revient sur les faits.
ESCROQUERIE – Khadim Ndiaye est un cambiste qui évoluait au niveau de l’aéroport Léopold Sédar Senghor. Ces affaires prospéraient. En janvier 2016, le cambiste a reçu de Cheikh Moussa Camara, comptable public, la somme de 200 millions de francs Cfa.
Un contrat de dépôt est signé. Khadim Ndiaye devait rembourser à une échéance bien déterminée. Chaque mois, il devait verser 6 millions de francs au déposant. En tout, le cambiste dit avoir remboursé 196 millions, plus 3 millions. Il ne lui restait qu’un reliquat de 20 millions. Des montants qui dépassent d’ailleurs la somme de 200 millions.
Mais Cheikh Moussa Camara, en sus des 196 millions déjà reçus, réclamait 200 millions plus 20 millions. Car il considère que les 6 millions mensuels qu’il recevait du cambiste constituent son bénéfice du prêt.
Alors que Khadim Ndiaye considérait s’être acquitté de la dette de 200 millions par ses versements de 6 millions par mois au comptable.
“La femme de Cheikh Moussa Camara m’a remis 670 millions pour faire du change”
Khadim Ndiaye raconte : “Je connais Cheikh Moussa Camara par le biais de sa femme pour qui je faisais du change. Madame Camara me donnait des sommes de 10 millions. Un jour, elle m’a remis 670 millions pour que je lui fasse du change. Elle m’a mis alors en rapport avec son mari. Qui m’a remis 100 millions pour que je lui fasse du change. Je devais le lui convertir en plusieurs devises. La deuxième fois, il m’a remis 200 millions.
Toutes nos transactions dépassent 3 milliards. Un beau jour, il m’a remis 200 millions comme un prêt. J’ai remboursé 196 millions”.
Il explique que Cheikh Moussa Camara a eu le même problème avec un certain Dramé, à qui il aurait prêté la somme de 1 milliard 258 millions.
“Je ne lui ai jamais demandé un sou. C’est lui qui m’a proposé l’argent. Il avait l’habitude de m’appeler à son bureau qui se trouvait au cerf-volant, il me remettait des rames de papier qui contenaient l’argent. Les montants étaient colossaux. Il me demandait de faire le décompte. Ce n’est qu’après que je lui disais le montant. Il n’y a jamais eu de reçu ni de décharge “, avait raconté Khadim Ndiaye.
“Comment peut-on comprendre qu’un fonctionnaire puisse manipuler 4 milliards ?”
Le conseil de Khadim Ndiaye s’était ému des montants exorbitants et était intrigué par leur provenance.
Une remarque qui avait déplu à Me Pape Jean Sèye, avocat de Cheikh Moussa Camara. A ses yeux, la provenance de l’argent est un non-événement.
“Il faut être un taré ou un demeuré pour remettre 200 millions sans rédiger un acte. Est-ce qu’un fonctionnaire peut détenir cette somme ? Ce n’est pas l’objet du débat. La provenance de cet argent n’est pas l’objet de la discussion. L’argent n’est pas d’origine frauduleuse. Il est à la retraite depuis longtemps”, avait dit Me Sèye.
Mais pour Me Ndior, au moment des faits, Cheikh Moussa Camara n’était pas à la retraite. Puisque son client retrouvait le comptable public dans son bureau à cerf-volant