Le poète sénégalais Amadou Lamine Sall a proposé mardi à Dakar que soit créé un fonds public approvisionné par les futurs revenus pétroliers et gaziers du Sénégal, pour venir en aide aux jeunes qui seraient tentés par l’émigration clandestine.
MIGRATION – “Tout a été dit sur cette migration. Nous avons constaté aussi l’incapacité des gouvernants à faire face à ce drame. Je ne sais s’il existe ou pas, mais si tel n’est pas le cas, il faudrait créer un fonds (…) avec les revenus du pétrole et du gaz, afin d’offrir, à défaut d’un emploi, un kit chômage à tous ces jeunes de notre pays, selon des critères bien définis”, a suggéré M. Sall.
Il a fait cette proposition en guise de remède contre l’émigration clandestine et au chômage des jeunes, en intervenant à une table ronde organisée par vidéoconférence, à l’initiative du think tank (groupe de réflexion) Afrikajom Center, sur “la recrudescence de la migration après-Covid : comprendre la détresse de la jeunesse et y trouver une réponse appropriée”.
Le fonds dont il propose la création doit être destiné, au-delà de la lutte contre l’émigration clandestine, aux futures générations, selon Amadou Lamine Sall.
Sa proposition repose sur les revenus tirés du pétrole et du gaz, des hydrocarbures que le Sénégal – d’où partent chaque année d’importantes vagues de migrants – espère pouvoir exporter dans les prochaines années.
“Comme on ne peut pas offrir des emplois à tous, il faut offrir un kit chômage à tous les jeunes sans emploi, pour qu’ils puissent percevoir quelque chose au moins (…) en attendant de trouver mieux”, a-t-il dit.
“Il nous faut aussi développer (…) les centres de formation professionnelle (…) pour que nos jeunes qui n’ont pas la chance d’avoir le brevet, le baccalauréat ou la licence puissent avoir des emplois”, a également proposé M. Sall.
Il dit avoir remarqué l’absence d’ouvriers sénégalais qualifiés dans l’exécution des travaux publics au Sénégal, un problème qu’il faut résoudre, à son avis, par la création de nouvelles écoles de formation professionnelle.
“Je propose aussi la formule ’Six jeunes, un hectare’. Ce pays a des terres (…) Je lance un défi à l’Etat d’octroyer un hectare à chaque groupe de six jeunes”, a suggéré M. Sall.
Les terres ainsi octroyées doivent l’être à usage agricole, a-t-il dit, proposant que des équipements adéquats et des semences soient octroyés aux jeunes chargés de les exploiter.
Les bénéficiaires d’une telle initiative doivent ensuite rembourser les prêts dont ils auront profité dans un délai de cinq à six ans, selon Amadou Lamine Sall.
Il estime que les entreprises créées au Sénégal avec un chiffre d’affaires dépassant 500 millions de francs CFA doivent octroyer “un quota incompressible d’offres d’emplois aux jeunes”.
“Dans les débats comme celui-ci, je souhaite qu’il y ait beaucoup plus de propositions concrètes parce que nous critiquons beaucoup l’Afrique, les Etats, les gouvernements, et cela ne mène à rien de critiquer. Il faut que les penseurs proposent des solutions”, a souligné M. Sall.
La fondation OSIWA (Open Society Initiative for West Africa) prend part à l’organisation de la table. Des experts, des universitaires et des cinéastes, dont le réalisateur Moussa Sène Absa, y participent également.
Maderpost / APS