Le petit Ababacar Alias DOBVNDI, de son nom d’artiste, l’a fait. Une star en herbe de la musique sénégalaise est née. Ce natif de Bakel, la vingtaine consumée, s’impose comme la nouvelle coqueluche du hip-hop et Rnb du pays.
RAP – Son tout premier single Toxic Love, aux couleurs fortes et époustouflantes fait du badaboum sur la toile et les chaumières d’ici et de la diaspora.
Visage pétillant d’un adolescent qui rêve grand, sourire candide, moulé dans un style vestimentaire du terroir austère bakélois, Ababacar Astou BA Alias DOBVNDI est passé à la table de Confidentiel Afrique. 3 heures emballantes d’interview, il dit tout : sa passion d’embrasser la musique, les péripéties de la sortie de son single qui cartonne, ses idoles artistiques, ses projets futurs. Entretien exclusif
Confidentiel Afrique : Vous êtes artiste- musicien, vous venez de sortir un single « Toxic Love » qui est en train de cartonner dans la sphère musicale sénégalaise. Pouvez-vous revenir sur les motivations et les péripéties de la sortie inédite du single « Toxic Love » comme titre ?
Ababacar Astou BA Alias DOBVNDI : Bonjour à tous vos 13 millions de lecteurs et je remercie de tout mon cœur votre grand journal Confidentiel Afrique de m’avoir reçu dans ses locaux pour cette séance d’interview.
Je salue la communauté d’ici et de la diaspora. « Toxic Love » est une inspiration venue à la suite d’une discussion entre mon cousin, mon ami et moi. C’est une chanson d’amour tirée du vécu quotidien de milliers de personnes, jeunes, vieux, hommes et femmes. C’est ce vécu de tous les jours qui m’a poussé à faire cette chanson.
Ce single m’a offert une infime place pour le moment dans le champ musical sénégalais. Les retours sont très bons, Toxic Love est bien apprécié du public de ma contrée de Bakel jusqu’aux autres capitales du pays. C’est une jolie romance d’amour sur fond de tension avec un peu de suspense pour parfaire le tout. Tout le boucan s’arrête au niveau des échanges téléphoniques, dès que les amoureux se voient, le calme revient. Un amour de boomerang en quelque sorte, si c’est chaud, l’un s’en va et revient après la tempête.
Quel est le sentiment qui vous anime en réécoutant ce son qui fait furax dans les chaumières du pays et de la diaspora ?
Je suis ému en écoutant cette chanson et cela me fait plaisir qu’elle soit adoptée par tous, surtout quand je vois des petits et adolescents crier à tue-tête « Angnaniîi » et que les jeunes dans les rues avec leurs woofer écouter ma musique dans les rues de Bakel le jour de la Tabaski… C’est beau et fort.
Quand je vois mon père et ma mère reprenant les refrains avec des mimiques. Je ressens que du bonheur. Je suis d’autant plus heureux que je représente ma culture en melting-pot ; le soninkara et le wolof- ce cocktail du rendez-vous du donner et du recevoir, comme disait Senghor. C’est tout simplement fabuleux !
Vu l’ampleur de ce single, pouvez- vous nous entretenir sur les moyens investis pour la réalisation de ce son ?
Mes parents sont là première richesse précieuse pour sortir de mes tripes ce son. Je les remercie, surtout mon père qui a su faire face à la pression sociale et qui est venu avec moi à Dakar en amenant mon ami Buzz Bath pendant un mois, mais aussi les vrais amis de mon père et les parents proches.
J’en profite pour remercier mon tonton Soumaila Aidara, Directeur général de Confidentiel Afrique et mon beau-frère Baba Bakhi de Bakh Transport et tous les autres pour leurs conseils avisés et soutiens financiers.
Occasion pour moi de dire merci à Tata Docteur Rose Monteil, une sœur de cœur à mon père. ll y a aussi les bénédictions de mes parents dont ma mère et mon père (à qui je fais un massage des pieds tous les matins après la prière avant d’aller à l’école). Et tous les matins, mon père me dit « Fils attends yoo alla watt eeh ma barrké »et ma mère pour toutes ses courses c’est la même rengaine.
Je remercie beaucoup mon papa Boubou Ladji, un ami de mon père. Grâce aux efforts mutualisés des uns et des autres, j’ai pu sortir le single. Mais, la clé pour y parvenir, est la baraka que nous recevons de nos parents. Les gars, de grâce occupez-vous bien de vos parents.
En tant que jeune talent qui a une capacité et un don remarquable, quelles sont les difficultés que vous rencontrez dans le cadre de la musique ?
Au début, j’avais un label qui m’accompagnait au niveau local, mais il est tombé sous la pression sociale et du jour au lendemain, il a arrêté notre collaboration et notre amitié.
A mon retour à la maison, mon père a remarqué que ça n’allait pas. Il m’a emmené en haut de la maison et, il m’a pris les bras en me disant « fils bienvenu dans le monde des déceptions, à 20 ans c’est bien, laisse tout entre les mains de Dieu, tu verras, il te regarde et sait tout. Fais lui confiance et confie-toi à lui, allez va prendre tes ablutions et demande à Dieu, il sait pourquoi tu es triste aujourd’hui, moi je ne veux rien savoir et reste un homme ».
Soudain, le fameux cri de guerre familiale retentit.
Qui est ton père ? Le lion Laye Ba, un fils de lion est un … lion. Et j’avais une pêche d’enfer et surtout le sentiment d’avoir un père qui croit en moi et qui me remonte le moral tout le temps. Djadieuf Papa. Merci à ma famille et à mes amis. Je suis comblé par leurs soutiens et leur amour.
C’est qui votre référence dans le monde de la musique ?
Question difficile. Car, nous avons d’excellents artistes qui font la fierté du Sénégal et de l’Afrique. Je commence par les idoles d’abord du côté de mon père, on peut dire Alpha Blondy et du côté de ma mère Youssou Ndour et sa sœur Aby Ndour.
Moi personnellement ma référence c’est DOBVUNDI, c’est à dire moi- même. Je crois en moi. DOBVUNDI on the night. Je suis né à Bakel, j’ai grandi à Bakel et je vais conquérir le monde à partir de Bakel comme You, Baba Maal, Thione Seck qui ont su garder un ancrage depuis leurs terroirs. Je suis Bakélois des pieds à la tête ! Yes Man.
Envisagez-vous de sortir un Album ? Et pour combien de titres ?
Oui oui, j’ai quatre autres morceaux en route (du solide) et mon tonton Bakhane Seck compte me prendre en main ; en tout cas, il l’a promis à mon père et le ministre Aly Ngouille Ndiaye que j’ai rencontré avec Bakhane Seck, mon père. Le ministre m’a promis un studio à Bakel. Je précise que c’est un ami à mon père qui lui voue un grand respect. Le ministre est cool quand je l’ai rencontré, il m’a séduit par sa franchise et son esprit vif.
S’agissant de l’album, c’est mon rêve avec déjà cinq chansons et celle que mon père et les tatas sont en train de me concocter ? Cela fera au total 06 chansons et grâce à Dieu avec le soutien de ma famille, on fera le nécessaire.
Ma chance, c’est ma famille, mes amis et mes fans. On sortira tellement d’albums Inchallah que vous vous direz, mais ce sont les collines de Bakel qui tombent sur les têtes ou quoi … Inchallah. Longue vie à tous et beaucoup de bonheur accompagné de santé. DOBVUNDI fron Bakel Sarédemba
Au-delà des concerts joués en Mauritanie et au Sénégal (Bakel), est-ce que vous comptez participer à des compétitions internationales dédiée aux jeunes talents comme le « Prix découvert RFI » ou d’autre Awards ?
J’aimerai bien me produire davantage dans les villages de mon pays dans le département de Bakel, puis un peu partout dans le pays. Connaître les profondeurs du pays, découvrir nos cultures. Radio France International viendra à moi quand le tout sera bien cuit. « Dama gueum souma rew » (Je crois en mon pays).
Je compte organiser un festival annuel à Bakel où tous les rappeurs de mon département seront présents. Ceci est mon challenge et mon « Prix découverte des talents de mon terroir ».
Il faut venir et faire venir les télévisions ici, mais nos journalistes doivent davantage accorder de l’importance à la culture de nos terroirs. Elle est au début et à la fin de tout. Seule la culture est reine. Vous avez vu l’engouement autour de nous avec nos concerts ?
Seule la musique peut te donner ça. On t’aime simplement, mais il ne faut pas avoir la grosse tête. Un ami est venu chez moi et a dit à mon père « Maintenant le gosse doit savoir avec qui parler, où aller ». Mon papa assis à mes côtés lui a dit. « EHHH, ce sont des cons comme vous qui faites monter la tête des jeunes. Tu oublies que tout ça c’est parce que Dieu le lui a permis ». « Écoute fiston, liberté, indépendance, soninkara poulagou, Va voir tes anciens et nouveaux amis, reste humble et respectueux et aie la fibre de partager. »
Quelles sont vos relations avec les artistes sénégalaises ?
A part Ngaka Blindé qui m’avait invité lors de son concert en 2017 à Bakel, quand j’avais 13 ans, je ne connais personne parmi eux. Mais, vous savez tous les musiciens sont nos ami(e)s ; on les voit et les écoute tous les jours. En réalité, je viens d’arriver dans le moule et je pense que grâce à Tonton Bakhane Seck qui est mon mentor et qui m’a invité au grand théâtre, j’aurais l’occasion d’en connaître quelques-uns et revoir d’autres comme mon grand frère et idole Ngaka Blindé. Voilà. Je suis open en tant que Soninkara Poulagou et Bakélois jusqu’à l’os, pur Guidinpale Moudinkané Bakelcoura. AGNIII
Quels messages désirez-vous envoyez aux jeunes qui souhaitent intégrer le monde musical ?
D’abord il faut avoir de la passion. Sans tricher. Être surtout exigeant dans sa démarche et chercher les meilleurs partenaires et les meilleurs soutiens possibles. Étre in, carrément dedans en quelque sorte et accepter d’apprendre d’autres. Il faut aussi s’adresser à des structures existantes et fonctionnelles pour sortir la tête de l’eau et pouvoir aller de l’avant.
Maderpost / Confidentiel Afrique / Propos recueillis par Maguette MBengue, Safiatou Coly, Anta Wade (Confidentiel Afrique)
Sous la coordination de Ismael Aïdara, Directeur Éditorial