Envoyé spécial du chef de l’Etat et membre de la Coalition Benno bokk yaakaar (Bby), Jean-Paul Dias juge excessives l’incarcération de Ousmane Sonko ainsi que la dissolution de son parti, Pastef.
DISSOLUTION DE PASTEF – Jean-Paul Dias, leader du Bloc des centristes Gaïndé (Bcg) n’a pas l’habitude de faire dans la langue de bois.
Ce qu’il pense, il le dit haut et fort, il ne s’en cache pas. Il en a encore administré la preuve en s’exprimant hier dimanche sur l’affaire Ousmane Sonko. Sa position est bien différente de celle de ses alliés de la mouvance présidentielle.
Il s’en est fait l’écho lors de l’émission «Le Grand Jury», qui passe sur la Rfm. «Je trouve que c’est excessif par rapport à ce qu’on peut lui reprocher. Je pense qu’on peut ne pas aller jusque-là. Moi, je trouve ça excessif», a déclaré l’Envoyé spécial du président de la République Macky Sall.
Revenant sur la dissolution du parti Pastef aussi, le membre de la mouvance présidentielle martèle : «la dissolution du parti Pastef est excessive. C’est la dernière limite. Parce qu’on pouvait passer par certaines étapes que d’aller directement à la dissolution», rembraie-t-il.
Placé sous mandat de dépôt, Ousmane Sonko est emprisonné «pour appel à l’insurrection, association de malfaiteurs, atteinte à la sûreté de l’Etat, complot, actes et manœuvres à compromettre la sécurité publique et à créer des troubles politiques graves, association de malfaiteurs en lien avec une entreprise terroriste, etc.». Pour Jean-Paul Dias, cette incarcération est tout simplement excessive.
«Il y a un seul élu par le suffrage universel, c’est le maire»
Il s’est aussi prononcé sur la situation qui prévalait à la mairie de Dakar. Une situation notée lors de la deuxième installation du Bureau municipal de la Ville de Dakar, où son fils, non moins maire, Barthélemy Dias, a été critiqué, accusé d’être à l’origine de l’éviction du bureau des membres du parti dissous Pastef. L’Envoyé spécial du chef de l’Etat trouve qu’ils ont tort de s’en prendre au maire, car le maire ne décide pas tout seul. «Ils ont tort de le pointer. Je voudrais vous rappeler qu’il n’y a qu’un seul élu par le suffrage universel, c’est le maire de Dakar. Les autres ne sont pas élus. Ils ont été élus conseillers. C’est dans un deuxième collège que les conseillers montent le bureau. Il (Ndlr : Abass Fall de l’ex-parti Pastef) a été choisi pour être premier adjoint, entretemps des démarches auprès de la Cour d’appel ont amené celle-ci à déclarer le bureau irrégulier. Donc il faut recommencer. C’est ce qui a été fait et là, le maire ne peut imposer personne. Il peut avoir son candidat ou sa candidate, mais il ne peut imposer personne», assène Dias-père. «Ce n’est pas lui (le maire Barthélemy Dias) qui décide de qui doit être là. Une femme Pastef était candidate. Une autre femme était candidate. Sur 85 voix, cette deuxième en a eu 61. Ce n’est pas comparable avec les 20 que la femme Pastef a eu. Donc, c’est l’élection. C’est la démocratie qui a décidé», renchérit-il. Trouvant cependant «irrégulière» cette vision de la Cour d’appel, Jean-Paul Dias d’en évoquer les raisons. «Le maire, il ne peut pas être de sexe neutre. Il ne peut être qu’un homme ou une femme. Mais quand on monte un bureau, on peut commencer par un homme, si le maire est un homme», a-t-il argumenté, faisant allusion au Bureau de l’Assemblée nationale où, d’après lui, personne n’indexe ça. Et de conclure : «Quand on donne la leçon aux autres, il faut commencer par balayer devant sa porte.» C’est comme qui dirait que Dias-père «couve» ses «deux fils» que les querelles politiques ont fini par séparer.
Maderpost / Le quotidien.sn