– Le ministre béninois de la communication, Alain Orounla, a expliqué, mardi 22 septembre 2020, la démolition du réceptif Noom hôtel ordonné par le gouvernement du président Patrice Talon.
Version du gouvernement béninois dans l’affaire Noom hôtel de Cotonou du Groupe Teyliom de l’entrepreneur ivoiro-sénégalais Yérim Sow. Muet depuis sur cette affaire, le gouvernement béninois a rompu l’omerta. Mardi 22 septembre 2020, Alain Orounla, ministre de la communication, a expliqué la démolition du réceptif hôtel en construction ordonnée par le gouvernement du président Patrice Talon.
Selon le porte-parole du gouvernement béninois, la démolition du réceptif Noom hôtel est la « réplique juridique et judiciaire » à l’« inexécution fautive» des engagements pris par le promoteur ». L’homme d’affaires ivoiro-sénégalais, fait savoir le ministre porte-parole du gouvernement, s’était rapproché des autorités béninoises en 2010 et obtenu d’elles la concession, dans le cadre d’un bail emphytéotique, d’un vaste domaine de 2 hectares dans la zone balnéaire du palais des congrès à Cotonou. Cela, en contrepartie, « d’une modeste et modique de redevance de 3 millions 800 mille francs l’an ». « En plus de ces redevances qui n’ont jamais été versées sauf une seule fois, ce promoteur a bénéficié d’avantages douaniers et fiscaux considérables », apprend le ministre Orounla.
Le site concédé devrait recevoir le réceptif Noom Hôtel de Cotonou pour un investissement de 10 milliards francs CFA. « Après avoir obtenu la concession importante d’une redevance ridicule de 3 800 000, l’entrepreneur, révèle le ministre Orounla, a apporté ce bail pour souscrire le capital d’une société qui devait gérer cet hôtel où il a bénéficié d’actions d’une valeur de trois milliards huit cent millions (3 800 000 000) de francs CFA ».
A compter de la signature du contrat intervenue le 29 juin 2012, le promoteur devrait réaliser le projet dans un délai de 30 mois, c’est-à-dire deux ans et demi. Mais « ce délai écoulé, rien n’a été réalisé », fait savoir le porte-parole du gouvernement qui révèle que le promoteur a pourtant « bénéficié d’un prêt important d’une banque de la sous-région à hauteur de 16 milliards pour cet investissement mais nous n’avons pas trace de ce que ces fonds ont été injectés dans ce projet ». Alain Orounla souligne que le promoteur est resté sourd aux relances multiples de l’Exécutif béninois sous le régime du président Boni Yayi.
Blocage et prise de responsabilité
Ayant hérité de ce dossier « embarrassant », le président Patrice Talon, explique le ministre béninois de la communication, « a quand même pris la patience de relancer, d’accorder des délais supplémentaires, de prolonger les avantages douaniers, fiscaux qui ont été conférés au promoteur ». Mais, le promoteur est resté imperméable aux « mise en demeure, négociations, pourparlers ».
Cette attitude du promoteur a conduit à « une situation de blocage et d’inexécution fautive, délibérée des engagements pris », informe le ministre Orounla qui pense que Yérim Sow n’a peut-être jamais souhaité investir au Bénin. « Dans ces conditions, l’Etat se doit de récupérer dans l’intérêt de notre pays et de notre économie, ce vaste domaine de 2 hectares qui pourrait servait à autre chose plutôt que de socle à une opération nébuleuse », commente le ministre. Alain Orounla explique qu’« après les phases relances amiables, amicales, le gouvernement a dû introduire les démarches adéquates pour obtenir la résiliation du bail qui avait été consenti ». L’Etat béninois, informe le ministre Orounla, bien que le promoteur « soit fautif », a offert une compensation, « un accompagnement financier pour ne pas donner l’impression de déposséder quelqu’un ». La résiliation du contrat de bail est intervenue en février 2020.
21 milliards d’investissement ?
Suite à la résiliation du contrat-bail, le réceptif hôtelier en construction a été démoli. Le réceptif, censé compter 121 chambres et suites 5 étoiles de luxe, des installations de conférence et de réunion était presque terminé, selon une source proche du Groupe Teyliom citée par Jeune Afrique. Le coût de l’édifice réduit à néant par l’Etat béninois dans l’optique de la « la remise en ordre et de la réappropriation de son patrimoine » est estimé à 21 milliards de francs CFA, à en croire des sources proches du Groupe Teyliom. « Il n’y a rien dans cette affaire qui nous envoie vers 21 milliards francs CFA », balaie le ministre du revers de la main.
Dans le cadre du bras de fer qui oppose l’Etat béninois à l’homme d’affaires ivoiro-sénégalais, une expertise a été réalisée. « Cette expertise évidemment ne nous permet pas de nous situer au niveau invoqué par le promoteur, les 21 milliards. Il n’y aurait pas eu de raison d’en arriver là si 21 milliards étaient rentrés dans ce chantier conçu pour supporter un édifice de 10 milliards de FCFA », a réagi le porte-parole du gouvernement.
L’entrepreneur Yérim Sow estime que dans ce dossier ses droits ont été brimés et a porté l’affaire devant deux juridictions internationales. Notamment le Centre international pour le règlement des différends relatifs aux investissements (CIRDI) à Washington et devant la Cour commune de justice et d’arbitrage de l’OHADA (CCJA-OHADA) à Abidjan. Qui du gouvernement béninois et de l’entrepreneur sénégalais sortira vainqueur dans ce bras de fer ?
Maderpost / IGFM
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