Le Sénégal gardera de l’ancien ministre de la Culture Abdoul Aziz Mbaye, décédé mercredi à Dakar, le souvenir d’un « humaniste ouvert » et d’un homme « passionné », dont la contribution à la promotion de la culture et de ses acteurs reste d’actualité, estime Abdoulaye Diop, aujourd’hui à la tête du même département ministériel.
HOMMAGE – Dans un communiqué, M. Diop a fait part de ses « condoléances émues et attristées », à la suite de la disparition de M. Mbaye, 67 ans, au nom du président de la République, « de toute la nation sénégalaise, de l’ensemble des ministres chargés de la Culture qui ont eu à servir à ce poste leur pays ».
« Notre douleur est sans nom », tellement Abdoul Aziz Mbaye « a laissé l’image d’un homme agréable, courtois, doué d’une intelligence hors norme, d’un charisme qui ne souffrait aucune faiblesse », écrit le ministre de la Culture et de la Communication.
« Vous l’aurez compris, le Sénégal vient de perdre, indéniablement, un grand homme, l’un de ses plus brillants cerveaux », à la fois diplomate, physicien et « fin lettré, il était un modèle de compétence et de rigueur ».
Né le 18 octobre 1954 à Dakar, Abdoul Aziz Mbaye, diplomate de carrière, fut fonctionnaire scientifique en 1988 à la Commission européenne, pour le Programme stratégique européen de recherche et de développement relatif aux technologies de l’information (ESPRIT).
Il a également été conseiller économique et politique de la délégation de la Commission européenne en Afrique du Sud en 1996, avant d’être promu ambassadeur de l’Union européenne dans le Pacifique, avec résidence aux Îles Fidji. Il avait lancé, en 1991, la Biennale des sciences de Dakar (Afristech).
« Partout où il a eu à servir dans le monde, jusqu’aux lointaines Îles Fidji, comme haut fonctionnaire de l’Union européenne », Abdoul Aziz Mbaye « a démontré son savoir-faire et fait aimer son savoir-être », estime Abdoulaye Diop.
Il rappelle que le défunt, que les responsabilités avaient conduit hors du Sénégal, était « rentré définitivement au Sénégal pour se mettre au service de son pays« , après l’accession au pouvoir de Macky Sall.
Il a occupé les fonctions de ministre, directeur de cabinet du président de la République, avant de présider aux destinées du ministère de la Culture, à partir d’octobre 2012.
« Le monde de la culture retiendra, parce qu’il est encore d’actualité, le programme en trois points qu’il avait alors décliné en innovateur avec conviction et passion », axé notamment sur la promotion de la diversité culturelle, « gage de la cohésion nationale ».
Selon Abdoulaye Diop, ce programme portait également sur la mise en œuvre des réformes sur le droit d’auteur et les droits voisins, ainsi que l’élaboration des textes législatifs et règlementaires sur le statut de l’artiste et des professionnels de la culture.
« La communauté culturelle retiendra son charisme légendaire, mais aussi le mécène qu’il a été, qui a accompagné la carrière de nombreux artistes, toutes disciplines confondues », souligne M. Diop.
Il évoque par ailleurs le passage de M. Mbaye à la présidence de la fondation Youssou-Ndour, lequel « a permis de mobiliser des partenariats et des financements au service du développement de l’économie créative du Sénégal ».
« L’histoire mettra à son compte le financement de la première campagne nationale de sensibilisation sur le droit d’auteur et les droits voisins », rappelle l’actuel ministre de la Culture et de la Communication.
« Ceux qui l’ont connu retiendront surtout de lui un humaniste ouvert, animateur infatigable, curieux de tout, passionné des arts et des lettres, fier de ses origines, qui a su incarner avec panache les idéaux de l’afro-optimisme », conclut Abdoulaye Diop.
Abdoul Aziz Mbaye a obtenu un doctorat d’Etat ès sciences en 1984 à l’Université Paris-Sud Orsay, un master en politique internationale de l’Université libre de Bruxelles, un master en management public de la Solvay Business School et un diplôme de troisième cycle en sciences économiques de l’Université catholique de Louvain.
Maderpost /APS