Dame Mbodj, le secrétaire général du Cusems se dit triste. Le syndicaliste est loin d’être enthousiaste quant à la reprise des cours le 25 juin prochain. Sur les nouvelles dates fixées pour le déroulement des examens, il estime que l’autorité a subi des pressions pour prendre une telle décision.
EDUCATION – Quel est votre avis sur les modalités de reprise des cours dévoilées par votre ministre de tutelle ce jeudi ?
Moi je suis très déçu. J’ai le cœur meurtri. Aujourd’hui les Sénégalais laissent faire mais ils vont le regretter. Cette génération-là est sacrifiée. je n’ai aucun intérêt à dire des choses pour saboter. Mais, les décisions qui sont en train d’être prises sont catastrophiques. Si le président de la République avait une idée des conséquences que ces décisions allaient engendrer, il allait lui-même arrêter son ministre.
En quoi ces décisions sont-elles catastrophiques ?
Les décisions qui sont en train d’être prises signifient stout simplement que l’Etat du Sénégal a décidé de fermer les yeux sur la situation scolaire du Sénégal, de valider une année durant laquelle on n’a pas appris correctement les contenus. Année durant laquelle les contenus ne sont pas correctement appris par les élèves parce qu’il n’y a pas eu assez de temps d’apprentissage et que le quantum horaire n’a pas été atteint. On veut juste sauver l’année pour la sauver.
Les examens ont été prévus en aout…
Des examens au mois d’aout, cela veut dire qu’ils vont faire des rattrapages pour un mois. Avec la reprise le 25 juin le mois de juin est perdu. Donc il ne reste que le mois de juillet. Chaque année on perd le mois d’octobre parce que les écoles sont encore sous les eaux, des élèves sont dans les champs etc. Il y a eu deux mois de grève du G7 et le G20 de mi-janvier à mi-mars. Il faut y ajouter 3 mois de covid-19. Comment peuvent-ils perdre 5 mois sur 9 et vouloir rattraper cela en juillet et en aout faire les examens. C’est extrêmement grave.
Alors pourquoi l’Etat se sent-il obligé de faire reprendre les cours ?
L’Etat a cédé sous la pression du privé. C’est le privé qui est derrière. Au Sénégal il y a trois catégories d’écoles privées. Il y a des école privées de quartier. Il y a ensuite les groupes scolaires qui sont mieux lotis que les premiers. Le premier niveau, que j’appelle l’oligarchie, qui est la minorité puissante, c’est cette école là au cœur du plateau et dans certains quartiers résidentiels de Dakar qui polarisent les enfants des riches et qui ont terminé leurs programmes parce qu’ils ne sont pas fait de grève et qui démarrent souvent en septembre, qui ont des moyens, ces école-là sont prêtes. Leurs enfants sont prêts. Et les enfants ont des préinscriptions et ils doivent aller en Europe étudier et les universités européennes commencent en septembre. C’est ce qui fait que l’Etat veut leur organiser leur bac en aout. Et l’Etat n’ose pas repousser le bac en décembre comme nous l’avions proposé. Les conséquences seront lourdes pour notre pays.
Quelles sont ces conséquences ?
Ces enfants – là, dans le public surtout, om ils n’ont pas s’ils sont dans des classes intermédiaires, vont sauter des classes, on va leur demander de sauter des classes. Cela veut dire qu’on va sauter des marches pédagogiques. Et les escaliers quand on veut sauter une marche on est en danger. Mais c’est toute la société qui est en danger parce que ces élèves seront demain des journalistes, des enseignants qui vont enseigner nos enfants. Ils seront demain des médecins qui vont nous soigner, des ingénieurs qui vont construire des bâtiments qui vont s’écrouler sur nous c’est cela la vérité. C’est cela les conséquences.
Maderpost / IGFM / Youssouf SANE