La dexaméthasone serait efficace dans le traitement des cas graves de Covid-19. C’est ce que révèle l’essai «Recovery». Les responsables de ce vaste essai britannique ont annoncé le mardi 16 juin que ce médicament issu de la famille des stéroïdes réduisait les décès d’un tiers chez les patients placés sous ventilation et d’un cinquième chez les patients gravement atteints, sous oxygène mais non intubés.
CORONAVIRUS – L’Organisation mondiale de la Santé (OMS) a immédiatement salué cette «avancée» et a appelé à l’augmentation de la dexaméthasone. La Grande Bretagne a dans la foulée, décidé de prescrire le médicament dans ses hôpitaux pour la prise en charge des malades atteints de Coronavirus.
Cinquième pays le plus touché au monde avec 307 682 cas, la Grande Bretagne a déploré à ce jour 43 011 morts dus à la Covid-19.
En France, cette «percée» est célébrée par beaucoup de spécialistes qui révèlent dans la même veine avoir déjà utilisé cet anti-inflammatoire dont le gros du travail est de calmer la réaction immunitaire excessive des patients atteints d’une forme grave de Covid-19, appelée orage de cytokines.
L’Afrique s’accroche à la Chloroquine
En Afrique, il n’y a pas d’engouement au sujet de la dexaméthasone. En dehors de l’Afrique du Sud où est produit ce médicament et de l’Ethiopie qui a décidé de l’intégrer dans son protocole thérapeutique, les pays africains n’ont manifesté aucun intérêt pour ce puissant anti-inflammatoire qui pourrait pourtant amoindrir les décès.
Preuve de ce «mépris», l’Algérie a par une note du ministère de la Santé en date du 21 juin, décidé de reconduire le traitement à base d’hydroxychloroquine et d’azithromycine. «Ce traitement devra à titre de rappel être prescrit en milieu hospitalier, dans les services assurant la prise en charge des patients atteints de la Covid-l9, en I‘absence de contre-indication. Et après avoir pratiqué un ECG ; conduit sous surveillance médicale”, instruit la note lue à Dakaractu.
Il faut reconnaitre que le protocole basé sur l’hydroxychloroquine et l’azithromycine a fait ses preuves dans ce pays d’Afrique du Nord qui affiche un taux de guérison satisfaisant de 71,8%, soit 8.674 guéris sur 12.077 patients atteints depuis le début de l’épidémie.
Plus performant que l’Algérie dans le traitement des cas Covid, le Maroc ne semble pas prêt à abandonner l’hydroxychloroquine et l’azithromycine qui lui ont permis d’avoir le meilleur taux de rémission en Afrique, à savoir 81,7%. Également producteur de l’antipaludéen et de l’antibiotique, le Maroc a envoyé 75.000 boites de chloroquine et 15.000 boites d’azithromycine à 15 pays du continent noir.
Le Sénégal joue la carte de la prudence
Parmi les bénéficiaires, figure le Sénégal qui n’a pas encore exprimé sa position sur la Dexaméthasone. Dakaractu a tenté d’avoir la réaction des personnes habilitées après la découverte de l’essai Recovery. «Le fait que ce produit marche n’est pas surprenant. C’est un puissant anti-inflammatoire», a réagi le Pr Moussa Seydi. Le responsable de la prise en charge médicale des malades Covid au Sénégal s’est cependant gardé de dire s’il envisage d’introduire la Dexaméthasone dans le traitement des cas graves.
En tout cas, les mesures qui ont prévalu, comme la réquisition de médicaments, quand il s’est agi de traiter les patients avec l’hydroxychloroquine n’ont pas été observées pour la dexaméthasone.
Pourtant, depuis le début du mois de juin, le Sénégal a enregistré 50 décès sur un total de 93. Un taux de létalité en hausse qui inquiète la population même si la majeure partie de ces décès dus au Coronavirus, sont survenus hors des structures hospitalières.
Qu’à cela ne tienne, des urgentistes ne seraient pas contre le recours à la Dexaméthasone pour traiter les malades gravement atteints. «La Dexaméthasone est une hormone synthétique qui a en commun avec la fameuse hydroxychloroquine des propriétés anti-inflammatoire et anti-infectieuse. Comme cette dernière qui a fait ses preuves dans nos centres de traitement du COVID, oui on espère bien que la Dexaméthasone fera son effet», nous confie un urgentiste, en contact avec les patients Covid-19.
En revanche, il fait savoir que toute utilisation de cette molécule doit d’abord faire l’objet d’un test préclinique même s’il précise que la Dexaméthasone a toujours été utilisée comme traitement d’accompagnement dans le cas d’une infection grave comme la méningite et certaines infections respiratoires.
Mais pour le moment, le Sénégal semble privilégier le traitement à l’hydroxychloroquine associé à l’azithromycine, surtout qu’une étude menée par le Professeur Moussa Seydi a montré son efficacité dans la prévention des cas compliqués. Or, selon «Recovery», la Dexaméthasone s’est révélée sans bénéfice chez les malades ne nécessitant pas d’assistance respiratoire.
Maderpost / Dakaractu