Au nom du Pape François, le cardinal secrétaire d’État, Pietro Parolin, s’est exprimé dans l’après-midi du mardi 8 novembre à la tribune de la conférence des Nations unies sur la lutte contre les changements climatiques qui se tient à Charm el-Cheikh en Egypte du 6 au 18 novembre. Il s’est notamment inquiété du phénomène croissant des personnes déplacées à cause des bouleversements du climat.
CLIMAT – Marine Henriot – Cité du Vatican
Trois minutes. C’est le temps accordé à chaque chef d’État ou à son représentant pour prendre la parole à la tribune principale durant les deux premiers jours de la COP27. Les mots du numéro deux du Vatican ont donc été choisis et prononcés avec minutie, et le Saint-Siège a profité de cette tribune pour alerter le phénomène croissant des personnes déplacées par les changements climatiques.
Devant les chefs d’Etat du monde entier, le cardinal Pietro Parolin a appelé les différents pays à ne pas laisser ces déplacés climatiques «sans solution tangible». Pour que le statut de ces derniers soit reconnu, il faut désormais considérer la migration comme une conséquence et une «forme d’adaptation» face aux bouleversements climatiques, et accroître «la disponibilité et la flexibilité des voies de migration régulière.»
Un discours dans la foulée des mots du Pape François deux mois plus tôt. En septembre, face à une audience d’universitaires italiens, le Souverain pontife avait expliqué que les changements du climat représentaient un motif de départ de plus en plus important pour des populations vulnérables, «La planète est affaiblie par la surexploitation de ses ressources et usée par des décennies de pollution. De ce fait, de plus en plus de personnes sont contraintes de quitter leurs terres, devenues inhabitables.», avait alors déclaré l’évêque de Rome.
En effet, de l’Amérique centrale à la Corne de l’Afrique, des milliers de personnes doivent déjà quitter leurs terres, devenues invivables. Par exemple, en Somalie à cause de la sécheresse cet été, plus d’un million de personnes ont été contraintes de se déplacer, selon le Haut-Commissariat aux réfugiés de l’ONU.
«L’heure est à la solidarité internationale et intergénérationnelle. Nous devons être responsables, courageux et tournés vers l’avenir, non seulement pour nous-mêmes, mais aussi pour nos enfants», a rappelé le cardinal secrétaire d’État sur les rives de la Mer Rouge, «soit nous gagnons ensemble, soit nous perdons ensemble», a-t-il insisté. Des paroles dans le sens de celles prononcées la veille par Antonio Guterres, le secrétaire général des Nations unies, à cette même tribune: «l’humanité doit coopérer ou périr».
Le Saint-Siège qui a également rappelé qu’il ne fallait pas négliger «l’aspect non économique» des conséquences de la hausse des températures, «Comme la perte de culture ou de patrimoine. Nous avons ici beaucoup à apprendre des peuples autochtones».
Compte à rebours
En Égypte, une COP27 particulièrement attendue par les pays du Sud
Comme de nombreux experts et associations présents à Charm el-Cheikh, le cardinal Parolin s’est dit inquiet de constater que la pandémie de Covid-19 ou les guerres en cours à travers le monde mettent en péril le multilatéralisme et «éclipsent» les efforts faits lors de cette nouvelle COP.
«Nous devons admettre que la voie à suivre pour atteindre les objectifs de l’Accord de Paris est complexe et que nous disposons de moins en moins de temps pour rectifier le tir» a par ailleurs déclaré le cardinal au pupitre, «la COP27 nous offre une nouvelle opportunité, qui ne doit pas être gâchée.»
À Charm el-Cheikh, il s’agit en effet de rattraper le temps perdu, alors que la planète se dirige vers une augmentation de 2,4°c d’ici la fin du siècle, si les pays respectaient leurs engagements. En revanche, dans l’état actuel des choses, avec les politiques menées à présent, le monde s’avance vers un réchauffement catastrophique de +2,8°C, selon les Nations unies.
Première COP en tant que «Partie»
Cette COP sur le continent africain est la première à laquelle le Saint-Siège participe en tant qu’État signataire de la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques (la CCNUC, signée en 1992, lors du Sommet de la Terre à Rio de Janeiro, clé de voute de la politique climatique des Nations unies) et également en tant que signataire de l’Accord de Paris de 2015 lors de la COP21, qui engage les États à prendre des mesures pour limiter le réchauffement climatique.
L’adhésion à ces deux textes majeurs pour la lutte contre les changements climatiques avaient été officialisée par le Saint-Siège le 5 octobre 2022. Ce faisant, le Saint-Siège s’est engagé à ramener ses émissions de gaz à effet de serre à zéro d’ici 2050, à intensifier ses efforts pour améliorer sa gestion environnementale et à promouvoir l’éducation à l’écologie intégrale.
Maderpost / Vatican News