Malgré les préavis, depuis plusieurs mois, pour une démolition du site à usage d’habitation dénommé « Cité Imbécile » situé dans le quartier de Yarakh, à Dakar, les habitants de ce bidonville se sont entêtés à y rester. Dimanche dernier, ils ont reçu la visite des autorités étatiques, accompagnées des Forces de l’ordre, pour les faire quitter des lieux et passer au déguerpissement dudit site qui a déjà démarré. Toutefois, certains sont revenus sur les lieux hier, dans l’espoir de récupérer quelques affaires ou encore d’en découdre avec la Police, sans obtenir gain de cause.
DEGUERPISSEMENT – Hier, lundi 3 juillet 2023, tôt le matin, les habitants de la Cité Imbécile, déguerpis des lieux la veille dimanche, se sont rués vers la zone. Ils ont pris d’assaut la corniche des HLM, cherchant à braver les Forces de défense pour s’introduire à l’intérieur du taudis. Se heurtant à un lourd dispositif sécuritaire à l’entrée de la cité, ces habitants n’avaient que leurs yeux pour pleurer car n’ayant pas les moyens de se payer un logement ou une chambre descente à Dakar.
Face à cette situation, certains cherchent à opter pour la confrontation avec la Police déjà aux aguets. Le débat est vite lancé. Des jeunes, regroupés à hauteur de la case des tout-petits, veulent opter pour la manifestation, en brûlant des pneus afin d’exprimer leur mécontentement face à l’acte posé par le gouvernement du Sénégal. Au même moment, les riverains des HLM tentent, à leur tour, de les dissuader. Une démarche qui aura réussi puissent que des habitants de la Cité Imbécile ont eu à renoncer à cette dernière option.
Selon des victimes, beaucoup de leurs affaires ont été laissées sur place. Il fallait prendre le minimum et chercher où dormir. « Il y a eu la pluie de ce lundi matin. Beaucoup de nos bagages ont été laissé à l’air libre. A notre arrivée, nous nous sommes heurtés à un dispositif de la Police, à l’entrée, qui nous interdit l’accès. C’est vraiment inhumain de la part de l’Etat de jeter des enfants, des femmes, des jeunes ou encore des familles à la rue », a fait savoir Dioumacor Faye.
Et un autre d’ajouter : «la location est très chère à Dakar. Avoir une chambre de 40 mille voir 50mille est un casse-tête. Et les bailleurs refusent un certain nombre de personnes dans une chambre. Ce n’est pas l’envie de chercher qui nous manquait, mais nous n’avons pas trouvé des habitations à la hauteur de nos moyens ».
Toutefois, force est de reconnaitre, selon un agent municipal des HLM, que les habitants de ce site ont tous été informés et ont reçu une sommation pour quitter les lieux. Ce site qui a attiré l’attention du gouvernement a fait plusieurs fois l’objectif de discussion, pour sa réorganisation ou encore la démolition.
Désormais, après le passage des pelles mécaniques et autres bulldozers, il ne reste plus qu’un champ de ruines, avec des amas de gravats, sur ce qui constituait ce bidonville où vivaient plus de 3000 personnes, dans des conditions pas enviables. Ils sont désormais sans toits et évacués dans un site provisoire. Selon le préfet de Dakar, les enfants sont pris en charge au Centre Ginddi par la Direction de la protection civile (DPC). L’opération a eu lieu au moment où plusieurs des habitants du taudis étaient partis à l’intérieur du pays pour les besoins de la Tabaski.
Pour rappel, la cité en question, un quartier flottant érigée au cœur de Yarakh, fait office d’une occupation anarchique par des couches défavorisées. Avec des habitations faites de baraques, elle est aussi connue des riverains pour le banditisme. Plusieurs scènes de violences s’y déroulent chaque année, dont des meurtres. L’année dernière, un mur s’y est affaissé durant la saison des pluies, causant des morts et blessés.
Maderpost / Sudquotidien.sn