Le guide soufi sénégalais Cheikh Ibrahima Niass (1900-1975), fondateur de la cité religieuse de Médina Baye, à Kaolack (centre), a démontré par ses enseignements et la dimension panafricaine de sa démarche de foi que l’unité africaine est ‘’tout à fait possible’’, estime le député Cheikh Tidiane Gadio, ancien ministre des Affaires étrangères.
KAOLACK – ‘’Cheikh Ibrahima Niass, c’est un géant du continent africain, qui a œuvré aussi bien pour l’Afrique que pour le Sénégal. Dans plusieurs pays d’Afrique, les gens ne connaissent pas Dakar ni d’autres contrées du Sénégal, mais les gens vous parlent uniquement de Médina Baye avant de vous expliquer leurs relations avec Cheikh Ibrahima Niass’’, a-t-il déclaré.
Cheikh Ibrahima Niass, également appelé Baye Niass, est un ‘’trésor dont nous devons être fiers et nous en réjouir, nous Sénégalais’’, ajouté l’ancien ministre des Affaires étrangères.
Il intervenait à un symposium organisé en prélude au Gamou, à Médina Baye, sur le thème : ‘’La diplomatie religieuse de la Fayda, un pilier de paix et de cohésion sociale dans le monde’’.
Cheikh Tidiane Gadio a insisté sur les bonnes relations de Baye Niass avec de grandes personnalités comme Gamal Abel Nasser Hussein (1918-1970) et les leaders du groupe de Casablanca, notamment le roi Mohammed V.
Le groupe de Casablanca était une association informelle d’Etats africains, créée au début des années 1960 et qui dura peu de temps. Il rassemblait des Etats partageant la même vision du futur de l’Afrique et du panafricanisme.
‘’Nous sommes attaqués de toutes parts sur le plan religieux. Pourtant, partout dans le monde, on peut aller enseigner notre religion, l’islam (…) Ici, au Sénégal (…), vous pouvez trouver des enseignants capables de vous dire les tenants et les aboutissants de notre religion’’, a insisté M. Gadio.
‘’Il nous manque seulement de leadership et de stratégie’’
Selon l’ancien ministre des Affaires étrangères, sur ce point, le Sénégal peut compter sur ‘’des fils de valeur’’. Il a cité Cheikh Oumar Foutiyou Tall, Cheikh Ahmadou Bamba Mbacké, El Hadji Malick Sy, Seydina Limamou Laye, Boucounta Ndiassane, El Hadji Abdoulaye Niass. ‘’Et tant d’autres comme Cheikh Ibrahima Niass, Monseigneur Hyacinthe Thiandoum, l’un des premiers cardinaux africains.’’
‘’L’Afrique a toujours été première partout. Et comme disait Cheikh Anta Diop, le grand destin du Sénégal, c’est dans l’Afrique (…) Nous avons tout ce qu’il nous faut pour rivaliser avec les grands de ce monde, mais la force d’un pays, c’est sa jeunesse. Il nous manque seulement de leadership et de stratégie’’, a-t-il soutenu.
L’unité africaine est donc ‘’possible, ce n’est pas de l’utopie, c’est une certitude et El Hadji Ibrahima Abdoulaye Niass, fondateur de la Fayda tidjaniya, peut en être un moteur’’, a soutenu Cheikh Tidiane Gadio.
‘’Nous sommes très impatients de voir l’Afrique faire ce qu’elle doit faire’’, en droite ligne de l’action de ‘’Kwame Nkrumah, qui, durant toute sa vie, a prôné l’unité africaine’’. Cheikh Anta Diop (1923-1986) ‘’a donné toutes les raisons qui plaident en faveur de cette unité du continent’’, là où Marcus Garvey (1887-1940) ‘’a été le premier à dire ‘Vive les Etats-Unis d’Afrique !’, sans compter Mawlana Cheikh Ibrahima Niass, qui a ajouté la dimension non seulement spirituelle’’, mais a aussi inscrit cette perspective ‘’dans la pratique’’, a-t-il fait valoir.
D’après Cheikh Tidiane Gadio, par sa démarche, le fondateur de la cité religieuse de Médina Baye ‘’a démontré que cette unité africaine tant chantée presque partout en Afrique, par des leaders charismatiques, est tout à fait possible’’.
‘’Quand on voit un Cheikh Ibrahima Niass (…) tenir la main de Kwame Nkrumah, en pleine discussion teintée de sourires, cela signifie que Nkrumah avait compris quelque chose que les autres leaders ne comprenaient pas’’, a déclaré Cheikh Tidiane Gadio.
Maderpost / Aps