Avec l’agression de la forêt classée de Tendouck, dans le département de Bignona, il y a des risques d’un deuxième Boffa-Bayotte qui planent dans cette partie du Blouf. Une dizaine d’individus a été arrêté puis remis aux autorités des eaux et forêts alors qu’ils coupaient des troncs d’arbres.
TENDOUCK – Le Comité de surveillance de la forêt classée de Tendouck Apoya Karamba, très remonté contre le pillage de l’une des dernières réserves forestières dans cette partie nord de la Casamance, met l’Etat devant ses responsabilités. Le pillage criminel de la forêt casamançaise se poursuit toujours malgré les mesures dissuasives prisent par le gouvernement depuis le massacre de Boffa-Bayotte. La forêt classée de Tendouck est donc la dernière victime de cette coupe abusive de bois. Le dimanche 12 décembre, lors du congrès villageois de Tendouck, le comité d’alerte et de veille pour la protection de la forêt dénommée Apoya Karamba en langue diola a signalé la présence d’exploitants forestiers dans la forêt classée à presque 5 km du village. Arrivée sur les lieux, le comité a découvert avec stupéfaction le déroulement des évènements. « Quand nous sommes arrivés, il y avait 4 troncs d’arbres qui ont été abattus. Les arbres, ce sont les caïlcédrats et des linqués. Des troncs qu’ils ont déjà transformés en planche. Le premier tronc, on a trouvé là-bas 13 planches. Ce sont des planches de 8 à 12 mètres. Le deuxième tronc est de 15 planches et les autres ont été coupés », se désole Yaya Diémé, président du comité de veille Apoya Karamba, chargé de protéger la forêt. « Nous avons mis la main sur 8 personnes que nous avons remis au service des Eaux et forêts. Ils étaient tous équipés de tronçonneuses », a dit M. Diémé.
« Ils ont failli nous attaquer avec leurs tronçonneuses »
Le président du Comité de veille demande aux autorités de prendre leurs responsabilités avant que l’irréparable ne se produise. Il prévient : « On considère que cette affaire est très grave et inadmissible. Pour vous dire quand on a trouvé ici les exploitants, ils ont failli nous attaquer avec leurs tronçonneuses, ce qui veut dire que le problème de Boffa Bayotte peut se reproduire. Donc, nous demandons à l’Etat de nous aider à protéger la forêt parce que nous ne reculerons pas, quelle que soit la menace. » Le comité de veille réclame des éclaircissements sur la vente aux enchères du bois saisi. « Le produit qu’on avait saisi en 2014 a été vendu devant tout le monde aux enchères. Il y avait une partie qui est revenu à la commune, une partie au comité et l’autre partie à l’Etat. Mais cette fois, ça ne s’est pas passé comme de la même façon. On s’interroge même sur la précipitation des Services des Eaux et forêts pour évacuer le produit », regrette M. Diémé.
Le chef du village de Tendouck remet en cause l’efficacité des mesures mises en œuvre dans le cadre de la lutte contre l’exploitation illicite des forêts en Casamance. Il invite les autorités à mettre l’accent sur l’équipement des Services des Eaux et forêt pour une meilleure surveillance des forêts. « Malheureusement, ce que nous constatons, c’est qu’il y a toujours cette pression sur le bois. Quelles que soient les mesures de l’Etat, les gens arrivent toujours à s’infiltrer et piller la forêt. L’Etat doit renforcer davantage la surveillance, soit en dotant les services des Eaux et forêts de moyens pour pouvoir surveiller mais surtout de collaborer avec les populations parce que seules les populations peuvent aider à régler cette situation », a indiqué Mamina Goudiaby, le chef de village de Tendouck. Le Comité de veille Apoya Karamba exige l’ouverture d’une enquête sérieuse pour punir sévèrement les gens qui continuent de piller la forêt casamançaise.
Maderpost / Emedia