Nous voilà enfin dans le feu de la campagne électorale de la présidentielle du 24 mars 2024, ce n’est certes pas encore l’effervescence mais cela ne saurait tarder quand bien même le plus important ne serait pas dans la forme que revêtira l’exercice même si l’opération de charme pourrait peser mais dans l’offre que nous feront les 19 candidats.
PRESIDENTIELLE – Les slogans rivalisent d’ardeur, les promesses pleuvent, l’écoute des masses populaires davantage électrices est attentive afin de faire le bon choix au soir d’une présidentielle qu’elle voudra absolument libre, apaisée et transparente, sans contestation gravissime.
C’est dire qu’en cette présidentielle de 2024, les acteurs ne sont pas les seuls candidats dans ce que l’opinion considère comme le rendez-vous des 19 hommes et femme avec leur peuple, mais aussi les électeurs qui éliront leur président, pour la première fois, sur la base des offres soumises à leur choix.
En 2000 comme en 2012, les deux alternances politiques sont plutôt issues du dégagisme, une logique se voulant conséquente aux lassitudes provoquées, d’abord par le long règne du Parti socialiste (40 ans), ensuite celui despotique des libéraux.
En 2024, il pourrait en être de même si l’idée du dégagisme est alimentée, voire théorisée par les pro antisystèmes de l’ex-Pastef. L’idée pourrait prospérer et grossir chez les jeunes traversés par un courant de révolte au Sénégal et en Afrique contre l’establishment qu’ils estiment aux ordres des anciennes puissances coloniales, notamment la France chassée du Mali, du Niger et du Burkina Faso et en perte de vitesse en Afrique de l’Ouest.
Le discours anti néocolonialiste grandissant n’est pas sans noter la présence tout aussi grandissante de Moscou dans la nouvelle géopolitique se dessinant dans la sous-région. Voilà une situation que certains Etats africains devront analyser afin d’anticiper, prévenir et tirer leur épingle du jeu du nouvel ordre monétaire voire mondial.
Face à ce vent anti système qui balaie l’Afrique s’oppose les anti thésards du populisme qu’ils considèrent être la seule offre programmatique. Il n’empêche que les jeunes de ce 21e siècle disent exactement la même chose que les générations précédentes, avec une arme que celles-ci n’avaient pas à leurs époques, la révolution numérique et ses réseaux sociaux.
Cela dit, il serait léger de croire que la candidat Bassirou Diomaye Faye n’a dans son sac qu’un discours populiste, belliqueux voire salafiste comme offre de société. Il a un projet d’un Sénégal « juste et prospère » s’articulant sur 5 axes consacrés à l’économie endogène, la souveraineté alimentaire avec une réforme monétaire permettant au Sénégal de se « doter de sa propre monnaie » et une politique fiscale « novatrice, efficace, efficiente, équitable et transparente ».
« Nous développerons un secteur privé très fort (politique de priorités nationales-formalisation du secteur informel) en renforçant les capacités des entreprises et développant des chaînes de valeur des produits miniers et pétroliers », informe le camp de Bassirou Diomaye Faye.
La suite de la campagne, probablement en compagnie de son mentor Ousmane Sonko véritable phénomène politique au Sénégal et en Afrique en dira davantage sur son programme et son idéologie qui ne se veut ni de droite ni de gauche mais plutôt transversale.
Face á ce pro anti système se présente une partie incarnant le système, la vieille garde, parmi laquelle le tout nouvel ex-Premier ministre de Macky Sall et candidat de la mouvance présidentielle, Amadou Ba, Habib Sy, Idrissa Seck qui pourrait hériter d’une partie des électeurs du PDS sans candidat après la défenestration de Karim Wade par le Conseil constitutionnel.
Désigné par le président sortant qui n’en rajoute pas à son propos depuis son choix, Amadou Ba défenseur des « acquis » et la « poursuite du Plan Sénégal Émergent » s’est rendu à Touba le week-end dernier pour dit-on prendre la bénédiction du khalife général des mourides. Il y a lieu de préciser cependant qu’il bruisse beaucoup de coups et contre coups dans son camp divisé par les candidatures de Mame Boye Diao, Mahammad Boune Abdallah Dionne, Aly Ngouille Ndiaye qui ont décidé de briguer la présidentielle en dépit des appels á l’unité.
A côté de ces messieurs « incarnant le système », l’ancien Premier ministre Idrissa Seck sur lequel le PDS ne veut pas jeter son dévolu pour boucher le trou laissé béant par l’invalidation de Karim Wade et à qui par ailleurs l’ancien camarade de parti et candidat Déthié Fall a chipé des électeurs, le peu connu Aliou Mamadou Dia, l’ancien Directeur général de la Douane Boubacar Camara, Habib Sy, Ababacar Khalifa Sall, le Pr Daouda Ndiaye, Cheikh Tidiane Dièye, l’homme d’affaire Serigne Mboup, le journaliste Pape Djibril Fall, l’économiste Mamadou Lamine Diallo, Al Hadj Malick Gackou, Thierno Alassane Sall et la seule femme, l’industrielle Anta Babacar Ngom.
Quasiment tous les candidats présentent à quelques différences près les mêmes programmes et réformes dans les domaines de la justice avec notamment la suppression du Conseil constitutionnel, la mise en place d’un juge des libertés et la diminution des pouvoirs du procureur de la République voire son éloignement du ministère de la Justice. Les candidats parlent aussi du capital humain en mettant l’accent sur l’éducation, la formation. La transformation est aussi au programme, tout comme la santé, le secteur digital, etc.
Peu ou personne ne dit cependant comment ils opéreront les changements qui rendront meilleure la vie des Sénégalais.
Maderpost / Charles Faye