Le groupe État islamique a revendiqué dans la nuit de jeudi 21 à vendredi 22 janvier, à travers son organe de presse Amaq, le double attentat suicide qui a fait, plus tôt dans la journée, 32 morts et 110 blessés sur un marché très fréquenté de Bagdad.
ATTENTATS -Un premier homme a déclenché sa ceinture explosive au beau milieu de vendeurs et de badauds sur le marché de vêtements d’occasion de la place Tayaran, a expliqué le ministère de l’Intérieur. Alors qu’un attroupement se formait pour tenter de venir en aide aux victimes, un second kamikaze a fait détoner ses explosifs, a-t-il ajouté.
Ce mode opératoire a déjà été utilisé par le passé par le groupe État islamique, qui a occupé près du tiers de l’Irak en 2014 avant que Bagdad ne déclare avoir gagné sa guerre contre les jihadistes fin 2017. Depuis, des cellules jihadistes se terrent dans les nombreuses zones montagneuses et désertiques du pays. Depuis la “libération” toutefois, le groupe État islamique n’a revendiqué que des attaques de faible envergure, menées généralement de nuit contre des positions militaires dans des zones isolées, loin des villes.
Élections en discussion
Un attentat avec exactement le même mode opératoire avait déjà endeuillé cette même place, faisant 31 morts, il y a trois ans quasiment jour pour jour. Comme en 2018, cette attaque intervient alors que les autorités discutent de l’organisation d’un scrutin législatif, une échéance régulièrement accompagnée de violences en Irak.
Le gouvernement avait promis l’élection anticipée d’un nouveau Parlement pour juin. Mais les autorités proposent maintenant de la reporter à octobre, afin de donner plus de temps à la Commission électorale pour organiser le scrutin.
De nombreux politiciens disent toutefois douter de la tenue d’élections anticipées – en juin comme en octobre – car la condition sine qua non est une dissolution du Parlement. Or, seuls les députés peuvent voter leur propre dissolution et aucun n’a donné d’assurance en ce sens.
Condamnations internationales
Le président Barham Saleh a dénoncé sur Twitter des “tentatives malignes de faire trembler la stabilité du pays”, tandis que le Premier ministre Moustafa al-Kazimi a annoncé avoir remplacé des hauts gradés après l’attentat.
“Un acte aussi ignoble n’affaiblira pas la marche de l’Irak vers la stabilité et la prospérité”, a réagi la mission de l’ONU dans le pays.
Le pape François, qui doit se rendre en Irak du 5 au 8 mars, s’est dit “profondément attristé” par cet “acte de brutalité insensé”.
Les États-Unis, la France, l’Union européenne et l’Otan ont condamné fermement ces attaques et apporté leur soutien à l’Irak, tandis que l’Iran a estimé que ces attentats avaient pour but de “perturber la paix et la stabilité” en Irak.
Cette attaque intervient alors que les États-Unis ont réduit le nombre de leurs soldats en Irak à 2 500 hommes, une baisse qui “reflète la hausse des capacités de l’armée irakienne”, selon les mots du chef du Pentagone, Christopher Miller. Cette réduction “ne signifie pas un changement dans la politique des États-Unis”, a-t-il souligné. “Les États-Unis et les forces de la coalition restent en Irak pour assurer une défaite durable” du groupe État islamique.
Maderpost / AFP