Le Premier ministre estime que la motion de censure de Yaw, qualifiée par ses auteurs de motion de défiance à l’égard du Pm qui n’a pas voulu se soumettre au vote de confiance des députés, est inadéquate.
MOTION DE CENSURE – D’après Amadou Ba, celle-ci «se fonde sur la volonté de transformer en obligation ce que l’article 55 de notre Constitution considère comme une vacuité laissée à l’appréciation du Premier ministre après sa nomination». Amadou Ba explique en précisant qu’après la Dpg devant l’Assemblée nationale, le Pm peut donner lieu à un vote de confiance après les débats. «Cette prérogative qui consiste pour le Pm à provoquer le vote de confiance, est différente de la motion de censure qui nous réunit aujourd’hui», fait-il remarquer. «Dire dans la motion qu’il a refusé de poser la question de confiance à la suite de sa Déclaration de politique générale, signifie que le Pm a décidé de bloquer la démocratie par une attitude de défiance à la légitimité du suffrage universel.» De l’avis du Pm, cela «constitue une véritable distorsion de langage» et «les rédacteurs de ce texte ont transformé une faculté en une obligation». Et le Pm de rendre l’ascenseur à ses détracteurs : «Vous projetez sur le Premier ministre les intentions qui sont les vôtres. Vous cherchez vous-mêmes à bloquer la démocratie par une attitude de défiance analysée au suffrage universel», leur dit-il.
Les arguments de Biram Souleye Diop
Auparavant, pour le président du groupe parlementaire auteur de la motion de censure, «voter la motion de censure, c’est confirmer que les Sénégalais, dans une large majorité, ne sont pas convaincus de la Déclaration de la politique générale du Premier ministre». A l’en croire, les résultats des élections législatives montrent que les Sénégalais veulent la rupture. «Ils ont sanctionné votre politique en envoyant fortement l’opposition à l’Assemblée nationale», martèle Biram Souleye Diop.
Selon toujours le député de l’opposition, les Sénégalais veulent une démocratie apaisée. Mais «vous continuez à emprisonner, torturer, et les membres de nos Forces de sécurité disparaissent sans que les véritables questions ne soient posées. Ils veulent une politique économique exclusivement centrée sur les intérêts de nos compatriotes. Ils veulent une gouvernance transparente. Vous êtes dans la nébuleuse sur le foncier, le pétrole et le gaz, le patrimoine immobilier de l’Etat, sur les finances de l’Etat et sur la mobilisation des ressources fiscales. Les Sénégalais veulent un enseignement de qualité, un accès à la santé et la satisfaction des besoins primaires», énumère-t-il en précisant au Pm qu’«en inscrivant votre politique générale dans la continuation, et en faisant l’éloge des résultats, vous avez fini de montrer que vous n’êtes pas à l’écoute du Peuple, que vous préservez des intérêts qui sont différents de ses intérêts». Une preuve, pour lui, que Amadou Ba ne fera rien pour lutter contre la corruption. Ce qui l’amène à dire qu’en s’inscrivant dans cette continuité, le Pm présente «un bilan en béton et en bâton». «Béton pour les chantiers, bâton pour les prisonniers politiques, pour les contraintes sur les hommes politiques, pour les pouvoirs qui sont reconnus à une personne et qui ne sont pas respectés.» Dans son exposé, il a déclaré que le gouvernement cherche à amnistier Karim Meïssa Wade et Kahalifa Abacar Sall qui n’ont jamais formulé la demande dans ce sens. Pire, ajoute le député, «une plainte est déposée contre une personne devant la Justice et on lui confère, par hasard, une immunité».
Maderpost / Le Quotidien