EMIGRATION – Dans le nouvel accord de coalition gouvernementale allemande, l’Afrique est présente, notamment sur les questions de sécurité et d’immigration. Le point sur la coopération future entre l’Allemagne et les Etats africains.
Pour la quatrième fois depuis 2005, Angela Merkel a été élue par les députés et pris mercredi (14 mars) la tête d’un gouvernement allemand.
La chancelière, élue par la chambre basse du parlement, le Bundestag, a ensuite tenu un premier Conseil des ministres mercredi après-midi avant d’entamer un voyage vers la France vendredi (16 mars) pour une rencontre avec le président français, Emmanuel Macron.
Les principales politiques ont été négociées dans un traité de coalition de 177 pages au sein desquelles l’Afrique est présente, notamment sur les questions de sécurité et d’immigration.
L’Allemagne porte un réel intérêt au continent même s’il est difficile de dire quelle forme de coopération future elle engagera avec les Etats africains.
L’Afrique occupe une place non négligeable
Le continent africain est cité 28 fois sur 177 pages que comprend l’accord de coalition passé entre CDU/CSU et SPD. Une continuité des années précédentes puisqu’après avoir longtemps ignoré l’Afrique, l’Allemagne s’y intéresse depuis plusieurs années.
Les experts parlent de “stratégie africaine“, ce que le nouveau gouvernement entend poursuivre, selon Andreas Mehler, directeur de l’Institut Arnold-Bergstraesser, qui dit son “étonnement [de voir que] l’Afrique fait partie des priorités. Elle est souvent mise en avant dans cet accord de coalition. Si on compare par rapport aux précédents contrats de coalition, je crois que c’est la première fois que le continent est autant mis en avant.”
Le gouvernement veut d’abord mettre en place des mesures économiques : de nouvelles actions en faveur des entreprises pour qu’elles puissent venir s’installer en Afrique sans prendre trop de risques.
Mais Andreas Mehler n’y croit pas trop. Selon lui, “il ne faut pas s’attendre à ce que les investisseurs allemands fassent la queue pour s’installer en Afrique. Les opportunités de marché sont relativement faibles, dans le sens ou l’Allemagne exporte des technologies qui ne sont souvent pas compatibles avec la demande africaine.”
Une aide au développement plus ciblée
Autre point important de la politique allemande : l’aide au développement. Le gouvernement veut continuer à miser dessus en augmentant ses dépenses dans le domaine.
Deux milliards d’euros sont prévus pour des formations ou des start-up par exemple. Par ailleurs, le ministre Gerd Müller qui gère ces dossiers reste en place et connaît donc le domaine.
Mais certains comme le porte-parole du parti des Verts, Uwe Kekeritz, mettent en garde contre le manque d’influence de ce ministère dans le gouvernement.
Celui-ci rappelle que “par le passé, beaucoup de groupes de travail ministériels ont montré leurs limites. On s’est retrouvé avec des groupes qui ont passé beaucoup de temps à se disputer entre ministères et c’est vraiment un gros problème.”
À côté de ces projets économiques et sociaux encore parfois flous, l’Allemagne veut aussi redorer son image, notamment pour ce qui concerne son passé colonial.
En revanche, aucune excuse n’est prévue pour le génocide de Hereros et Nama dans l’actuelle Namibie. Une vraie faute stratégique et politique pour certains.
dw.com