Le leader du FGSD/BJ etait l’invité du Jury du Dimanche (Jdd), ce dimanche 6 novembre. Cheikh Bamba Dieye, comme c’est de lui qu’il s’agit, s’est prononcé sur les questions qui agitent le landerneau politique sénégalais. La présidentielle de 2024, l’amnistie, l’affaire Sweet Beauty, l’audition d’Ousmane Sonko par le doyen des juges, jeudi dernier et les accusations qu’il a proférées contre des autorités politiques et judiciaires, entre autres questions d’actualités.
POLITIQUE – Le chef de l’État a demandé au ministre de la Justice de trouver la meilleure voie pour permettre à des personnes qui ont maille à partir avec la Justice de recouvrer leurs droits civiques et politiques. Il s’agit, soit d’une amnistie ou d’une modification du code électoral. Invité de l’émission Jury du Dimanche sur la 90.3 IRadio, Cheikh Bamba Dieye du Front pour le socialisme et la démocratie/Benno Jubël (Fsd/Bj) est très préoccupé par ces sujets parce qu’ils posent, selon lui, deux problèmes. « Le premier, c’est est-ce que les politiques au Sénégal doivent se payer la tête des citoyens ? Ou est-ce qu’il faudrait faire de sorte que les lois de la République soient des lois personnelles et de portée générale ? », s’interroge-t-il. Avant de répondre pour dire que : « nous avons eu plusieurs amnisties dans notre pays. Comment justifier devant les citoyens la liberté que nous aurons nous acteurs politiques de faire ce que nous voulons de l’argent du pays, de la sécurité des citoyens, des biens des citoyens et qu’à la fin on se réunit pour encore aller à l’Assemblée nationale et effacer tout.
Quelle est la qualité ou le crédit à apporter à un acteur politique qui doit sa survie à une amnistie. Ça, c’est un problème de fond qu’il faut poser ». Est-ce la solution ? Il rétorque : « je ne pense pas que ça soit la solution. Je suis totalement opposé à toute forme d’amnistie. Parce que ce qui n’est pas offert aux citoyens sénégalais ne doit pas l’être à disposition des acteurs politiques. Les vis on doit les serrer beaucoup plus pour ceux qui gèrent les deniers publics et pour ceux qui ont les destinées de ce pays entre leurs mains ».
Par ailleurs, il n’est pas surpris d’entendre Karim Wade refuser l’amnistie. « Pour la bonne et simple raison que si vous devenez président de la République même si on a effacé l’infraction dans la tête des gens, ce phénomène-là ne sera jamais enlevé. Et la politique doit être conforme à ce que nous pensons, ce que nous entendons et ce que nous croyons.
Il faut mettre de côté l’amnistie, réviser le code électoral, laisser la liberté seule aux juges de décider si tel ou tel mérite de participer aux élections », préconise Cheikh Bamba Dièye.
Le leader du Pastef, Ousmane Sonko, a été auditionné, jeudi dernier, dans l’affaire Adji Sarr. Contrairement à ce qui s’était passé au mois de mars 2021, aucune manifestation violente n’a été notée. Interrogé sur le sujet lors de l’émission Jury du Dimanche, Cheikh Bamba Dièye du Front pour le socialisme et la démocratie/Benno Jubël (Fsd/Bj) a indiqué que : « j’ai la conviction et le sentiment que lorsque la loi est respectée, lorsque les formes sont en place et qu’on donne à chacun l’entièreté de ses responsabilités, on arrive à l’essentiel. On arrive à faire ce que l’on veut sans pour autant entrer dans une série de violences. Ce n’est pas intéressant. Ce n’est pas important. Nous déplorons toujours les 14 morts. Parce que des pertes en vies humaines aucun acteur politique ne peut le rembourser. Aucun pouvoir ne peut se substituer à ces pertes. C’est pourquoi il est bon à l’endroit du pouvoir de souvent écouter les citoyens et de respecter la loi ».
Donnant sa posture dans cette affaire, il a affirmé que Sonko est un justiciable comme tous les sénégalais. « Je pense qu’il est allé avec un faisceau de 16 avocats. Donc, il a eu à définir sa stratégie de défense. Il faut qu’on sache qu’au Sénégal pour être juge il faut le choisir. On décide de faire carrière dans cet exercice-là. Et à mon avis, ce qui est important pour nous citoyens c’est que nous puissions prendre un peu de distance et laisser deux sénégalais qui ont un contentieux devant le juge avec leurs avocats trouver le meilleur moyen pour chaque partie pour véritablement avoir le droit avec lui. À mon avis, ce qui est important au Sénégal c’est que la justice soit une réalité. Tout le monde est attentif, tout le monde regarde », soutient l’invité du JDD. Selon lui, ils ne vont pas accepter que la justice soit instrumentalisée pour, comme il l’a dit, annihiler un probable candidat à l’élection. « Je pense que c’est inacceptable et une injure aux sénégalais. Ce qui est important c’est que la justice soit là pour toutes les parties », a-t-il ajouté.
S’agissant du refus de Ousmane Sonko de se soumettre à un test ADN, Cheikh Bamba Dièye dit comprendre le leader du Pastef. « Parce que même dans notre propre législation on n’est pas contraint à faire ce test. Il a le droit de ne pas avoir confiance parce qu’il y’a eu une histoire dans notre pays. De ce point de vue, qu’il y est des mesures prudentielles à prendre dans cette affaire pour ne pas s’exposer ou pour ne pas prêter le flanc s’il l’a fait avec l’assentiment de ses avocats, moi je n’ai absolument aucun problème à ce niveau-là », a-t-il aussi dit.
Par ailleurs, on constate au Sénégal que les débats posés lors de l’instruction d’un dossier se retrouvent le lendemain dans les journaux. Interpellé sur cela, Cheikh Bamba Dièye pense que : « au Sénégal, on a un véritable problème avec le secret de l’instruction. Pas seulement dans cette affaire, mais partout. Je n’ai pas l’impression dans la posture de Sonko qu’il puisse violer le secret de l’instruction. Puisque c’est un justiciable qui a été convoqué par un juge. Ce n’est pas à son niveau qu’il faut regarder le problème-là. Le problème il est au niveau des cabinets des juges, au niveau des forces de défense et de sécurité et au niveau de l’Etat. Aujourd’hui, si ce qui se fait au tribunal se retrouve dans la rue se sont ceux qui sont aux commandes au tribunal qu’il faut interpeller », renseigne l’invité du JDD.
Maderpost / Emedia