Après leur prise de pouvoir en Afghanistan, le dimanche 15 août, les talibans ont dit vouloir mettre en place un gouvernement inclusif, tolérant envers leurs opposants. Ils n’ont « aucune intention de se venger », affirme leur porte-parole. Mais, sur place, la situation est bien différente. Selon un rapport de l’ONU, les insurgés ont mis en place une traque pour retrouver leurs anciens ennemis. Par ailleurs, l’insécurité alimentaire ne cesse de croître dans le pays.
ONU – Les talibans posséderaient « des listes prioritaires » de personnes qu’ils souhaitent arrêter, d’après l’ONU. Il s’agit surtout d’anciens fonctionnaires et soldats afghans. Tous ont travaillé ou combattu aux côtés des forces américaines et de l’Otan. Pour les retrouver, les talibans font du porte-à-porte. Ils se rendent directement au domicile des personnes ciblées et n’hésitent pas à menacer les membres de leur famille s’ils refusent de se rendre.
Parfois, ils passent même à l’acte : il y a une semaine, des dizaines de corps d’anciens soldats afghans ont été retrouvé à Kandahar, dans le sud du pays. Près de 10 000 autres seraient en train de se cacher, rapporte le New York Times. Les minorités ethniques et religieuses du pays, aussi, seraient la cible des talibans. Neuf hommes de la communauté chiite des hazaras ont été torturés et exécutés par les insurgés, indique Amnesty International. Cela s’est passé au début du mois de juillet, dans la province de Ghazni, à l’est.
De leur côté, les journalistes ne sont pas épargnés.Un proche d’un journaliste de la Deutsche Welle, le radiodiffuseur public allemand, a été retrouvé mort. Cette semaine, les taliban ont fouillé les domiciles « d’au moins quatre journalistes et employés de médias », selon le Comité pour la protection des journalistes. Deux autres ont été frappés à Jalalabad.
Insécurité alimentaire
Par ailleurs, l’insécurité alimentaire en Afghanistan, en raison des effets combinés de la guerre dans le pays et des conséquences du réchauffement climatique, ne cesse de croître, alerte le Programme alimentaire mondial. « Un Afghan sur trois, dit Kun Li, porte parole du PAM – ce qui représente 14 millions de personnes – est en situation d’insécurité alimentaire et deux millions d’enfants souffrent de malnutrition et nécessitent un traitement urgent. 2021 a déjà été une année particulièrement difficile et de loin. Il y a eu une sécheresse sévère, la deuxième en seulement trois ans. »
« De nombreux Afghans affectés par la dernière sécheresse en 2018 et 2019, poursuit la porte-parole du PAM, vivent toujours dans des camps et n’ont pas pu retourner chez eux. Et, depuis l’apparition du Covid-19, le prix des denrées alimentaires n’a cessé d’augmenter. Les mois qui viennent s’annoncent extrêmement difficiles pour la population afghane, qui va aussi devoir affronter prochainement un hiver redoutable. Hormis Kaboul, nos équipes œuvrent à Hérat, à Mazar-i-Sharif et Kandahar… Et notre plus grand défi c’est la sécurité, car nous ne pouvons pas accéder à toutes les régions. Les combats doivent cesser pour que nous puissions acheminer l’aide alimentaire et nutritive à toute les personnes qui en ont besoin en cette période décisive ».
Maderpost / Rfi