L’aéroport de Sanaa, aux mains des rebelles houthis, est depuis mardi fermé aux avions humanitaires et à ceux de l’ONU. La faute à des frappes de la coalition emmenée par l’Arabie saoudite. Riyad dit riposter à des attaques de drones des Houthis. Mais les conséquences sont directes pour les ONG et par extension pour les civils qui vivent de l’aide humanitaire.
SANAA – Après les frappes de la coalition, l’aéroport de la capitale yéménite n’était plus en mesure mardi 21 décembre de recevoir des avions des Nations unies et des organisations humanitaires internationales.
Lundi soir, la coalition avait affirmé avoir mené « des frappes aériennes précises et limitées visant des cibles militaires légitimes à l’aéroport international de Sanaa ». Une opération « menée en réponse à la menace et à l’utilisation des infrastructures aéroportuaires pour lancer des attaques transfrontalières », précisait-elle dans un communiqué, cité par l’agence officielle saoudienne SPA. Les forces de la coalition ont visé six cibles dans l’aéroport, notamment des sites destinés à « mener des attaques aux drones piégés » et à « former des éléments terroristes » à ces engins, a-t-elle ajouté.
Selon la coalition, les raids saoudiens ne sont pas de nature à « affecter les capacités opérationnelles » de l’aéroport et sont « conformes au droit international humanitaire ». Mardi, la coalition a déclaré que les aéroports saoudiens étaient prêts à recevoir des vols humanitaires pour le Yémen, dont l’aide sera acheminée via des « points d’accès » sous la supervision de l’ONU, selon un communiqué diffusé par la télévision d’État saoudienne El-Ekhbariya.
« La fermeture de l’aéroport de Sanaa impacte forcément nos projets dans le nord du Yémen »
L’ONU, de son côté, a réitéré son appel à maintenir ouvert l’aéroport de Sanaa. « Nous appelons toutes les parties à maintenir l’aéroport ouvert pour les opérations humanitaires », a déclaré mardi à la presse le porte-parole adjoint des Nations unies, Farhan Haq, précisant que « l’équipement nécessaire au maintien des vols humanitaires doit être préservé pour qu’il reste opérationnel ».
« L’activité qu’on mène dans le nord du Yémen dépend entièrement de l’aéroport de Sanaa. C’est le seul moyen pour notre staff médical et non médical international d’arriver dans le nord du Yémen, explique Evgenia Zelikova est responsable adjointe de la cellule Yémen chez Médecins sans frontières. C’est aussi notre approvisionnement en médicaments et l’équipement médical, ainsi que l’équipement logistique. Donc la fermeture de l’aéroport de Sanaa impacte forcément nos projets dans le nord du Yémen. Ce n’est pas la première fois que l’aéroport est fermé depuis le début du conflit. À chaque fois, la fermeture prolongée de l’aéroport nous pose des difficultés pour mener nos activités. »
L’ONU n’a plus les fonds nécessaires
Par ailleurs, l’ONU s’est dite, mercredi 20 décembre, « contrainte » de réduire l’aide alimentaire au Yémen faute des fonds nécessaires, écrit l’AFP. Les Nations unies mettent en garde contre une augmentation de la faim dans ce pays en guerre, ravagé par l’une des pires crises humanitaires au monde. « À partir de janvier, huit millions de personnes recevront une ration alimentaire réduite », a précisé le Programme alimentaire mondial (PAM), craignant des « réductions encore plus sévères bientôt inévitables ».
Maderpost / Rfi