La maison du lion, « Mbinde Diogoye » en sérère, est le musée où l’on garde jalousement les œuvres de Léopold Sédar Senghor. Mais, cet endroit, presque à l’abandon, est aujourd’hui dans un état de délabrement qui met le conservateur dans tous ses états.
MUSEE – « Mbinde Diogoye » ! Ici, c’est la maison d’enfance de l’ancien président de la République, Léopold Sédar Senghor. Il est devenu le musée où l’on garde précieusement les œuvres de ce dernier.
Situé en face du marché du village, ce musée offre un visage pas du tout reluisant. Il est dans un état de délabrement inquiétant. Ses mûrs défraîchis en sont témoins. Il faut grandement écarquiller les yeux pour voir l’image de Senghor sur le mur.
Dans la cour, des feuilles mortes traînent sur le sol. Les deux bâtiments sont hermétiquement fermés. La statue de Senghor réclame de l’entretien. Un des bâtiments qui abrite la chambre d’enfance de Senghor où tout le meuble est complément en ruine, sinon tout a été perdu. L’autre compartiment dont les chambres servent à garder des anciens objets, des calebasses, des mortiers, des tissus traditionnels, très poussiéreux. Le ciment du sol étiré, pour montrer l’état piteux que présente la maison paternelle du poète
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L’odeur des moisissures attaque les visiteurs. Étienne Dieng est le conservateur du musée. L’homme a le cœur meurtri. Impuissant face à l’état de délabrement avancé de ce bâtiment, il n’a que ses yeux pour pleurer, sa bouche pour dénoncer. Il indexe la responsabilité de l’Etat du Sénégal qui, selon lui, n’a rien fait pour préserver ce patrimoine précieux.
« Les autorités étatiques n’ont rien fait pour la prestance de ce bâtiment. Tantôt on nous dit que c’est la mairie qui doit le gérer, tantôt on jette la responsabilité sur le ministère de la Culture. L’image que montre ce musée n’est pas digne pour Senghor encore moins pour le Sénégal. Feu le président-poète, homme de lettres et de Culture, ne mérite pas ça. Son legs doit être précieusement préservé. C’est une honte », dénonce-t-il. Il ajoute : « Le matin, quand j’ouvre la maison, j’ai mal au cœur. Heureusement que la cérémonie du rapatriement des corps n’a pas eu lieu. C’est ici qu’elle devait se dérouler. Est-ce qu’on imaginait amener les trois cercueils dans cette maison avec l’état dans lequel il se trouve ? », s’interroge-t-il. En pleine discussion avec le conservateur, un couple français se pointe pour visiter la maison. Leur constat est amer. L’état dans lequel se trouve la maison ne les enchante pas. « On constate que la maison n’est pas bien entretenue. Or, c’est un site historique », indique l’époux, Marc Varan, au Sénégal depuis 10 jours avec sa femme pour des vacances.
Maderpost / Emedia