Emmanuel Macron et Joe Biden vont se rencontrer en fin d’après-midi, ce 29 octobre, à Rome avant l’ouverture du G20 pour lequel les deux dirigeants se rendent dans la capitale italienne. Une rencontre qui doit permettre de sceller la réconciliation franco-américaine après la crise provoquée par la décision de l’Australie de rompre, au profit des États-Unis, un contrat conclu avec la France pour la livraison de sous-marins.
G20 – La rencontre aura lieu à la Villa Bonaparte, à l’ambassade de France au Saint-Siège. C’est Emmanuel Macron qui reçoit et, pour le président de la République, cela a une importance symbolique et politique, rapporte notre envoyée spéciale à Rome, Valérie Gas. Une manière de montrer que c’est Joe Biden qui vient à lui pour tourner la page de la crise provoquée par ce que la France avait qualifié de « trahison » de son allié américain. Pour la première fois de l’histoire, l’ambassadeur français aux États-Unis avait été rappelé à Paris.
Transformer une crise en opportunité
Cette rencontre au sommet est censée montrer que les bases d’un nouveau dialogue ont été posées depuis le coup de téléphone échangé par les deux présidents à la fin du mois de septembre pour crever l’abcès. Dans l’entourage d’Emmanuel Macron, on explique que l’enjeu est de cadrer les termes de la relation franco-américaine mais aussi euro-américaine, de les « mettre à jour ». Car Emmanuel Macron veut promouvoir la souveraineté européenne en matière de défense et démontrer qu’il n’y a pas de contradiction entre la défense européenne et l’Alliance atlantique. Une manière de redistribuer les rôles et d’être à l’initiative avant la présidence française de l’Union européenne. Pour Emmanuel Macron, le pari est d’essayer de transformer une crise en opportunité.
Le programme bien chargé du président américain
Joe Biden est arrivé à Rome dans la nuit de jeudi à vendredi et c’est un week-end chargé qui s’annonce pour le président américain, qui participera au sommet du G20 samedi et dimanche avant de s’envoler vers l’Écosse pour participer à la COP26 de Glasgow. Ce vendredi, outre le président Macron, plusieurs rendez-vous sont à son agenda, rapporte notre correspondant à Washington, Guillaume Naudin : ses hôtes italiens, le président Sergio Matarella et le chef du gouvernement Mario Draghi, et une rencontre avec le pape François au Vatican. Pour Joe Biden, deuxième président catholique de l’histoire des États-Unis, c’est un moment important. Il a déjà dit toute son admiration pour le pape. Les deux hommes parleront de la pandémie de coronavirus et de la lutte contre le changement climatique, qui est l’un des enjeux principaux de ce voyage.
Joe Biden arrive aussi en Europe avec moins d’arguments qu’il l’espérait. Il a même subi un revers important, puisque les membres de son propre parti, le Parti démocrate, n’ont pas réussi à se mettre d’accord sur ses plans d’investissement dans les infrastructures et le social. Encore plus ennuyeux, le volet climat de ses plans n’est pas encore validé. Joe Biden pourra bien expliquer qu’il a confiance et que cela va se faire, ce n’est pas fait. Il aura donc du mal à demander à ses interlocuteurs de suivre son exemple sur ce dossier comme il en avait l’intention.
Rome sous surveillance maximale avant le G20
À l’occasion du premier sommet des dirigeants du G20 à Rome, samedi 30 et dimanche 31 octobre, des mesures drastiques ont été prises pour protéger les grands de ce monde. Les frontières sont placées sous contrôle tandis que des hélicoptères, des drones et 6 000 policiers et militaires surveilleront la Ville éternelle. Plusieurs manifestations d’antagonistes sont prévues ce week-end dans le centre-ville.
Parmi les manifestations autorisées samedi, celle lancée à l’appel des étudiants adhérant au mouvement écologiste Fridays For Future se déroulera près du Colisée. Une autre, organisée par des ONG humanitaires, se tiendra non loin de la gare centrale Termini. Mais la mobilisation la plus importante sera celle des altermondialistes. Les organisateurs annoncent la présence d’au moins 10 000 personnes qui conflueront vers le Cirque Maxime, à 6 km du quartier du siège du sommet du G20.
Cela dit, le ministère de l’Intérieur et la préfecture de Rome redoutent surtout des manifestations non autorisées, samedi et dimanche. Elles pourraient être composées d’anti-vaccin et d’anti-passe sanitaire, auxquels se mélangeraient anarchistes, néofascistes et Black Blocs. Or, on l’a constaté ces dernières semaines, Rome peut facilement devenir le théâtre de violents affrontements entre les fauteurs de troubles et les forces de l’ordre. D’où la décision de blinder la capitale plus que jamais jusqu’à la fin du G20.
Maderpost / Rfi