Plus qu’une distinction dans un concours, Aminata Sourang Mbaye Diouf, lauréate du prix ‘’Ma thèse en 180 secondes’’, veut impacter la marche du Sénégal. La doctorante de l’UCAD vise d’abord le corpus juridique du pays.
UCAD – Elle a déjà dignement représenté le Sénégal en décrochant à Paris le titre de vice-championne du concours ‘’Ma thèse en 180 secondes’’, le jeudi 30 septembre 2021. Mais Aminata Sourang Mbaye Diouf, doctorante à l’Université Cheikh Anta Diop veut surtout impacter la marche du Sénégal. Sa cible : le corpus juridique sénégalais. Avec cette distinction, elle est bien partie pour inscrire son nom dans les annales de l’histoire du pays.
Certes, ce dernier prix, et celui du concours national remporté en juillet dernier lui procurent beaucoup de satisfaction. Surtout que la victoire n’était pas acquise d’avance. « Ce n’était pas facile en tant que juriste. Ça méritait une préparation, car nous avons un langage qui nous est propre, pas forcément intelligible pour tout le monde », précisait-elle après sa victoire au concours national organisé à Thiès.
Il fallait donc rendre le travail de recherche accessible au grand public. Mais au-delà des concours, Aminata Sourang Mbaye Diouf compte défendre la prise en compte des réalités sociales sénégalaises dans les textes de loi. Pas forcément en tant que décideur, mais avant tout en tant que militante d’une cause pour laquelle elle s’est déjà engagée : la révision du corpus juridique sénégalais.
Étudiante à la Faculté des Sciences Juridiques et Politiques où elle a eu son master en 2019 (promotion 2017-2019), elle est inscrite actuellement en deuxième année de thèse à l’Ecole Doctorale Sciences Juridiques, Politiques, Economiques et Gestion (ED-JPEG). Ses recherches, elle les mène sous l’encadrement du Pr Françoise Dieng, actuelle directrice de l’ED-JPEG et unique femme à ce poste à l’UCAD.
Son sujet porte sur la prise en compte des petites entreprises familiales par le législateur sénégalais. En fait, Aminata s’est rendu compte que les textes législatifs sénégalais sont principalement d’inspiration française. Ce qui pose un problème d’adaptabilité. « Quand nous lisons le code de la famille par exemple, nous nous rendons compte que nous lisons les autres, nous ne nous lisons pas », regrette-elle.
Ainsi, avec d’autres militants, elle veut amener l’Etat à partir des réalités locales, du droit coutumier africain, pour bâtir le corpus juridique sénégalais. Un travail qui, selon elle, sera porté par des militants dans d’autres domaines tels que l’économie, la gestion… « Il nous faut des textes à la hauteur des préoccupations des populations, des textes issus de nos valeurs, de notre inspiration. L’Etat du Sénégal ne doit pas adhérer à toutes les conventions, il faut d’abord voir si c’est compatible avec nos réalités », suggère-t-elle.
Lorsqu’on a de telles ambitions, il ne fait l’objet d’aucun doute qu’il faut d’abord s’armer de science jusqu’aux dents pour avoir l’argumentaire nécessaire. Ainsi, après l’école Saldia au primaire, Aminata Sourang Mbaye Diouf a fait son cycle moyen et secondaire au lycée Ngalandou Diouf de Mermoz. Bachelière de la série L2 en 2012, cette dame élancée au teint noir a opté de poursuivre ses études à l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar.
« Même si j’avais la possibilité d’aller ailleurs, j’ai choisi de rester à Dakar pour montrer que l’UCAD est prestigieuse. Nous devons faire confiance à notre système éducatif », plaide-t-elle. Certes, admet-elle, les études au Sénégal ne sont pas sans difficulté.
Le peu d’assistance en matière d’orientation, les classes pléthoriques, les faibles taux de réussite, le déficit des outils de recherche sont autant d’écueils. Malgré tout, dit-elle, il ne faut pas désespérer. « Il fallait montrer qu’à partir de rien, on peut bâtir quelque chose de grand », glisse-t-elle.
Aminata pouvait aussi compter sur un environnement familial favorable aux études. Sa famille a toujours servi de moteur à sa scolarité. « Même quand j’ai voulu entrer dans le monde professionnel, on m’a dit : concentre-toi sur tes études », se souvient-elle.
Aujourd’hui juriste de banque à la BHS, Aminata ne limite pas ses ambitions. Elle veut certes évoluer dans son milieu professionnel, mais elle veut surtout, dans le moyen et long terme, devenir universitaire pour distiller son savoir, faire valoir ses points de vue et au finish impacter la marche du pays.
Maderpost / Seneweb