Lundi 23 septembre 2021. Dans l’après-midi, à l’aéroport Blaise Diagne de Diass, le tarmac de l’aéroport ne cesse de subir les assauts des avions, en ce jour de grande affluence, avec ces centaines de voyageurs déversés par les compagnies à l’Aibd. Tous ou la plupart sont établis à l’étranger et viennent célébrer le départ en exil de Serigne Touba. Parmi eux, Cheikh Niasse.
DRAME – La démarche lourde, taille légèrement imposante, il semble très pressé de retrouver sa famille. Les formalités vite expédiées, il s’engouffre dans un véhicule en direction de Yeumbeul-Nord, une commune située dans la banlieue où il arrive quelques minutes plus tard. «Il était 18 heures lorsqu’il est entré dans la maison pour se jeter dans mes bras», témoigne sa maman Arame Thiam. Des retrouvailles pour cette dame et son fils qui, depuis le départ de Cheikh pour la France, n’ont pas eu beaucoup d’occasions de vivre pareils moments. Pendant la quinzaine d’années qu’il est resté en France où il a obtenu la nationalité, Cheikh ne venait que très rarement, du moins pendant les premiers moments.
«Il est resté au moins 8 années là-bas, travaillant comme un forcené pour économiser et construire cette belle villa où il a pu enfin loger sa mère», confie sa soeur cadette, Khadija Niasse. Dans la maison, le séjour de Cheikh est toujours une occasion pour faire le point sur la situation de la famille, mais également se retrouver dans le salon autour d’un bon plat et écouter le garçon raconter son séjour en France à sa mère. Ce lundi 23 septembre, de son arrivée à 18 heures jusque tard dans la nuit, toute la famille est restée scotchée aux lèvres de Cheikh qui étale ses projets. Il en sera ainsi pendant les deux jours qui ont suivi son arrivée. Puis le jeudi 23 septembre, il choisit enfin de se consacrer exclusivement aux préparatifs du Magal prévu le dimanche 26 septembre.
Au petit matin, accompagné de son fils âgé de 17 ans et d’un de ses proches du nom de Tapha, il s’installe au volant de sa Volvo de couleur noire pour se rendre à la banque. Il voulait retirer de l’argent pour offrir le billet pour Touba à sa famille et à ses amis. «Et même à des anonymes qui ont l’habitude de le solliciter à l’occasion de chaque Magal», témoigne un riverain trouvé hier soir, sous la tente devant la maison mortuaire. Une maison où il ne reviendra plus jamais. Non plus, il ne reverra sa mère et son épouse, Awa Kondé, restée en France pour veiller sur ses enfants. Après des minutes de route, Cheikh Niass tombe, d’après les témoignages, sur un contrôle de police et constate qu’il a oublié la carte grise de son véhicule. Lorsque l’agent lui réclame ce document, Cheikh, selon les témoignages de son fils, s’excuse et demande à ce dernier (son fils) de descendre du véhicule et de retourner à la maison, à Yeumbeul-Asecna, pour lui amener la carte grise.
Mais, c’est après le départ du fils que les choses ont tourné au vinaigre ? Les versions diffèrent. Selon des témoins de la scène, lorsque l’agent de police a décidé d’immobiliser le véhicule au commissariat de Wakhinane-Nimzath, l’émigré se serait emporté, demandant à l’agent de patienter le temps que son fils revienne avec la carte grise. Il y aurait eu un échange de gros mots qui a fait glisser Cheikh Niasse vers le terrain de l’outrage à agent. Force devant rester à la loi, il est ainsi placé en garde à vue dès son arrivée au commissariat, accompagné de l’agent. Puis, au terme de sa garde à vue, il est mis dans le véhicule de police, déféré au parquet, avant d’être place sous mandat de dépôt.
Maderpost / IGFM