Ancien sans papier, El Hadji Gora Diop, franco-sénégalais, tient aujourd’hui un hôtel à Roubaix, dans le Nord de la France. Le portrait du vendredi de Rfi s’intéresse à son parcours atypique.
PORTRAIT – Dans son hôtel, des demandeurs d’asile sans logement ont été placés par la préfecture du Nord, parfois pour plusieurs jours, parfois pour plusieurs mois. Ils viennent d’horizons différents. On croise des Géorgiens, des Marocains, des Guinéens. Ils ont traversé des frontières pour s’établir en France ou en Angleterre. Des parcours qui résonnent particulièrement pour El Hadji Gora Diop.
« Je sais qu’en moi, ils voient un petit sauveur. Parce que je ne fais que les accueillir et de les mettre en chambre, je les côtoie, il me parle, j’échange avec eux autant que possible sans entrer dans leur vie privée. Et moi, en leur parlant, forcément, je parle de mon vécu », confie-t-il à RFI.
Un parcours semé d’embûches
Tout n’a pas été simple pour le Franco-sénégalais. A 24 ans, il quitte Tivaouane, sa ville de naissance, située dans la région de Thiès, pour la France. Il y étudie le journalisme dans une prestigieuse école, travaille comme un acharné dans l’hôtellerie ou en tant que veilleur de nuit. Du jour au lendemain, en 1986, il perd son titre de séjour. « En trois années de galère, je peux oser le mot, dur, j’étais sans papier, quelque part sans domicile fixe, bon, je n’ai jamais eu à dormir dans la rue, mais à force de ténacité, j’ai pu être intégré dans mon droit. »
Après des années de pige au quotidien régional la voix du Nord, on lui propose de reprendre ce vieil hôtel défraichi, à 20 ans. « Quand j’ai pris l’hôtel, j’ai dit waw, c’est un lourd challenge. Il fallait que je relève un défi, celui d’empêcher la fermeture d’un établissement qui était voué à disparaître compte tenu de très mauvaises fréquentations ou d’une mauvaise réputation ». Il en fait un business qui tourne. Très vite, il décide d’accueillir des réfugiés. « Je vous avoue que quand j’allais en réunion, avec des collègues, ils se retournaient, ils posaient des questions, ils se demandaient comment cela se fait que tu fasses 90% de taux d’occupation. Eh bien, écoutez, ouvrez vos hôtels, adressez-vous à certaines associations, il y a des personnes qui ont besoin de dormir. Un hôtel, c’est fait pour dormir, eh bien, on accueille des personnes pour y dormir », explique M. Diop.
Avant d’ajouter : « Il fallait que je relève un défi, celui d’empêcher la fermeture d’un établissement voué à disparaître ».
Parallèlement, El Hadji Gora Diop a fait quelques affaires au Sénégal, dans l’immobilier principalement. Sa fille y fait carrière à la télévision. Il y retourne le plus souvent possible avec sa femme, professeure d’Allemand.
Maderpost / Rfi