Les talibans poursuivent ce vendredi 13 août leur implacable avancée en Afghanistan. Ils se sont emparé de la ville de Pul-e-Alam, capitale de la province du Logar, à 50 km au sud de Kaboul. Les insurgés contrôlent maintenant la moitié des capitales provinciales, toutes tombées en seulement huit jours.
AFGANISTAN – C’est comme si on assistait à un jeu de dominos. Les talibans annoncent s’être emparés ce vendredi matin de la ville de Pul-e-Alam, la capitale de la province du Logar, au sud de Kaboul et puis de Chaghcharan, la plus importante ville de la province de Ghor dans le centre du pays. Le drapeau blanc estampillé Émirat islamique d’Afghanistan flotte aussi dans la capitale provinciale de Badghis.
L’étau se resserre autour de Kaboul. Les insurgés sont présents dans la province voisine de Parwan à seulement 50 kilomètres de la capitale, leur objectif final.
Quelques heures auparavant, ce sont Hérat, dans l’Ouest, et Kandahar ainsi que Lashkar Gah, dans le Sud, qui sont tombées. Les responsables locaux ont quitté le siège du gouvernement de Lashkar Gah en hélicoptère, laissant derrière eux une ville en ruines et permettant aux talibans de mettre la main sur la province du Helmand. C’est là que la moitié de l’opium afghan est produite.
Le gouvernement ne contrôle désormais plus que trois grandes villes : Mazar-i-Sharif, Jalalabad et puis Kaboul. La capitale, dernier lieu sûr, se transforme chaque jour un peu plus en un vaste camp de réfugiés. Des milliers de familles qui ont dû fuir leur maison campent dans les parcs et sur des terrains vagues. L’ONU estime que quelque 400 000 personnes ont été déplacées depuis le début de l’année.
Les talibans semblent trouver encore moins de résistance qu’au début de leur offensive lancée en mai dernier. Les forces afghanes fuient avant même que les insurgés arrivent. Le moral des troupes est brisé de façon irréversible. Dans la partie occidentale du pays, l’ancien chef de guerre Ismail Khan, surnommé « l’émir de l’Ouest », qui a combattu les talibans dans les années 1990 et qui a monté une milice d’autodéfense au cours des dernières semaines, est aujourd’hui entre les mains des insurgés.
Ces derniers ont emprisonné plusieurs membres des forces de sécurité afghanes qu’ils utilisent pour faire pression sur le gouvernement de Kaboul. Tous les regards sont rivés sur la palais présidentiel. Ashraf Ghani capitulera-t-il face aux fondamentalistes religieux ? Certains le souhaitent afin d’éviter un bain de sang.
« Une tragédie »
Haroun Rahimi, originaire de Hérat et professeur assistant de droit à l’université américaine d’Afghanistan, estime que « ce qui est en train de se passer en Afghanistan, n’est rien d’autre qu’une tragédie, dont le gouvernement afghan porte l’entière responsabilité. Ils ont menti à la population, soutenu qu’ils étaient capables de maîtriser la situation. Ils ont demandé à la population de prendre les armes, de se battre pour leurs intérêts, mais hier [jeudi 12 août] les chutes de Hérat et de Kandahar ont démontré que le système était encore plus pourri qu’on ne le pensait », ajoute-t-il au micro de Jelena Tomic, du service International de RFI.
Haroun Rahimi pointe aussi une crise de légitimité. « Les soldats n’ont pas voulu se battre pour le gouvernement, ce qui reflète à quel point le gouvernement est illégitime. Aujourd’hui, à cause des actions du président Ghani, des millions d’Afghans se retrouvent sans défense et doivent vivent sous la coupe des talibans. Des millions d’Afghans vont devoir vivre sous le régime brutal des talibans, retourner à l’âge de pierre, juste parce que le gouvernement les a trompé et leur a tellement menti. »
Réunion des ambassadeurs de l’Otan
Ce vendredi après-midi, une réunion des ambassadeurs des pays de l’Otan se tient à Bruxelles, au siège de l’organisation, après la décision des États-Unis d’évacuer leurs diplomates et leurs ressortissants d’Afghanistan. Le secrétaire général de l’Alliance Jens Stoltenberg doit la présider.
« L’évacuation » du pays sera au cœur des discussions, avec les options et adaptations militaires requises pour procéder à ces départs, a précisé l’un de ses responsables. Washington a annoncé jeudi l’envoi de milliers de soldats à Kaboul pour évacuer diplomates ou ressortissants face à l’avancée rapide des talibans vers Kaboul. Le Royaume-Uni a rapidement emboîté le pas des États-Unis.
Maderpost / Rfi