Le président américain a décidé de temporiser dans le dossier TikTok et WeChat. Joe Biden a annoncé la révocation des décrets pris par son prédécesseur Donald Trump pour interdire ces plateformes à succès appartenant à des Chinois. Une décision saluée jeudi 10 juin par Pékin. Le président américain a en effet signé mercredi un nouveau décret demandant à son administration de lancer une enquête pour déterminer les risques réels posés par les applications internet détenues par certaines puissances étrangères. Il lui laisse quatre mois pour lui fournir un rapport détaillé et formuler des recommandations.
ETATS-UNIS / CHINE – Les exemples de détente entre Pékin et Washington se font rares ces temps-ci. La Chine a salué « un geste positif dans la bonne direction », selon le mot du porte-parole du ministère du Commerce, Gao Feng. Ce dernier a toutefois souligné que la décision de l’administration Biden s’accompagnait de l’ouverture d’une enquête. « Nous espérons que les États-Unis traiteront les entreprises chinoises de manière équitable et s’abstiendront de mélanger politique et questions commerciales », a plaidé Gao Feng.
Le nouveau décret vise à identifier toutes les « applications logicielles connectées qui peuvent présenter un risque inacceptable pour la sécurité nationale des États-Unis et le peuple américain », y compris « les applications détenues, contrôlées ou gérées par des personnes qui soutiennent les activités militaires ou de renseignement d’un autre pays, ou sont impliquées dans des cyberactivités malveillantes, ou impliquent des applications qui collectent des données personnelles sensibles », explique un communiqué de la Maison Blanche.
Le département américain du Commerce et d’autres agences fédérales à Washington devront élaborer des directives « pour protéger les données personnelles sensibles, y compris les informations personnellement identifiables et les informations génétiques » contre les abus.
Enquête séparée pour TikTok
Donald Trump affirmait que les applications appartenant à des Chinois posaient des risques pour la sécurité nationale des États-Unis. Il avait cherché à forcer la vente de TikTok à des investisseurs américains.
Il accusait WeChat, une plateforme omniprésente dans la vie des Chinois via ses services de messagerie, de paiements à distance ou de réservations, et TikTok, une application de courtes vidéos particulièrement populaire chez les jeunes, de récolter des données confidentielles et de les partager avec Pékin. Ces sociétés ont toujours réfuté ces accusations d’espionnage.
Il s’en était suivi une bataille judiciaire après le premier décret pris en août 2020. Fin décembre, l’administration Trump avait fait appel d’une décision de justice empêchant le ministère du Commerce d’imposer à TikTok des restrictions, qui auraient abouti à l’interdiction du réseau social aux États-Unis.
Mais en février, l’administration Biden avait demandé à la Cour d’appel de lui donner soixante jours pour étudier le dossier et se prononcer sur le maintien ou non de la requête formulée par le gouvernement Trump. La Maison Blanche n’a pas précisé si ce décret éteignait tous les recours.
Selon un responsable de l’administration Biden interrogé par l’AFP, TikTok continue néanmoins de faire l’objet d’un examen séparé « par le biais du CFIUS », l’agence dépendant du Trésor chargée de s’assurer que les investissements étrangers ne présentent pas de risque pour la sécurité nationale.
Davantage de sociétés chinoises mises à l’index
Ces décisions montrent que Joe Biden n’a pas l’intention de relâcher la pression vis-à-vis de la Chine. Selon nombre d’observateurs, son administration n’a pas complètement fermé la porte à la réimposition d’une nouvelle version de ces sanctions.
La semaine dernière, le président américain avait allongé la liste des entités chinoises dans lesquelles il est interdit aux Américains d’investir. Pour cela, il a amendé un décret de Donald Trump pour y inclure des entreprises impliquées dans des technologies de surveillance susceptibles d’être utilisées non seulement en Chine contre la minorité musulmane des Ouïghours et les dissidents, mais encore dans le monde entier.
Maderpost / Rfi