Moscou a rappelé son ambassadeur à Washington aussitôt après les propos tenus par le président américain.
DIPLOMATIE -« Vous connaissez Vladimir Poutine. Pensez-vous que c’est un tueur ? » La question posée à Joe Biden par le journaliste vedette George Stephanopoulos est directe. La réponse du président américain l’est tout autant : « Oui, je le pense. »
Ce bref échange, tiré d’un entretien diffusé mercredi 17 mars par la chaîne américaine ABC, a jeté un sérieux froid entre Washington et Moscou, bien plus encore que l’extension annoncée le même jour des sanctions prises pour l’empoisonnement d’Alexeï Navalny (des restrictions d’exportation de produits sensibles) ou la publication d’un rapport des renseignements américains sur des ingérences russes lors du scrutin présidentiel de novembre 2020.
Joe Biden n’a pas précisé s’il pensait justement au sort réservé à M. Navalny, victime d’un empoisonnement au mois d’août puis emprisonné, ou à un autre épisode de la carrière de son homologue russe. Les médias américains et russes se demandaient surtout à quel point cette sortie était préparée.
M. Biden est ainsi resté vague quant à d’éventuelles réponses américaines aux différents agissements russes évoqués au cours de l’interview. « Il en paiera le prix », s’est-il contenté de répéter à plusieurs reprises, y compris au moment d’évoquer les ingérences électorales russes. Mardi, un rapport des renseignements avait assuré voir la main du pouvoir russe dans les accusations lancées contre le candidat Joe Biden par des personnalités ukrainiennes liées à Moscou.
Indignation à Moscou
La perspective de nouvelles sanctions, devenue presque routinière, a suscité peu de réactions à Moscou. Les commentaires de M. Biden, à l’inverse, y ont provoqué une tempête. Les responsables politiques et les médias russes ont rivalisé d’indignation.
« Attaquer le président, c’est attaquer la Russie », a estimé le président de la Douma, Viatcheslav Volodine, pendant que des députés évoquaient la « démence sénile » du président américain ou un « aveu d’impuissance » de la part de Washington.
Moscou a aussi annoncé sans tarder avoir rappelé son ambassadeur aux Etats-Unis, Anatoli Antonov, « pour des consultations », un « geste sans précédent » selon la porte-parole du ministère des affaires étrangères. La diplomatie américaine a indiqué ne pas prévoir de mesure équivalente.
Maderpost/ Le MONDE