J-2 avant l’investiture de Joe Biden. Le nouveau président a promis de vouloir guérir les États-Unis de ses divisions. Mais il aura aussi fort à faire pour maintenir l’unité de sa propre famille politique. Au sein du Parti démocrate, l’aile gauche n’a cessé de gagner en influence. De même, l’électorat afro-américain attend aussi beaucoup.
ETATS-UNIS – Les progressistes attirent de plus en plus d’électeurs, notamment les jeunes, et veulent maintenant voir leurs idées reprises par le centriste Joe Biden et par sa nouvelle administration.
« J’ai vu des progressistes mener un travail de terrain incroyable pour faire entrer Joe Biden à la Maison Blanche », fait remarquer Jamie Gauthier, élue au conseil municipal de Philadelphie, une ville à qui Joe Biden doit, entre autres, sa victoire décisive dans l’État de Pennsylvanie.
« Cela implique que le futur président va devoir nous rendre la pareille. Nous l’avons déjà poussé vers la gauche sur plusieurs points de son programme. Et nous allons continuer », poursuit-elle.
L’un de ces points est la lutte contre le changement climatique. « De manière générale, l’administration Biden prend le changement climatique plus au sérieux qu’aucune autre administration avant elle. Durant la campagne, la gauche a même pu convaincre Biden de prendre des positions plus fortes concernant le climat. Et ça, c’est bien », se félicite Nikil Saval.
Des « objectifs populaires »
Ce socialiste, fraîchement élu au sénat de Pennsylvanie sous la bannière du Parti démocrate, voudrait qu’il en soit de même pour les questions de réforme de la police, de logement ou encore d’assurance maladie.
« Je crois que les objectifs pour lesquels nous nous battons sont populaires. Et nous voulons que nos priorités, qui sont les priorités de la majorité des Américains, deviennent les priorités du Parti démocrate, qui doit être un vrai parti de gauche », poursuit-il.
À 29 ans, Leyla a soutenu la candidature de Bernie Sanders avant de voter pour Joe Biden à la présidentielle. « Si les démocrates veulent continuer à avoir les voix des jeunes électeurs, ils vont être obligés de travailler avec les progressistes. »
L’électorat afro-américain attend beaucoup
Après le mouvement Black Lives Matter et ses manifestations à travers les États-Unis contre le racisme systémique et les violences policières, après aussi la mobilisation massive des Afro-Américains pour offrir la victoire à Joe Biden, la communauté noire attend, elle aussi, le nouveau président au tournant.
« Dans l’immédiat, nous avons besoin d’une réforme de la police. Je vous donne un exemple : la méthode “arrestation et fouille”. Quand un policier vous soupçonne d’avoir des drogues ou autre chose sur vous, il peut vous arrêter de suite dans la rue », dit Abdul-Aliy Muhammad, défenseur des droits civiques.
« Les Noirs sont bien plus touchés par cette méthode que les autres citoyens. Et quand ça arrive, vous encourrez un plus gros risque qu’on vous tire dessus et aussi de vous faire incarcérer. Nous avons donc besoin d’une loi fédérale. Et si ce n’est pas dans les projets de Biden et Harris, ça n’ira pas », poursuit-il
Continuer le combat dans la rue
Jamie Gauthier, élue démocrate au conseil municipal de Philadelphie, était en première ligne durant les protestations de Black Lives Matter. Aujourd’hui, elle se veut optimiste. « Biden arrive au pouvoir avec la promesse de s’attaquer aux problèmes de logement, de créer des emplois bien payés pour les travailleurs, d’améliorer le système de santé et l’éducation. Je ne pense pas que les manifestations de l’année dernière soient tombées dans les oreilles d’un sourd », dit-elle.
Dans le doute, Abdul-Aliy Muhammad, lui, prévoit déjà les prochaines manifestations. « Même sous un président démocrate, aucun changement n’interviendra sans que les gens ne se mobilisent dans la rue », assure-t-il. Et il n’est pas le seul à penser cela.
Maderpost / Rfi