La nomination de l’ancien Premier ministre Idrissa Seck à la tête du Conseil économique social et environnemental (CESE), le premier novembre dernier, vient clore de manière inattendue une année politique 2020 si mal embarquée que le recours à un Dialogue national s’était imposé aux acteurs politiques. RETROUVAILLES POLITIQUES – La contestation de la réélection de l’actuel président Macky Sall quelques mois plutôt, en février 2019, avait plongé le camp politique dans une longue et inquiétante crispation, au point que le recours à ces consultations relevait d’une sorte de salubrité politique, pour accorder le personnel politique sur un consensus minimal, notamment en matière électorale. Le recours à Famara Ibrahima Sagna et au général Mamadou Niang, l’un pour présider le Dialogue national et l’autre pour piloter la commission politique de ces concertations, n’a pas suffi à amener les adversaires les plus irréductibles du président de la République à se mettre autour de la table, malgré l’indépendance d’esprit et le patriotisme reconnus de ces deux personnalités politiques. Le dialogue national est parvenu à valider ses termes de référence le 5 février 2020, étape ayant coïncidé avec la désignation des membres des bureaux de ses différentes commissions, un aboutissement pour un processus engagé plusieurs mois auparavant, dans la foulée de la réélection du président Sall. . Le président de la République, auréolé et légitimé par un second mandant avait annoncé, le 5 mars 2019, la tenue d’un dialogue national. Une option réaffirmée lors de sa prestation de serment devant le Conseil constitutionnel, le 2 avril de la même année. Des mois après, les membres du comité de pilotage du dialogue national étaient installés le 26 décembre 2019, avec l’engagement ferme de Macky Sall de mettre en œuvre “toutes les conclusions consensuelles” qui naîtront de ces concertations. Le COVID-19, dont le premier cas a été enregistré au Sénégal le 2 mars 2020, est venu jouer les trouble-fête, conduisant à une suspension des discussions de la commission politique du dialogue national pendant plusieurs mois. Un rapport d’étape a été finalement déposé fin aout 2020, qui recense les questions qui ont fait l’objet de consensus, ainsi que celles qui doivent être rediscutées ou qui n’ont pas encore été abordées. Les points de consensus concernent l’audit du fichier électoral par des experts indépendants, l’évaluation du processus électoral ainsi que de l’élection des maires au suffrage universel direct, sans compter que les acteurs se sont également accordés sur la suppression du parrainage pour les élections locales. Un compromis n’a pu être trouvé en revanche sur le point concernant le cumul de statut de chef de l’État et de chef de parti, de même que sur la question de l’organisme qui sera en charge d’organiser les élections. Pas vraiment de surprise, si ce n’est les habituelles contradictions politiques autour des différents pôles d’appartenance continuent d’alimenter le débat autour notamment de l’opportunité de ce dialogue politique, ce qu’on peut en attendre ou non, les raisons légitimes d’y participer, le procès en sincérité intenté ces concertations par ceux qui les voient d’un mauvais œil. Rien de plus surprenant pour un champ politique habité aux éruptions de toutes sortes, jusqu’à l’annonce surprise de l’année, la nomination de l’ancien Premier ministre Idrissa Seck à la tête du CESE, un inattendu politique qui accréditerait l’idée d’un dialogue souterrain, parallèle. C’est surtout que l’alliance entre M. Seck et le président Sall, ‘’frères ennemis’’ restés jusque-là d’irréductibles adversaires politiques, viendrait vider le dialogue politique de sa substance, pour donner du grain à moudre à ceux qui doutaient de sa sincérité. De fait, le ralliement de M. Seck donne de nouvelles armes à la majorité présidentielle, autant qu’il a pu faire parler, en porte-à-faux avec la posture de M. Seck, qui s’est abstenu de de toute déclaration politique ou critique contre le régime depuis la dernière présidentielle. Idrissa Seck, tout puissant Premier ministre de Wade à partir de fin 2002 jusqu’à 2004, à la tête d’un gouvernement au sein duquel siégeait l’actuel président de la République, était pressenti pour devenir le chef de l’opposition. Devenu la quatrième personnalité de l’État, il affirme ‘’répondre positivement à l’appel du président’’ pour une ‘’union’’, afin de faire face aux ‘’défis du moment’’, en lien notamment à la crise économiques et sociale née du Covid-19. Sa nomination est surtout venue rappeler les nuances de la pratique politique sénégalaise, qui vit de l’art de la discussion, ce que des observateurs essaient de traduire parfois par l’assertion selon laquelle ‘’le Sénégal est un pays de dialogue’’. Une manière de dire que les lignes politiques ne sont jamais aussi distendues pour ne pas se retrouver au besoin. Quant au destin du dialogue piloté par le général Mamadou Niang, homme de consensus à nul autre pareil, le pied-de-nez du destin qu’a constitué la mort du facilitateur, lundi dernier, laisse toutes les options ouvertes pour 2021 et les prochaines élections locales. La nouvelle donne politique relative au nouveau positionnement politique de M. Seck est là pour ne pas écarter les surprises, dans une perspective où les camps de l’opposition et du pouvoir sont appelés à se peser et à se compter. Maderpost / APS]]>
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