Valéry Giscard d’Estaing a connu les chocs pétroliers. Nicolas Sarkozy, la crise financière. François Hollande, une série d’attentats terroristes. Et Emmanuel Macron l’épidémie due au coronavirus, doublée d’une crise économique et sociale dont il reste pour l’heure difficile de mesurer l’étendue. Comme ses prédécesseurs, le chef de l’Etat a rencontré des événements imprévisibles et vu l’agenda de son mandat percuté, au point de mettre à l’arrêt le train de réformes qu’il entendait administrer à la France. Dépassé depuis neuf mois par les flux et reflux du Covid-19, Emmanuel Macron a enfilé le costume de président gestionnaire et protecteur, qui déverse des milliards d’euros d’aides de tous côtés comme on écope un navire en détresse. Bien loin de l’image du président « transformateur » qu’il ambitionnait d’être en 2017.
REFORME – Faut-il tenter de remettre en route le quinquennat ? Le sujet divise au sein de la Macronie, entre les fatalistes, qui estiment que le chef de l’Etat n’a plus d’autre horizon que la gestion de crise, et les volontaristes, plus nombreux, pour qui il est vital d’enclencher des réformes dans les seize mois à venir. « Il faut protéger, relancer et réformer. Nicolas Sarkozy est tombé en 2012 car il avait arrêté de réformer après la crise financière », met en garde le président du groupe macroniste au Sénat, François Patriat.
Emmanuel Macron lui-même convient de cette nécessité. « Je veux continuer les réformes, pour que le pays soit crédible, et mener la transition écologique », déclarait-il en privé, mi-octobre, lors d’un échange avec des journalistes. « On ne veut pas ajouter au coût de la crise celui de l’inaction », affirme aujourd’hui un proche du président de la République. Un autre reconnaît dans le même temps qu’« il est difficile de scander un agenda politique quand l’imprévisibilité du virus te rattrape ».
Maderpost / Le Monde.fr