Le Forum sur l’information et la démocratie rend public, ce jeudi en France, son rapport dans lequel il propose 250 recommandations ‘’pour mettre fin aux infodémies’’ alors que la propagation d’informations fausses ou manipulées en ligne n’a cessé de croître pendant l’épidémie de Covid-19, a appris l’APS.
INTERNATIONAL – Lors d’une nouvelle réunion de l’Alliance organisée dans le cadre du Forum de Paris pour la Paix, Christophe Deloire de Reporters sans frontières (RSF) va présenter le rapport et ses principales recommandations aux ministres des Affaires étrangères.
Le chef de l’Etat sénégalais Macky Sall prend part à cette rencontre.
Douze 12 pays dont le Sénégal et le Burkina Faso ont signé en 2018 un pacte sur l’information et la démocratie, une initiative de Reporters sans frontières en faveur du droit à l’information lancée dans le cadre du Forum de Paris sur la paix.
Le rapport publié ce jeudi est le fruit d’une centaine de contributions d’experts internationaux, indique RSF dans un communiqué. Il propose 250 recommandations dont “12 principales” pour “endiguer un phénomène qui met en péril les démocraties et les droits humains, y compris le droit à la santé”.
Le Forum sur l’information et la démocratie, créé en 2019 par onze organisations et centres de recherches, avait lancé en juin dernier un groupe de travail sur les infodémies, rappelle la même source, soulignant que l’objectif était de “formuler un +cadre de régulation+ des plateformes et des réseaux sociaux permettant de répondre au chaos informationnel”.
Après cinq mois de travail, ce groupe, dont le comité de pilotage est co-présidé par Maria Ressa et Marietje Schaake, a publié un rapport complet, incluant 250 recommandations aux États et aux plateformes numériques, selon RSF.
Le rapport soulève quatre enjeux structurels et propose des solutions concrètes pour chacun d’entre eux : “la transparence des plateformes, la modération des contenus, la promotion de la fiabilité de l’information, les messageries privées”.
Le communiqué rappelle que “de nombreux États de l’Alliance pour le multilatéralisme ont apporté leur soutien lorsque le président du Forum, Christophe Deloire, a présenté le groupe de travail lors d’une réunion de l’Alliance le 26 juin 2020”.
C’était devant près de 50 ministres des Affaires étrangères et en présence du directeur général de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), Tedros Adhanom Ghebreyesus et de la directrice générale de l’UNESCO, Audrey Azoulay.
Cité dans le communiqué, M. Deloire a déclaré : “ce rapport est la preuve qu’une solution structurelle est possible pour mettre un terme au chaos informationnel qui représente un danger de mort pour nos démocraties, explique Christophe Deloire”.
“Toutes les institutions qui prennent des initiatives législatives sur les plateformes ont intérêt à s’inspirer de ce rapport, qu’il s’agisse de l’Inde avec la Section 79, des États-Unis avec la Section 230, du Canada avec la Charte du numérique, du Royaume-Uni avec le Online Harms Bill, et naturellement de l’Union européenne avec le Digital Services Act”, a-t-il dit.
Le groupe de travail a insisté sur 12 principales recommandations qui mettent l’accent sur “une réglementation publique nécessaire pour imposer des exigences de transparence aux fournisseurs de services en ligne ; un nouveau modèle de méta-régulation en matière de modération de contenu ; de nouvelles approches de la conception des plateformes”.
Les auteurs du rapport estiment aussi que “des garanties doivent être établies dans les services de messagerie fermés lorsqu’ils entrent dans une logique d’espace public”.
“Ce fut un honneur de travailler avec des experts de nombreuses disciplines – nous avons exactement besoin de cela aujourd’hui, a déclaré Maria Ressa, co-présidente du groupe de travail sur les infodémies”.
Maderpost / Aps
’’Ces temps montrent plus que jamais que l’information est synonyme de pouvoir, et lorsque les mensonges se répandent plus vite que les faits, toute entreprise humaine est menacée. Nous vivons un moment existentiel pour la démocratie et le journalisme. Ce rapport constitue un pas en avant concret pour trouver des solutions systémiques globales’’, a t-elle ajouté.
La démocratie ’’est menacée par le manque de confiance et la manipulation pure et simple, qui ont une composante informationnelle’’, a également expliqué Marietje Schaake, également coprésidente du comité de pilotage du groupe de travail.
’’La gouvernance de notre monde numérique doit être arrachée aux entreprises privées comme aux États autoritaires pour que la démocratie puisse survivre. Les dirigeants démocratiques doivent prendre leur responsabilité dès maintenant et préserver la démocratie, les droits humains et les libertés fondamentales’’’, a t-elle fait part.