La violence a été un “catalyseur” des dynamiques politique, économique, sociale et même religieuse dans l’espace ouest-africain, a soutenu samedi, Lamine Faye, doctorant en histoire médiévale à l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar (UCAD).
DOCTORAT – Faye est l’auteur de la thèse “Guerre et art de la guerre dans l’Ouest-africain au temps des grands empires : des dynamiques contrastées“, soutenue par visioconférence à l’amphithéâtre 2 de la faculté des lettres et sciences humaines. Il a obtenu la mention très honorable et les félicitations du jury.
Le professeur Abdoulaye Bathily a présidé le jury composé du professeur à la retraite de l’Université de Yaoundé (Cameroun), Thierno Mouctar Bah, spécialiste de l’histoire militaire, et du directeur de thèse, Idrissa Bâ.
Les professeurs Martin Klein de l’Université de Toronto (Canada) et Antonio de Almeida Mendes de l’Université de Nantes (France), ont pris part à cette soutenance par visioconférence en raison de la pandémie du nouveau coronavirus.
Dans son étude, Lamine Faye analyse le phénomène de l’exercice de la violence en tant que “facteur de structuration et d’organisation” et “instrument de démantèlement” de cet espace géographique.
Dès lors, il a tenté d’appréhender “les conditions d’exercice de la violence, de ses différentes formes, des moyens mis en œuvre, mais surtout de ses effets pratiques sur les sociétés concernées”.
Dans la partie occidentale du Sahara, Lamine Faye a mis en exergue “les facteurs qui rythment la dynamique hégémonique”, notamment le contrôle des oasis, les parcours de pâturage, des étapes indispensables dans le commerce transsaharien.
Il a analysé la naissance du mouvement almoravide au milieu du XIe siècle qui réussit à imposer “une domination politique et militaire” basée sur une “armée bien organisée et disciplinée”, soulignant que les fondements des campagnes militaires sont plutôt politiques et économiques et non idéologiques.
Du côté soudanais, il a évoqué l’introduction du cheval, l’amélioration des techniques de montée, les armes en fer qui constituent “des facteurs importants dans l’art de la guerre” dans cet espace ouvert facilitant ainsi les campagnes de razzia et les conquêtes territoriales.
Il a par ailleurs noté des bouleversements dans la géopolitique soudanaise avec des Etats jusque-là modestes comme Tekrur et Silla, dans la vallée du fleuve Sénégal qui affirment leur volonté d’émancipation du Ghana.
De ces luttes pour une nouvelle hégémonie au Soudan occidental autour du XIIIe siècle, le Mali parvient à s’imposer en mettant en place une large coalition, a-t-il signalé, soulignant que d’autres acteurs comme les Touareg du Sahara et les Mossis vont organiser des incursions dans les villes commerciales maliennes.
Mais, à partir du XVe siècle, des crises politiques et la multiplication d’agressions venant de l’extérieur vont affaiblir l’Etat et l’armée, ce qui a permis à Sonni Ali Ber de sortir son pays de l’ombre, grâce au contrôle des villes importantes de la vallée du Niger, a-t-il dit.
Lamine Faye a soutenu que l’apparition de nouveaux acteurs comme les Marocains, en Afrique du Nord et les Portugais au niveau des côtes africaines, va complexifier davantage la géopolitique régionale.
“Dans ces bouleversements géopolitiques, l’islam en tant que facteur idéologique est souvent mobilisé pour justifier des projets politiques”, a-t-il conclu, parlant notamment d’une “nouvelle cartographie avec des frontières mobiles” entre un “Bilâd al-islam” (territoire d’islam) et un “Bilâd al-harb” (territoire de guerre).
Maderpost / Aps
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