Le nouveau coronavirus pourrait “ne jamais disparaître”, a averti l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), dont le message alarmant intervient au moment où de plus en plus de pays sont en train de lever les restrictions imposées à leurs populations.
CORONAVIRUS – Alors que le bilan mondial de la Covid-19 approchait jeudi des 300 000 morts (pour 4,3 millions de cas), le directeur des questions d’urgence sanitaire à l’OMS, Michael Ryan, a déclaré mercredi qu’il était “très difficile” de dire quand elle pourrait être vaincue, ce qui signifie qu’il faudra peut-être vivre avec, au même titre que d’autres maladies.
“Ce virus pourrait devenir endémique dans nos communautés, il pourrait ne jamais disparaître”, y compris en cas de découverte d’un vaccin, a insisté M. Ryan, en pleine course pour tenter de trouver un remède contre la maladie découverte dans la ville de Wuhan, en Chine, au mois de décembre.
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Alors que l’Agence européenne du Médicament (EMA), a estimé jeudi que dans un scénario “optimiste”, un vaccin pourrait être disponible dans un an, les États-Unis ont accusé la Chine de chercher à espionner leurs chercheurs pour tenter de voler leurs travaux.
Le géant pharmaceutique français Sanofi a de son côté jeté un froid en annonçant qu’il distribuerait en priorité aux États-Unis un éventuel vaccin, car les autorités américaines ont investi financièrement pour soutenir ses recherches. Cette avance pourrait être de quelques jours ou quelques semaines, a déclaré son directeur général Paul Hudson.
“Inacceptable”
Une telle éventualité a été jugée jeudi “inacceptable” par la secrétaire d’État française à l’Économie, Agnès Pannier-Runacher
“Les Américains sont efficaces en cette période. Il faut que l’UE soit aussi efficace en nous aidant à mettre à disposition très vite ce vaccin”, lui a rétorqué le président de Sanofi France, Olivier Bogillot, s’abstenant de démentir M. Hudson.
Dans l’attente d’un traitement, les gouvernements sont contraints d’arbitrer entre les mesures visant à enrayer la propagation de la maladie et les décisions propres à relancer leurs économies et normaliser la vie des citoyens.
D’où des mesures de déconfinement qui continuent d’avancer pas à pas à travers le monde, avec parfois, ici où là, une pause ou un recul.
Jeudi, le gouvernement japonais a annoncé lever plus tôt que prévu l’état d’urgence dans la plupart des régions du pays face au net reflux du nombre de nouveaux cas de COVID-19.
“Nous avons la confirmation que le nombre de nouveaux cas est redescendu sous ses niveaux de la mi-mars, quand les infections avaient commencé à se propager”, a souligné le ministre de l’Économie Yasutoshi Nishimura.
Au total, le Japon a enregistré quelque 16 000 cas de COVID-19 sur son sol depuis le début de crise sanitaire, pour 687 décès.
En Europe, qui paie un lourd tribut à la maladie avec plus de 160 000 morts, la plupart des pays sont engagés sur la voie d’un déconfinement plus ou moins progressif.
La Commission européenne a souhaité mercredi une réouverture “concertée” et “non discriminatoire” des frontières intérieures de l’UE afin d’empêcher le naufrage du secteur du tourisme, qui y représente 10 % du PIB et 12 % des emplois.
Le championnat allemand de football reprendra samedi, et ses concurrents anglais, espagnol et italien s’apprêtent à l’imiter.
Le Royaume-Uni, deuxième pays au monde le plus endeuillé (plus de 33 000 morts), a légèrement levé la chape sur la seule Angleterre, où il est de nouveau possible d’aller travailler, bronzer ou jouer au golf.
Bien que la Russie soit devenue mardi, selon un comptage de l’AFP, le deuxième pays au monde le plus contaminé (plus de 242 000 cas), le président Vladimir Poutine, dont le porte-parole et le premier ministre ont été hospitalisés, a donné son feu vert à un début de déconfinement, en fonction de la situation épidémiologique de chaque région. La mortalité y reste basse comparée à d’autres pays, avec 2212 victimes officiellement recensées. Mais Moscou, principal foyer de l’épidémie, a prolongé son confinement jusqu’au 31 mai.
Aux États-Unis, pays le plus touché au monde un total de 84 000 morts, interdites depuis six semaines, les plages autour de Los Angeles, en Californie, ont rouvert, sans qu’il soit autorisé d’y poser sa serviette ou de faire un match de volley.
À l’inverse, la capitale Washington, où la pandémie tarde à reculer, a prolongé le confinement de sa population jusqu’au 8 juin.
Les autorités chiliennes ont pour leur part remis en vigueur cette mesure à Santiago, où les cas ont augmenté de 60 % en 24 heures.
“Dose de réalisme”
En Chine, la vaste agglomération de Jilin, dans la province éponyme frontalière de la Corée du Nord, a placé mercredi ses habitants en confinement partiel après de nouveaux cas de coronavirus faisant craindre une deuxième vague épidémique.
L’Afrique est jusqu’à présent relativement épargnée par la pandémie, qui y a officiellement fait moins de 2500 morts. Mais les indices indiquant que ce bilan est fortement sous-estimé se multiplient.
Ainsi, la hausse importante des décès pour la plupart inexpliqués dans le nord du Nigeria, pays le plus peuplé du continent, fait craindre une forte propagation du coronavirus dans cette région parmi les plus pauvres du monde.
Le pays est en outre fragilisé par sa forte dépendance à la production de pétrole, dont les prix ont chuté de manière vertigineuse depuis le début de la crise sanitaire mondiale. “Le Nigeria est en train de perdre des sommes colossales à l’heure actuelle, c’est un véritable désastre”, a déclaré à l’AFP le président de la Chambre africaine de l’Énergie, NJ Ayuk, basé à Johannesburg.
La récession menace de nombreux pays, tandis que le coronavirus a mis au chômage des dizaines de millions de personnes.
Mercredi, le patron de la Banque centrale américaine, Jerome Powell, a prévenu que les dommages de la pandémie sur la première économie mondiale pourraient être “durables” et qu’il faudrait peut-être de nouvelles aides, en plus des quelque 2900 milliards de dollars de soutien déjà débloqués.
Maderpost / Le Devoir / AFP