Catastrophe sanitaire aux dimensions planétaires, la pandémie de coronavirus a des répercussions économiques majeures et pourrait en 2020 plonger le monde dans une “catastrophe humanitaire”, a prévenu mardi l’ONU.
CORONAVIRUS – Avec, selon un décompte de l’AFP, plus de 2,5 millions de personnes malades (le nombre de contaminés doit être bien supérieur), la pandémie a déjà fait au moins 172 000 morts, plongé six humains sur dix dans les affres du confinement et provoqué des répercussions économiques potentiellement dévastatrices.
Le Programme alimentaire mondial de l’ONU (PAM) a prévenu mardi que la COVID-19 risquait de provoquer en 2020 un doublement du nombre de personnes au bord de la famine, induisant une « catastrophe humanitaire mondiale ».
“Le nombre de personnes souffrant sévèrement de la faim pourrait doubler en raison de la pandémie de COVID-19, atteignant alors plus de 250 millions d’ici la fin de 2020”, en raison de l’impact économique causé par la maladie, a averti cette agence de l’ONU.
Symbole des bouleversements économiques inédits provoqués par la pandémie, le prix du baril de pétrole américain est passé lundi en territoire négatif, atteignant moins 38 dollars.
Le cours de l’or noir s’est redressé mardi en Asie en repassant légèrement au-dessus de zéro. Le baril de Brent de la mer du Nord est tombé peu après sous les vingt dollars, son plus bas niveau depuis décembre 2001.
Le ralentissement général des économies mondiales dû à la pandémie, avec les voitures aux garages et bien des usines à l’arrêt, a provoqué une surabondance de pétrole qui a forcé les courtiers en or noir à payer pour se débarrasser de barils qu’ils s’étaient engagés à acheter.
Aux États-Unis, devenu premier producteur de pétrole, mais dont les coûts d’extraction sont élevés, cet effondrement historique menace l’ensemble du secteur, et a conduit le président Donald Trump à demander à son administration de mettre sur pied un plan de sauvegarde.
L’Organisation internationale du travail (OIT) a quant à elle prévenu mardi que “la crise de la COVID-19 a un effet dévastateur sur les travailleurs et les employeurs”, à travers “des pertes massives, sur la production et les emplois dans l’ensemble des secteurs”.
“Le monde du travail traverse la pire crise internationale depuis la Seconde Guerre mondiale”, a affirmé Alette van Leur, directrice des politiques sectorielles de l’OIT. ” L’impact économique de la pandémie sera probablement grave et durable”.
En Europe, le ralentissement économique provoqué par le virus pourrait à terme affecter les emplois de 60 millions de travailleurs, entre baisses de salaires et licenciements, a prévenu mardi le cabinet d’études McKinsey.
La pandémie pourrait “presque doubler le taux de chômage européen dans les prochains mois”, estime le cabinet de conseil américain, pour qui l’évolution de la situation sur le marché de l’emploi dépendra de “l’efficacité de la réponse de santé publique”.
Une agence de l’ONU basée au Chili a par ailleurs estimé mardi que l’Amérique latine allait connaître cette année la pire récession de son histoire, avec une chute attendue de 5,3 % du PIB à cause des conséquences de la pandémie sur les économies de la région.
Face à ce qu’il a appelé “l’ennemi invisible” du coronavirus, le président Donald Trump a annoncé son intention de “suspendre temporairement” l’immigration aux États-Unis pour ” protéger les emplois” des Américains.
Le président-milliardaire, candidat à sa réélection en novembre 2020 et dont la limitation de l’immigration est un des habituels chevaux de bataille, n’a donné aucun détail sur la manière dont il entendait appliquer cette mesure, et pour combien de temps.
Il avait dès janvier restreint les déplacements avec la Chine, avant d’interdire les voyages entre les États-Unis et la plupart des pays européens à la mi-mars.
Adieu bière et taureaux
Au moins 4,5 milliards de personnes dans 110 pays ou territoires vivent aujourd’hui confinées ou contraintes de limiter leur déplacement pour tenter d’endiguer la propagation du virus, soit environ 58 % de la population mondiale.
En Europe, plusieurs pays – Allemagne en tête, mais aussi Autriche, Norvège, Danemark – ont commencé à assouplir les mesures de confinement, tout en conservant des mesures de « distanciation sociale ».
Berlin et 10 des 16 états fédérés allemands ont décidé d’imposer le port du masque dans les transports publics. Bars, restaurants, lieux culturels, terrains de sports y demeurent fermés. Écoles et lycées rouvriront progressivement.
“Aller trop vite serait une erreur”, s’est alarmée la chancelière Angela Merkel.
En écho à ces inquiétudes, la célèbre Fête allemande de la bière de Munich, prévue cette année du 19 septembre au 4 octobre, a été annulée mardi par les autorités locales. “Les risques étaient tout simplement trop élevés” avec plus de 6 millions de visiteurs attendus, dont un tiers venant de l’étranger et d’Asie en particulier.
En Espagne, la ville de Pampelune a annoncé mardi qu’elle annulait ses célèbres fêtes de la San Fermin, dont les lâchers de taureaux attirent habituellement début juillet des centaines de milliers de touristes. “Il n’y a pas d’autre option possible pour des fêtes aussi massives et internationales”, a annoncé la mairie dans un communiqué.
Sur le continent européen, l’Italie a été le pays le plus affecté (24 648 décès), suivi de l’Espagne (21 282), la France (20 796) et le Royaume-Uni (17 337).
L’Italie comme la France se préparent à un lent déconfinement, avec force précautions, respectivement à compter des 3 et 11 mai. En Espagne, les enfants, jusqu’ici interdits de sortie, peuvent à partir de lundi accompagner un adulte pour faire des courses de première nécessité.
En revanche au Royaume-Uni, qui a enregistré mardi 828 décès supplémentaires et est toujours “en situation de danger”, le confinement instauré le 23 mars a été prolongé d’au moins trois semaines.
Maderpost / AFP