En raison de l’impact sur les ventes du coronavirus, le groupe allemand va clouer au sol 25 gros-porteurs et 125 avions court et moyen-courriers.
CORONAVIRUS – Les annonces récentes de Lufthansa d’immobiliser au sol 13 gros porteurs avec la possibilité de monter à 23 appareils impressionnent au plus haut niveau au sein d’Air France-KLM. Avec l’annonce de ce jour, nombreux sont ceux, au sein de toute la communauté du transport aérien, qui vont tomber de leur chaise.
Du jamais vu en Europe. Le groupe allemand, qui, outre Lufthansa, compte aussi Eurowings, Swiss et Austrian, va immobiliser 150 appareils en raison de la baisse de trafic aérien générée par l’épidémie de nouveau coronavirus : 25 long-courriers et 125 appareils court et moyen-courriers. Lufthansa passe donc à l’acte. La semaine dernière, la compagnie, avait indiqué qu’elle pourrait réduire près de 25 % de ses vols court et moyen-courriers. Exploitant au total 750 avions, le groupe réduit donc sa flotte de 20%.
Mesure coûteuse
Sauf si les avions sont amortis, clouer au sol les avions est une décision onéreuse. Les conséquences pour l’emploi est également important. Le groupe va donc également geler ses embauches et proposer des congés sans solde à ses employés. L’application d’autres mesures plus lourdes ne seraient pas surprenantes.
Les annonces du groupe allemand traduisent l’impact du Covid-19 sur le transport aérien.
Les annulations de vols pleuvent sur les pays touchés fortement par le coronavirus comme la Chine ou l’Italie, mais aussi vers d’autres parties du réseau. Au-delà de ces destinations, les entreprises ont suspendu ou ont freiné fortement les déplacements de leurs collaborateurs, tandis que sur le marché loisirs, les passagers qui n’avaient pas encore réservé leur voyage pour les vacances estivales attendent avant d’acheter de voir l’évolution de l’épidémie.
En Allemagne, le groupe de tourisme TUI est même obligé de proposer la possibilité d’annuler sans frais à 15 jours du départ.
Si en Asie, Cathay Pacific a cloué au sol 120 avions (la moitié de sa flotte), Lufthansa fait office d’exception en Europe. Air France-KLM a, pour l’heure, décidé de redéployer une très grande partie de son offre long-courrier prévue sur la Chine vers d’autres zones, comme l’Amérique du Nord, l’Afrique ou les Antilles, où la situation était qualifiée ce mardi de « stable » par son directeur général, Ben Smith.
Mais ce redéploiement n’est pas sans risque sur des marchés déjà peu dynamiques puisqu’il peut engendrer une surcapacité et une baisse des prix pour remplir les avions.
Pendant les trois années de crise en 2008, 2009 et 2010, Lufthansa avait été la seule à clouer au sol des avions, mais l’ampleur était sans commune mesure avec la décision prise aujourd’hui. C’était, il est vrai, plus facile pour le groupe allemand, dans la mesure où il détenait l’essentiel de sa flotte en propre et disposait de vieux avions déjà amortis. Cette particularité est toujours d’actualité aujourd’hui.
Quelle règle pour les créneaux horaires?
Lufthansa joue gros. Le groupe a décidé de sabrer dans son réseau sans attendre le feu vert de la Commission européenne sur la demande des compagnies aériennes d’assouplir les règles d’utilisation des créneaux horaires de décollages dans les aéroports congestionnés.
Or, sans révision de celui-ci, tous les créneaux utilisés à moins de 80% au cours d’une saison sera attribué à une autre compagnie la saison suivante. Or, ce point du règlement a été levé pour les vols vers la Chine pour la saison hiver, son extension reste toujours à l’étude.
Maderpost / Fabrice GLISZCZYNSKI